A l’instar du Mali, Kinshasa durcit le ton et déclare « indésirable » le porte-parole de la Monusco

A l’instar du Mali qui s’active pour reconquérir son indépendance, la République Démocratique du Congo est en train de prendre le même virage.

Entre Kinshasa et la MONUSCO, c’est déjà une guerre froide qui ne dit pas son nom. Et la dernière tragédie de Kasindi où les troupes de la MONUSCO ont forcé la barrière frontalière jusqu’à tirer à bout portant sur des Congolais, faisant trois morts et plusieurs blessés, a jeté le froid sur des rapports plus que tendus entre les deux partenaires.

Comme s’il n’en suffisait pas, le porte-parole de la MONUSCO, Monsieur Mathias Gillmann, a fait récemment des déclarations qui ont davantage énervé Kinshasa, le poussant à franchir le Rubicon pour demander son expulsion du territoire congolais.

C’est ce qu’a fait savoir, dans une lettre datée du 28 juillet 2022, le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula, au représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Mme Bintou Keita.

Kinshasa ne porte plus les gants. C’est le moins que l’on puisse dire. Aussi, demande-t-il à Monsieur Mathias Gillmann de « quitter le territoire congolais dans le plus bref délai ».

Décidément, Kinshasa n’est plus loin du schéma malien. En optant pour la ligne dure, la RDC n’attend pas se faire manipuler par une communauté internationale, curieusement passive et indifférente face à tous les supplices imposés à la population congolaise de la partie Est.

Face aux rapports ternes entre Kinshasa et la MONUSCO, un analyste se montre plutôt sceptique. Il note qu’« expulser le porte-parole de la MONUSCO n’apportera pas nécessairement la situation. Le problème réside ailleurs… ».« Il s’agit bel et bien, pense-t-il, de l’inertie de la mission onusienne, de l’indifférence mieux la complicité de la communauté internationale face aux tueries, par des groupes rebelles, dans l’Est du pays. Rappelez-vous du silence de l’occident notamment sur le rapport Mapping. Comment expliquer que depuis les manifestations anti-Monusco, on n’entend plus parler des exactions ? Voilà des questions qui doivent tarauder nos esprits ! »

Depuis le 25 juillet 2022, des manifestants en colère ont saccagé et pillé des installations de la mission de l’ONU présente en RDC depuis 1999. Quatre Casques bleus ont été tués à Butembo et au moins 28 manifestants ont trouvé la mort à Goma, Butembo et Kanyabaonga (Nord-Kivu). Quatre autres ont été électrocutés à Uvira (Sud-Kivu) lors de la dispersion de leur marche, selon un bilan officiel.

La lettre de Lutundula à Mme Bintou Keita

« Le ministère des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo présente ses compliments à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en république Démocratique du Congo (MONUSCO) et a l’honneur de porter à sa connaissance ce qui suit :

Au regard de l’exacerbation regrettable actuelle des tensions entre la population civile et la MONUSCO, particulièrement au Nord-Kivu, tensions dues notamment aux déclarations indélicates et inopportunes du porte-parole de la MONUSCO, Monsieur Mathias Gillmann, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo considère que la présence de ce fonctionnaire sur le territoire national n’est pas de nature à favoriser un climat de confiance mutuelle et de sérenité si indispensable entre les institutions congolaises et la MONUSCO en vue, non seulement du meilleur accompagnement du mandat confié à cette dernière par le Conseil de sécurité des Nations Unies, mais aussi de faire aboutir le plan de transition aux fins de son retrait définitif de la République Démocratique du Congo, d’ici à l’horizon 2024 comme convenu.

Aussi, le Gouvernement appréciera-t-il beaucoup que des dispositions soient prises pour que Monsieur Mathias Gillmann quitte le territoire congolais dans le plus bref délai. Il saura gré à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) de bien vouloir accorder à la présente toute l’attention qu’elle requiert ainsi que le bénéfice de l’urgence.

Le ministre des Affaires Etrangères de la République Démocratique du Congo saisit cette occasion pour renouveler à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo, les assurances de sa considération très distinguée ».

Econews