«Zéro mort, zéro blessé»

La sortie officielle de l’Union sacrée de la Nation au stade des Martyrs le 29 avril a vécu. Le propos, ici, n’est pas de verser dans une polémique stérile autour du «plein» réalisé par les 400 partis politiques rangés comme un seul homme derrière le Chef de l’Etat, et qui ne jurent que par sa réélection en décembre prochain. Il ne s’agit pas non plus d’épiloguer sur les milliers de casquettes et de t-shirts distribués, ni sur les promesses pécuniaires faites aux militants d’un jour, et malheureusement non tenues, dans la plupart des cas.
Enfin, il n’est pas dans nos intentions de juger des raisons qui ont conduit les assistants… à quitter le lieu de la manifestation avant l’arrivée de la cohorte de leaders qui se sont adressés, à leur corps défendant, à un public clairsemé dans une enceinte aux trois quarts vide.
Un point positif tout de même – il n’en manque pas en pareil cas : malgré la forte affluence constatée dès les petites heures du matin, et jusqu’au mouvement des départs en milieu d’après-midi, aucun incident majeur n’a été déploré. Ce qui fait dire au commandant de la police de la ville de Kinshasa, se réjouissant du professionnalisme atteint par ce corps dans la gestion des foules, que la journée avait enregistré «zéro mort, zéro blessé ». Une expression malencontreuse qui tend à prendre racine dans les rapports de la police comme si «10 morts, 60 blessés» était la règle, et « zéro mort, zéro blessé», l’exception.
D’autre part, le commissaire supérieur (général) Sylvano Kasongo Kitenge mérite un brin d’indulgence, tant au cours des trois années depuis que court son mandat à la tête des forces policières de Kinshasa, des occasions ne lui ont pas manqué de démentir constamment le nombre de victimes tuées par balles, des meurtres ou bavures invariablement imputées à certaines unités de jeunes policiers à la gâchette trop facile.
Il est à souhaiter que le même optimisme affiché par le chef de la police kinoise reste de mise le 19 mai prochain, lors de la manifestation projetée par les ténors des oppositions politiques. Il aura l’occasion de démontrer définitivement que zéro mort, zéro blessé n’est pas le privilège des démonstrations de la seule majorité au pouvoir. Que même des opposants ont également le droit de conclure leurs marches sans qu’il y ait du sang versé ou des blessés.
Si bien évidemment l’autorisation de manifester leur en est accordée par un maire de la ville sourcilleux devant tout ce qui touche à l’opposition. Mais ceci est une autre histoire.

Econews