Vraie-fausse Résidence surveillée pour JM Kabund

Assigné à résidence sur veillée par la Cour de cassation le jeudi 11 août 2022 après trois jours de détention à la prison centrale de Makala, le député Jean-Marc Kabund languissait encore au pavillon 8 en fin de semaine. Des sources faisant savoir que l’administration pénitentiaire n’avait pas été notifiée par le parquet. Ou que l’on s’emploierait à sélectionner l’équipe de policiers chargée de le surveiller dans une résidence qui restait à identifier !
Les atermoiements de la justice à fixer une fois pour toutes le dossier de l’ancien président intérimaire du parti présidentiel accusé d’outrage au chef de l’Etat se justifieraient, selon des analystes, par le récent séjour à Kinshasa du Secrétaire d’Etat américain. Anthony Blinken qui aurait exprimé ses inquiétudes liées à la multiplication d’arrestations des opposants politiques. En feignant d’assigner l’opposant Kabund à résidence surveillée, le pouvoir chercherait à apaiser les chancelleries, alors que les griefs portés à son encontre n’ont rien perdu de leur virulence.
Quand ils sont inquiétés par les services de sécurité omniprésents, et pour peu qu’ils fassent l’objet d’une invitation à comparaître ou d’un mandat d’arrêt, les hommes politiques ou les mandataires publics indélicats font invariablement dire, par la voix de leurs conseils, qu’ils font confiance à la justice de leur pays. Exemple : de retour de Conakry à l’invitation de la Cour constitutionnelle, l’ancien premier ministre et sénateur Augustin Matata l’avait proclamé haut et fort.
Quelques mois plus tard, il est permis de douter que ce sentiment continue à habiter son intime conviction. Poursuivi dans l’affaire de la débâcle du projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente à le juger, renvoyant son dossier à la Cour de cassation. Contre toute attente, cette dernière vient de solliciter l’interprétation de la loi à la même Cour constitutionnelle dont les arrêts sont pourtant irrévocables ! Un jeu de ping-pong digne d’un film de série B.
Que la justice continue à se prendre les pieds dans son propre tapis n’est pas de nature à conforter la confiance du peuple qui, sans être dupe, évoque l’adage du bois vert et du bois sec. Si celui-là brûle, à plus forte raison le second. D’autant plus que la possibilité d’un règlement de comptes politiques est patente.

Econews