Guerre en Ukraine : la Russie agite le spectre d’une 3ème guerre mondiale, l’ONU tempère

Malgré les négociations, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde lundi contre le danger «réel» d’une troisième guerre mondiale. En mission de paix dans a région de crise, le secrétaire général des Nations Unis, Antonio Guterres, s’est entretenu mardi avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avant de prendre la direction de Kiev, en Ukraine.
La Russie va poursuivre les négociations de paix avec l’Ukraine, a assuré lundi 24 avril 2022 le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Mais dans ce contexte de tensions sans précédent entre Moscou et les Occidentaux, il a mis en garde contre le danger «réel» d’une troisième guerre mondiale. «Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer», a déclaré Sergueï Lavrov, cité par l’agence Interfax.
Le ministre russe des Affaires étrangères s’est tout de même dit confiant sur le fait que « tout va bien sûr finir par la signature d’un accord». «Mais les modalités de cet accord dépendront de la situation des combats sur le terrain, au moment où cet accord deviendra une réalité», a ajouté Sergueï Lavrov.
«La bonne volonté a ses limites. Et si elle n’est pas réciproque, cela ne contribue pas au processus de négociation », a déclaré Sergueï Lavrov, cité par les agences de presse russes. «Mais nous continuons de mener des négociations avec l’équipe déléguée par (le président ukrainien Volodymyr Zelensky), et ces contacts vont se poursuivre », a-t-il assuré.
Sergueï Lavrov a accusé Volodymyr Zelensky – un ancien comédien élu à la présidence en 2019 – de «faire semblant» de négocier. «C’est un bon acteur […], si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu’il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions», a également affirmé le chef de la diplomatie russe.

Antonio Guterres en mission de paix
Sergueï Lavrov a rencontré mardi à Moscou le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres à Moscou. L’intervention en Ukraine, débutée il y a un peu plus de deux mois et qui a donné lieu à une confrontation entre Moscou et l’Occident, a été au centre de cette rencontre.
Sergueï Lavrov a estimé que le dialogue avec l’ONU était important, traduisant selon lui une «volonté de revenir aux sources de la fondation des Nations Unies», en vue d’établir, sur la base de la Charte, «un schéma de développement de discussions multilatérales». «Ce sont des termes important», a-t-il souligné.
Le ministre russe des Affaires étrangères a remercié, en préambule de la conférence de presse qu’ils ont co-animée juste après leurs échanges, la présence d’Antonio Guterres et sa «volonté d’examiner l’ensemble de cette situation [en Ukraine], pas de façon isolée mais comme une accumulation des faits». Il a également rappelé le processus de la Charte des Nations Unies que la Russie dit avoir respecté en faisant appel à Antonio Guterres.
En amont de sa rencontre avec Sergueï Lavrov à Moscou, le secrétaire général de l’ONU a plaidé pour un cessez-le-feu en Ukraine «dans les plus brefs délais». «Ce qui nous intéresse beaucoup, c’est de trouver les moyens de créer les conditions pour un dialogue efficace, créer les conditions pour un cessez-le-feu dans les plus brefs délais», a ainsi déclaré Antonio Guterres.
Le 24 février, la Russie avait lancé une offensive visant, selon elle, à «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine ainsi qu’à assurer la protection des Républiques du Donbass, qui ont fait sécession en 2014 à l’issue d’un coup d’Etat, et que Moscou a reconnues. Cette intervention est dénoncée comme une guerre d’invasion par Kiev et ses alliés et a donné lieu à de nombreuses sanctions contre Moscou. Toutefois, de nombreux Etats membres de l’ONU ont refusé de voter ces mesures punitives.
Interrogé sur l’éventualité que l’ONU crée une commission d’enquête au sujet d’éventuels crimes de guerre, l’usage d’armes chimiques ou encore les allégations de génocides, Antonio Guterres a répondu que cela n’était pas de la compétence des Nations Unies.
«Personnellement, je ne vais promouvoir ce genre d’enquête car je n’ai pas le pouvoir de le faire (…) Il y a la Cour Pénal Internationale, il y a divers mécanismes existants dans le cadre du système des droits de l’homme, notamment diverses commissions», a-t-il déclaré.
Antonio Guterres a insisté dans son propos que la Russie avait violé la Chartes des Nations Unies en lançant son offensive en Ukraine. Il a toutefois souligné la volonté de l’ONU d’appeler à cesser le feu et d’ouvrir un dialogue, regrettant «que cela n’a pas toujours été possible».

Econews avec AFP