Gestion durable des forêts : la RDC, le Brésil et l’Indonésie formalisent le plan d’opérationnalisation de leur accord stratégique

Après l’accord sur la préservation des forêts, conclu en novembre 2022, les ministres en charge de l’Environnement de la République Démocratique du Congo, du Brésil et de l’Indonésie se sont retrouvés, du 2 au 7 mai 2023 au Brésil, sous l’accompagnement de la Banque mondiale pour formaliser le plan d’opérationnalisation de leur accord stratégique de 2022. Représentant la RDC, Mme Eve Bazaïba, ministre d’Etat en charge de l’Environnement et Développement durable, a courageusement défendu la position de la RDC, en compagnie des experts du ministère de l’Environnement, dont Bavon N’sa Mputu Elima, coordonnateur du FONAREDD (Fonds nationale REDD+).
Après la signature en novembre 2022 à Bali (Indonésie) de leur accord stratégique sur la préservation des forêts tropicales, la RDC, le Brésil et l’Indonésie se sont données rendez-vous, du 2 au 7 mai 2023 au Brésil, avec l’accompagnement de la Banque mondiale et «The Indo-nesia Sustainable Landscapes Management Program (SLMP) », pour formaliser le plan d’opéra-tionnalisation de leur accord «stratégique et historique» sur la protection de leurs ressources forestières.
En effet, ce partenariat, obtenu grâce à la détermination de la diplomatie environnementale, relancée en 2021, en marge de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Glasgow (COP26), ouvre d’énormes opportunités et des perspectives prometteuses pour l’avenir des forêts congolaises et des Bassins tropicaux.
Ainsi, la Banque mondiale s’est finalement jointe à la dynamique de ce trio de massif forestier à travers l’organisation d’une mission d’échange des connaissances sur les thématiques forêts et changements climatiques, nommée «Mission d’échange des connaissances Sud-Sud». Cette mission, qui s’inscrit dans le projet initié par le gouvernement congolais, va dans le sens de réfléchir sur les modalités de rapprochement entre ces trois pays en mobilisant des moyens à mettre en œuvre pour formaliser le marché mondial de carbone.
Entourée de tous les experts du ministère de l’Environnement, dont Bavon N’sa Mputu Elima, secrétaire exécutif du FONAREDD, la ministre d’Etat Eve Bazaïba Masudi a courageusement porté haut la voix de la RDC.
Selon la Banque mondiale, marraine de cette rencontre, l’objectif de cette première mission était de faciliter les échanges de connaissances et le partage des riches expériences brésiliennes en matière de la protection et de la préservation des ressources forestières et aussi de la réflexion sur les mécanismes de la mise en place des alternatives au développement pour les populations vivant dans ces forêts.
En clair, ces pays, représentatifs des Bassins forestiers tropicaux au monde, réfléchissent sur des agendas prioritaires au travers des activités couvrant divers sujets d’intérêts communs comme les opportunités et défis pour accéder au financement climatique, la promotion de la bioéconomie et les chaînes de valeur durable, les mesures incitatives pour promouvoir la conservation et la restauration des forêts.
Au cours de ce voyage brésilien, les délégations de ces pays ont été à Brasilia, capitale politique du Brésil où ont été organisés deux panels de haut niveau et une session interactive des modèles respectifs de chaque pays portant sur la finance climatique et les programmes de lutte contre la déforestation. À Cuiaba, capitale de l’Etat de Mato Grosso, situé au Centre du Brésil, autant qu’à Alta Floresta, les délégations ont été édifiées sur le plan de la «Stratégie climat » de cet Etat brésilien et les modèles économiques développés.

Grand apport du FONAREDD
La rencontre du Brésil était l’occasion pour Bavon N’sa Mputu Elima, coordonnateur du FONAREDD, de vanter les mérites de cette structure avant-gardiste dans la mise en œuvre de la stratégie congolaise de préservation des forêts.
A cet effet, le secrétaire exécutif du FONAREDD a expliqué aux partenaires brésiliens et indonésiens, les mécanismes de financement du Plan d’investissements REDD+, à travers les partenariats (1&2) entre le Gouvernement et CAFI (Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale).
Il a fait valoir que la capitalisation du FONAREDD via CAFI, agit sur les moteurs de la déforestation par le financement des programmes habilitants visant à améliorer le cadre légal et réglementaire par l’organisation de l’aménagement du territoire, le foncier, la planification familiale, l’efficacité énergétique, l’agriculture durable et l’exploitation durable des forêts. Cette capitalisation passe aussi par le financement des programmes directs sur le terrain, dénommés PIREDD, pour implémenter au niveau des secteurs de principales provinces forestières… les programmes habilitants ci-dessus.
Le secrétaire exécutif du FONAREDD est également revenu sur les perspectives de mobilisation des ressources intérieures publiques et du secteur privé national
Pour rappel, le 14 novembre 2022, en marge du sommet du G20 à Bali (Indonésie), la RDC, le Brésil et l’Indonésie avaient signé un accord pour la valorisation de leurs ressources forestières. Représentant à eux seuls 52% de la forêt tropicale humide mondiale, les trois pays ont appelé les pays développés à financer la conservation de ces forêts, essentielles pour la lutte contre le réchauffement climatique. Les trois pays partenaires abritent les forêts d’Amazonie, du bassin du Congo, de Bornéo et de Sumatra.
Cet accord historique vise à travailler de manière conjointe sur la préservation de leurs forêts tropicales, menacées par l’action anthropique, dans le cadre de la recherche de solutions climatiques. Il appelle notamment à l’indemnisation de ces trois pays par la communauté internationale pour la réduction de la déforestation, en se concentrant sur des sujets communs tels que le financement climat et le prix de la tonne de carbone sur le marché des crédits carbone.
«Les trois plus importants bassins forestiers tropicaux au monde devront désormais bénéficier des compensations proportionnelles aux services écosystémiques rendus à l’humanité : solidarité-Unité d’actions, notre devise», avait Mme Eve Bazaiba.
Selon des informations de Reuters publiées en août 2022, Luiz Inacio Lula da Silva, élu président du Brésil fin octobre, cherchait à établir un partenariat avec l’Afrique du Sud et la RDC pour faire pression sur les pays développés afin de financer la conservation de ces forêts, essentielles pour la lutte contre le réchauffement climatique.
Izabella Teixeira, conseillère environnementale du président-élu brésilien, avait déclaré à la COP27, en Egypte, que le Brésil comptait enrôler d’autres Etats du bassin amazonien, qui s’étend sur neuf pays.
«Les forêts sont importantes, la nature est importante. Et je suis convaincue que sans la protection de l’Amazonie, nous ne pouvons pas avoir de sécurité climatique», a déclaré la conseillère, qui était ministre de l’Environnement sous Luiz Inacio Lula da Silva lors de son précédent mandat présidentiel. «Je pense que le Brésil doit promouvoir le rassemblement des autres pays», avait-elle ajouté.
Il faut noter que ce partenariat entre ces trois pays représentant les importants bassins forestiers tropicaux au monde, prévoyait que ces pays devraient être payés pour réduire la déforestation et maintenir les forêts en tant que puits carbone. Les pays devraient également s’atteler à négocier un nouveau mécanisme de financement durable pour aider les pays en développement à préserver leur biodiversité et aussi augmenter les financements via le programme REDD+.

Tighana M.