Elections 2023 : tous ont peur

A quelques mois des élections générales de 2023, la confusion s’est réinstallée à l’Assemblée nationale où le FCC (Front commun pour la Congo) de Joseph Kabila réclame qu’on fasse table rase de toute l’architecture électorale, depuis la mise en place du nouveau bureau de la Céni (Commission électorale nationale indépendante) que dirige Denis Kadima Kazadi. Par devoir d’inclusivité, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale, s’est donné jusqu’au mercredi 20 avril pour convaincre les indécis du FCC. Un pari à haut risque. Tout compte fait, l’ombre d’un dialogue plane sur le processus électoral. Pour le moment, personne – au pouvoir ou en opposition – ne veut se lancer en premier sur cette piste. Le plus évident est que tous ont peur des élections, craignant une déroute en 2023.

Les acteurs politiques ont tous peur. Personne ne veut des élections en 2023 parce que tout indique que ça sera une vraie catastrophe. Que ce soit le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, les camps Katumbi, Kabila, Fayulu-Muzito, etc. Personne ne souhaite la tenue des scrutins dans les conditions actuelles.Un forcing aura pour conséquence de justifier l’injustifiable notamment, la victoire par la tricherie opérée par un camp. Ce qui serait le déclencheur d’une grave crise aux allures déstabilisatrices évidentes pour la République Démocratique du Congo. Chacun des protagonistes a sa raison de ne pas vouloir aller directement aux élections par ce temps d’incertitude.
Pour le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’heure du bilan est arrivée. Est-ce que le régime a pu tenir des promesses faites pendant la campagne électorale de 2018 ? La gratuité a-t-elle produit des résultats attendus ? La lutte contre la corruption a-t-elle permis de valoriser la gouve-rnance du pays ? L’augmentation du budget à 10 milliards de dollars américains est-elle suffisante pour l’avancer comme argument de campagne électorale ? La situation d’insécurité dans l’Est joue-t-elle en faveur du régime qui vient de voir le M23 défait reprendre du poil de la bête ?

Equation à multiples inconnues
Toutes ces questions constituent des incertitudes pour le camp Tshisekedi. Le régime veut avoir un discours qui doit se construire par les réalisations du gouvernement. Il n’y en a pas assez à ce stade. D’où la victoire certaine qui pouvait permettre une victoire certaine aux urnes ne s’est pas suffisamment construite.
Le contrôle supposé de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ou encore de la Cour constitutionnelle ne constitue pas une raison valable de manquer de bilan. La population, la communauté internationale n’accepteront jamais des dirigeants qui n’ont pas résolu les problèmes de gouve-rnance du pays.
Du côté de l’opposition, les choses ne sont pas reluisantes. Sans une préparation sérieuse, faute de moyens financiers pour battre campagne, les opposants ne sont pas pressés d’aller aux élections. D’où le besoin de passer par la case « dialogue ». Ce qui permettrait de participer au pouvoir avec les avantages que cela procure.
Joseph Kabila, qui ne croit pas à ceux qui constituent sa cours, joue des pieds et des mains pour être candidat à la future présidentielle. Sa situation légale reste compliquée parce qu’ayant épuisé ses deux mandats de dix ans à la tête du pays comme Président de la République.
Connaissant ses lieutenants, il ne les voit pas diriger le pays comme il se doit. Pour lui, il faut créer des conditions constitutionnelles ou consensuelles qui lui permettraient de briguer un nouveau mandat. Ce n’est pas par hasard que les enfants dociles de Kingakati ne jurent que sur la tenue du dialogue aux contours flous et inavouables publiquement.
Du côté de Lamuka du duo Fayulu-Muzito, à quoi servirait-il d’aller légitimer la tricherie tant qu’il est encore temps de s’organiser et d’obtenir plus en termes de transparence et de crédibilité. Son coordonnateur Adolphe Muzito ne fait pas de mystère à ne pas laisser la voie libre au camp Tshisekedi.
Tous ont donc peur. Chacun a sa raison et chacun se bat pour que sa cause soit comprise. Entre-temps, l’aiguille de l’horloge tourne. Et le sprint électoral de 2023 avance à grand pas.

Econews