Climat tendu entre Kinshasa et l’ONU : pas de déclaration après le tête-à-tête Tshisekedi-Guterres

Visiblement, les dernières déclarations du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, par lesquelles il vantait le groupe terroriste de M23 comme «une armée moderne» qui dispose des armes sophistiquées, n’ont pas été bien digérées à Kinshasa. Mardi à New York, peu avant son intervention à la tribune des Nations Unies, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a eu un entretien avec Antonio Guterres. Pas un mot à la presse, au terme de leur échange. C’est la preuve qu’entre les deux parties, il y a bien des divergences à aplanir. Et dans son discours à la tribune de l’ONU, Félix Tshisekedi a, une fois de plus, interpellé la communauté internationale, visiblement indifférente au drame qui ronge la partie Est de la RDC.
Aussitôt après la cérémonie d’ouverture de la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président de la République, Félix-Antoine Tshi-sekedi Tshilombo, a été reçu en tête-à-tête, le mardi 20 septembre 2022, par le secrétaire général Antonio Gutteres.
Aucune déclaration n’a été faite à la presse à l’issue de cette entrevue de près d’une heure. La rencontre est intervenue au lendemain d’une déclaration de M. Gutteres sur la faiblesse de l’action militaire des casques bleus de la Monusco diversement commentée au sein de l’opinion congolaise et internationale.
L’on croit savoir que les deux personnalités ont abordé cette question d’autant plus que dans son allocution d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU a indiqué que la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo fait partie des principaux défis de paix à travers le monde.
Les risques pour la paix et la sécurité mondiales sont immenses, a-t-il dit, avant d’évoquer que «en République Démocratique du Congo, les groupes armés de l’Est terrorisent les civils et activent les tensions régionales.
Le départ définitif des casques bleus de la Monusco a certainement été abordé au cours de cette rencontre. Tous ces sujets ont figuré en bonne place dans le discours que le Chef de l’Etat a prononcé, mardi soir, à New York.

Une coalition mondiale pour surmonter les divisions
A l’ouverture du débat général de cette 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Antonio Guterres a plaidé en faveur d’une coalition mondiale pour surmonter les divisions d’un monde «en péril et paralysé».
«Notre monde est au plus mal. Les clivages s’accentuent. Les inégalités se creusent. Les difficultés s’étendent», a déclaré le chef de l’ONU, António Guterres, dans un discours devant les Etats membres réunis pour ce grand rendez-vous annuel au siège des Nations Unies. «Nous naviguons sur une mer agitée. Un hiver de mécontentement mondial se profile à l’horizon. Une crise du coût de la vie fait rage. La confiance s’effrite. Les inégalités explosent. La planète est en feu. Les gens souffrent – et les plus vulnérables sont les plus touchés. La Charte des Nations Unies et les idéaux qu’elle porte sont en péril», a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, la communauté internationale a «le devoir d’agir», a déclaré le secrétaire général à l’adresse des dirigeants du monde. «Et pourtant, nous sommes bloqués par un énorme dysfonctionnement mondial. La communauté internationale n’est pas prête ni disposée à s’attaquer aux grands drames de notre époque », a-t-il dénoncé, citant la guerre en Ukraine et la multiplication des conflits dans le monde, la crise climatique et la perte de biodiversité, la situation financière catastrophique des pays en développement, ou encore le manque de garde-fous autour des nouvelles technologies. Et d’ajouter : «Notre monde est en péril – et paralysé. Les clivages géopolitiques sapent le travail du Conseil de sécurité, sapent le droit international, sapent la confiance et l’espoir que placent les gens dans les institutions démocratiques, sapent les possibilités de coopération internationale».
«Nous ne pouvons pas continuer ainsi », a prévenu le secrétaire général. Il a rappelé que « la logique de coopération et de dialogue est la seule voie possible» : «Aucune puissance ou groupe ne peut mener la barque tout seul. Aucun grand problème mondial ne peut être résolu par une coalition de volontaires. Il nous faut une coalition mondiale ».
Selon le Secrétaire général, cette coalition mondiale doit de toute urgence surmonter ses divisions et agir de concert dans trois domaines. Il s’agit, en premier lieu d’instaurer et maintenir la paix. Une grande partie de la planète continue d’avoir les yeux rivés sur l’invasion russe en Ukraine, mais il y a d’autres crises ailleurs, a-t-il dit, citant notamment l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Corne de l’Afrique, l’Éthiopie, Haïti, la Libye, l’Iraq, Israël et la Palestine, le Myanmar, le Sahel, et la Syrie.
«Dans un monde qui se déchire, nous devons créer des mécanismes de dialogue pour apaiser les divisions. C’est pourquoi j’ai esquissé les éléments d’un Nouvel Agenda pour la paix dans mon rapport sur ‘Notre Programme commun’», a souligné le Secrétaire général. «Nous sommes résolus à tirer le meilleur de tous les outils diplomatiques de règlement pacifique des différends qui s’offrent à nous, comme le prévoit la Charte des Nations Unies : négociations, enquêtes, médiation, conciliation, arbitrage et règlement judiciaire ».

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