Face aux alliances de 2023, Tshisekedi doit se ressaisir

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, ne fait pas un mystère sur son ardent désir de rempiler en 2023. Si l’ambition est bien légitime, le Chef de l’État doit choisir la bonne partition, en s’entourant éventuellement des gens qui l’aideront à conserver le graal suprême qu’il détient depuis la présidentielle de décembre 2018. Comment y arriver lorsque depuis Genval, en Suisse, il a déçu tous ceux qui lui ont fait confiance. Il y a risque qu’il se retrouve seul, alors que tous cherchent à le quadriller pour lui bloquer la voie à un second mandat. Au sein de l’Union sacrée de la nation, la gestion des ambitions fragilise une coalition qui peine à prendre réellement forme. Bref, Tshisekedi a son destin entre ses mains. A moins de deux ans des élections de 2023, il doit se ressaisir et trouver le bon équilibre possible, avant le sprint électoral de décembre 2023. Si non, c’est sa propre tombe qu’il va creuser – politiquement bien sûr.
Le Président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est créé beaucoup d’ennemis politiques. Il en est conscient. Aujourd’hui, à quelques mois de la présidentielle de 2023, il doit marquer un temps d’arrêt et surtout se donner les moyens de rempiler. Le fils d’Étienne Tshisekedi a suscité énormément d’espoir. Il lui est loisible de choisir de nouvelles alliances afin de gagner ou de se mettre à dos tout le monde et compromettre une victoire qui pouvait être facile.
Déçus, frustrés, des alliés d’hier du chef de l’Etat sont en train de coaliser pour lui barrer la route. A Kinshasa, Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre, est allé solliciter Martin Fayulu afin de se mettre éventuellement ensemble. Pourquoi faire ? Pour barrer la route à un troisième mandat du chef de l’État. Ce n’est pas un mystère !
En s’envolant pour New-York aux Etats-Unis, Matata est en campagne contre le président Tshisekedi. En même temps, il sensibilise les puissances planétaires aux excès de Félix-Antoine Tshisekedi. A Lubumbashi, une messe a scellé la réconciliation entre Joseph Kabila et Moise Katumbi. Ces frères ennemis complotent contre Félix-Antoine Tshisekedi. Ils ne sont pas en train de lui préparer un boulevard. Bien au contraire !
Le député Ensemble de Katumbi, Mike Mukebayi, est clair : il y a un attelage à quatre qui se met en place contre Tshisekedi. Il s’agit du bloc Kabila, Katumbi, Fayulu et Matata.

Tout dépend de Tshisekedi
Cette situation pouvait être évitée. Le président de la République a créé lui-même des conditions pour se faire des ennemis au sein de la classe politique. Sans doute que pour lui, il est hors de question de faire preuve de trop de largesses. Les partenaires doivent s’aligner ou s’effacer. Tout dépend donc de l’attitude de Félix-Antoine Tshisekedi. Il peut de nouveau fédérer ou encore éloigner davantage ceux qui sont avec lui au sein de Union sacrée de la nation. De son comportement dépendra l’attitude de ceux qui pourront l’accompagner à la victoire ou à la défaite.
Ce n’est pas exclu. Il va de soi aussi que ses partenaires d’aujourd’hui restent avec lui dans la mesure où il va se montrer capable de donner des garanties. La meilleure manière est de donner des signaux d’un jeu démocratique et inclusif. A ce stade, tout est discutable. Le chef de l’Etat est celui qui ne fait pas assez pour retenir ses partenaires qui l’accusent de suffisance.

Se ressaisir
Pour y arriver, il doit rapidement se ressaisir. Le pouvoir rend fou au point qu’on a l’impression de tout avoir et de tout régenter. On se considère comme invincible, inatteignable. Difficile de sortir d’une telle zone de confort. Mais aujourd’hui Tshisekedi doit oublier sa toute puissance en se remettant en cause. Il y a des partenaires politiques qui s’offrent pratiquement à lui. Les écoute-t-il?
Les réformes, notamment sur la transparence des élections à venir, sont-elles menées au point de réunir tout le monde ? Encore une fois, Tshisekedi détient toutes les cartes entre ses mains. Mais, pour combien de temps ? Il est possible pour lui d’opérer un revirement en reprenant la main sur l’agenda politique dans son ensemble. Il a démontré qu’il sait manœuvrer. Qu’il sait encaisser des coups et répartir de la plus belle manière. La stratégie actuelle est celle de vouloir rempiler. Dans un pays constitué d’une mosaïque de tribus et de communautés, il est totalement hasardeux de procéder par des approximations.
Dix-huit mois, ça passe vite ! Il ne faut pas surprendre les Congolais d’une manière ou d’une autre. Il faut une lisibilité de l’action du chef de l’Etat afin de lui permettre de rempiler ou de faciliter une nouvelle alternance en se mettant résolument dans une dynamique de transparence et de prévisibilité de la politique de la nation.
Jusqu’à ce jour, il est difficile de dire que tout serait parfait ni tout se passerait comme il se doit.

Econews