Une chose et son contraire

En début de semaine, le Gouvernement a annoncé la mise aux enchères prochaine de 23 blocs pétroliers et gaziers répartis sur une partie des 26 provinces, provoquant la désapprobation des organisations de défense de l’environnement qui s’alarment du fait que certains blocs identifiés empiètent sur des aires naturelles protégées. L’on pourrait se féliciter de la prévoyance de l’Etat congolais dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, qui entraîne une redistribution des cartes dans la répartition mondiale du pétrole et du gaz,…
moteurs essentiels de la croissance des puissances occidentales.
Français, Italiens, Allemands ou Espagnols, voire les Américains cherchent ardemment à s’affranchir de leur dépendance aux hydrocarbures russes et à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Les pays producteurs d’Afrique sont sollicités avec empressement, au même titre que les pays du Golfe persique. Et la RDC, pour peu que ses dirigeants se montrent réalistes et pragmatiques est en mesure de tirer son épingle du jeu, et enfin susciter l’espoir du relèvement d’une économie plombée par une corruption endémique et une fiscalité hors normes. Mais c’est sans compter avec le type de dirigeant congolais passé maître dans l’art de manier l’art d’une chose et son contraire.
On en veut pour preuve les tergiversations de Kinshasa quand il s’agit de prendre des décisions déterminantes mettant en jeu des investissements étrangers de plusieurs milliards de dollars.
A titre d’exemple, les écueils dressés sur le parcours de l’Australien AVZ, acquéreur du riche gisement de lithium de Manono dans la province de Tanganyika. Pendant que le monde industriel est engagé dans la course à ce métal, dont le sous-sol congolais regorge et composant essentiel des batteries électriques, les investisseurs australiens butent sur des embûches politiques orchestrées depuis la capitale, pour des raisons faciles à deviner.
Mais il n’y a rien de nouveau dans le ciel congolais. L’on ne compte plus les projets mort-nés du fait de la gourmandise des décideurs friands de pas-de-porte et de bakchichs. Le résultat est une catastrophe : pendant que Kinshasa se complaît dans des discours lénifiants sur fond d’un culte de la personnalité exacerbé, les pays voisins exploitent déjà le pétrole du Graben Albertine ou encore, produisent une partie de leur électricité grâce au gaz du lac Kivu.

Econews