CENI : n’est pas expert qui veut

Il faut qu’on se le dise. Que l’on ne se voile plus la face. Finis les ronds de jambe et les courbettes bassement intéressées devant le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Présenté naguère comme l’Expert parmi ses pairs en matière électorale, Denis Kadima aurait bien du mal à justifier devant des âmes bien pesantes les dysfonctionnements constatés dans les bureaux d’enregistrement des électeurs, depuis le lancement de l’opération le samedi 24 décembre 2022.
Des bureaux restés fermés, ou ceux ayant ouvert avec des heures de retard, ou encore des kits d’enrôlement transportés à bord des taxis jaunes de petit format brinquebalants, en passant par des bureaux fantômes dans la province du Kongo Central, les choses ne pouvaient pas plus mal commencer. Mais il y a pire  sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les incroyables tâtonnements d’un personnel prétendument recruté sur concours.
Telle cette jeune femme que l’on voit batailler littéralement avec un ordinateur qui, de toute évidence, lui est étranger; ou cet électeur enrôlé pourtant le premier jour de l’opération, mais dont la carte d’électeur porte la date du 3 janvier 2023. Sur ce point, il n’y a rien de nouveau sous le soleil zaïro-congolais : comme souvent, les concours organisés avec force flonflons dans quasiment tous les secteurs ne sont que du trompe-l’œil destiné en réalité à placer des proches parents et des ami(e), au grand dam des lauréats à la compétence reconnue.
De deux choses l’une : ou le chef de la Centrale électorale ne sait plus où donner de la tête, dépassé par l’ampleur de la tâche, là où il se targuait hier encore d’offrir aux Congolais les meilleures élections de leur histoire, d’une transparence et d’une fiabilité que les cycles Malumalu, Mulunda et Nangaa réunis n’ont jamais atteint. A moins (sans verser dans la tentation des procès d’intention), que le désordre et l’anarchie soient sciemment planifiés et entretenus pour préparer ce que les oppositions africaines aux régimes totalitaires qualifient régulièrement de hold-up électoral au profit du pouvoir sortant.
Toute œuvre humaine étant perfectible, il n’est pas tard pour Denis Kadima de remettre les pieds sur terre et de changer de fusil d’épaule. On lui croit assez de pénétration pour réaliser que regagner la confiance des électeurs est une gageure que lui seul peut relever. Ce faisant, et dans un sursaut d’humilité, il pourrait épargner au vénérable abbé Malumalu le pénible exercice de se retourner dans sa tombe.

Econews