Tous en politique !

A l’approche des échéances électorales, il est surprenant de voir comment des ambitions politiques longtemps cachées éclosent enfin au grand jour. Le dépôt des candidatures à la députation nationale a démontré – ce n’est pas nouveau – la boulimie du pouvoir devenue un chancre endémique en RDC.
Tous en politique ! serait l’hymne à la mode. Des enseignants abandonnent la craie et s’alignent en rangs serrés derrière des leaders sortis du néant, quand ils ne s’autoproclament pas eux-mêmes des sauveurs du peuple. Ou plus précisément des soutiens indispensables à la réélection de Fathi.
Des chauffeurs de taxi jettent leurs clés et engagent le marathon qui les conduirait au Palais du Peuple. Des professeurs d’universités plient et rangent leur toge…
Des repris de justice à la repentance douteuse ne sont pas en reste. Mais il y a pire (ou mieux, c’est selon) : même des péripatéticiennes notoires rangent, le temps de la campagne, fond de teint outranciers, collants et décolletés vaporeux et s’achètent une conduite quitte à reprendre les pratiques du plus ancien métier du monde sur une nouvelle dimension une fois élues.
Aucune catégorie socioprofessionnelle n’échappe à l’érosion des compétences désormais canalisées vers un seul et unique objectif : faire de la politique. A défaut d’enter au gouvernement, ce club de copains et de coquins, la voie royale conduit au parlement. C’est là, dit-on, où coule le lait et le miel. C’est là également que l’ivresse du pouvoir vous chope par une sorte de «cycle court».
Ambition légitime ! s’exclameront certains esprits fanatiques. Certes. La constitution n’exclut aucun citoyen du champ politique. Certes, dira-t-on, des compétences particulières et encore moins une formation pointue ne sont pas requises pour postuler à la députation.
Mais alors, si la RD Congo se mue en une communauté exclusive de politiciens, il faudra un jour explorer des pistes nouvelles en vue de l’émergence d’une autre classe de fermiers, de mécaniciens, d’architectes, de médecins et de formateurs pour remplacer tous ceux passés en politique, le seul domaine source d’un enrichissement rapide que nul n’est tenu de justifier.
«Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi; mais demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays». La célèbre recommandation de John Fitzgerald Kennedy est battue en brèche par la classe politique congolaise qui l’a bonnement inversée.

Econews