Yoweri Museveni, un allié encombrant pour Félix Tshisekedi

Félix Tshisekedi (à gauche) et Yoweri Museveni

Face au Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui fait face à une rébellion menée par les terroristes de M23, avec l’appui avéré du Rwanda, le président ougandais Yoweri Museveni ne joue pas franc-jeu. Alors que des troupes ougandaises participent, aux côtés des forces loyalistes congolaises, aux opérations conjointes de traque des rebelles ougandais de l’ADF, en Ituri et dans le grand nord de la province du Nord-Kivu, Kampala semble entretenir des liens étroits avec les terroristes de M23. Sinon, rien ne pourrait expliquer que le président Ougandais prenne leur défense, allant jusqu’à pousser Kinshasa à ouvrir des négociations directes avec ces terroristes.
A quel jeu joue finalement Yoweri Museveni ? Face à Kinshasa, qui se montre plutôt naïf, dans ses rapports avec Kampala, un récent rapport des Nations Unies a été plus explicite sur le soutien avéré de l’Ouganda au M23. On comprend donc aisément pourquoi le président Museveni se soucie autant de M23 ? La raison est bien simple : il en est l’un des parrains et ne voudrait voir leur entreprise de déstabilisation de l’Est de la RDC disparaitre aussitôt.
En tout cas, selon des propos du président Museveni, rapportés par The News Times, un journal local ougandais, le chef de l’Etat a dénigré Kinshasa, estimant que plus de 120 groupes armés opèrent dans l’Est de la RDC «à cause du vide du pouvoir là-bas ». A cet effet, il pense qu’au regard des pourparlers directs engagés à Nairobi dans le cadre de l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique australe), Kinshasa devait aussi intégrer le M23 dans ses discussions.
«Pour le M23, il fait partie des autres groupes congolais. Il y a M23, de nombreux groupes Maï-Maï, CODECO… Il faudrait négocier avec», soutient le président ougandais.
Et comme il n’en suffisait pas, le président ougandais note que Kinshasa devait approcher d’autres groupes étrangers présents sur le sol congolais, notamment les ADF d’Ouganda, les FDLR du Rwanda et RED-Tabara du Burundi. Yoweri Museveni enfonce le clou : «Nous encourageons le gouvernement congolais à négocier avec eux pour les ramener pacifiquement à une vie normale. Et s’ils refusent, nous utiliserons la force contre eux ».
A voir de plus près, Kigali et Kampala partagent presque le même agenda en RDC. Et que dire des troupes ougandaises qui s’apprêtent à rejoindre la force régionale de l’EAC qui vient d’établir une zone tampon – en tout c’est ce qui est le cas – dans la cité de Kibumba, après le retrait des terroristes de M23.
Présentes le plus officiellement du monde sur le sol congolais (en Ituri et dans le secteur de Beni – Butembo), depuis le lancement des opérations conjointes avec l’armée congolaise, les troupes ougandaises passent véritablement pour une écharde dans la peau de Félix Tshisekedi. C’est un fardeau dont il ne s’est pas se débarrasser, alors qu’un rapport des experts des Nations Unies accuse ouvertement l’Ou-ganda de collusion avec la rébellion du M23, lors de l’attaque de Bunagana, menée depuis le territoire ougandais.
Qu’adviendra-t-il lorsque Rwandais et Ougandais se retrouveront encore associés dans la force régionale de l’EAC ? C’est dire que Kinshasa n’est pas encore au bout de ses peines. Et Yoweri Museveni passe plus que jamais pour un allié encombrant à sincérité douteuse.

Hugo Tamusa