Investir dans l’humain et dans l’éducation : priorités de la Banque mondiale pour la période 2022-2024

M. Albert Zeufack, le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC

Une année après son adoption par le Conseil d’administration de la Banque mondiale (BM), le directeur des opérations de la BM en RDC, M. Albert Zeufack, a dévoilé, mardi à Kinshasa, lors d’une matinée d’échange avec la presse, le nouveau « Cadre de partenariat pays 2022-2024 (CPF) » pour la RDC. Dans ce CPF, la BM promet de centrer son action sur deux priorités : investir dans l’humain et l’éducation.

La RDC, faisant face à une situation marquée par des conflits et violences, un taux de pauvreté, une croissance économique fragile et volatile, une forte croissance démographique et d’importants défis de gouvernance qui empêchent le pays de tirer pleinement profit de ses vastes potentialités, finance plusieurs projets avec l’appui de ses partenaires, notamment la Banque mondiale.

C’est dans ce cadre que le Conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale a mis en place le nouveau « Cadre de Partenariat Pays 2022-2024 (CDF)» pour soutenir les priorités stratégiques du gouvernement de la RDC et les réformes importantes en matière de gouvernance. Dans ce cadre, de nombreuses interventions appuyées par la Banque mondiale sont mises en œuvre dans différents secteurs prioritaires dont l’éducation, l’eau, l’énergie, le développement urbain, la transformation économique et la protection sociale.

 «Sans une éducation inclusive et équitable de qualité et des opportunités tout au long de la vie pour tous, aucun pays ne parviendra à réaliser l’égalité des genres et à briser le cycle de la pauvreté qui laisse de côté des millions d’enfants, des jeunes et d’adultes », pense le directeur des opérations pour la Banque mondiale en RDC, M. Albert Zeufack.

Pour la réalisation de ce plan, la Banque mondiale a disponibilisé une enveloppe de plus sept (7) milliards USD pour 25 projets de développement, dont 21 au niveau national et 4 au niveau régional.

Cinq secteurs sont concernés par ce plan de développement : l’éducation, le développement durable, les infrastructures et la croissance équitable.

L’éducation une priorité de la Banque mondiale

Plusieurs études commanditées par la BM démontrent que l’éducation est la variable la plus importante de toutes pour la réduction de la pauvreté et le développement durable.

«De toutes les études faites par les experts de la Banque mondiale, qui expliquent les déterminants de la pauvreté, avoir un emploi bien rémunéré est la variable la plus importante », a souligné le directeur des opérations pour la Banque mondiale, avant de préciser que cela n’est possible que «si on a été sur le banc de l’école ». Raison pour laquelle, la Banque mondiale met un accent particulier sur le secteur de l’éducation et soutient les gouvernements qui investissent dans l’éducation.

Avec le programme de la gratuité de l’enseignement de base, financé par la Banque mondiale à hauteur de 800 millions USD à ce jour, environ 3,6 millions d’enfants congolais ont regagné le chemin de l’école.

La Banque mondiale met aussi un accent particulier sur l’éducation de la jeune fille. Ce programme permet à cette dernière de se prendre en charge à l’âge adulte.

La situation de l’éducation en République Démocratique du Congo reste préoccupante en dépit des efforts fournis par le gouvernement central. A en croire Albert Zeufack, seulement 3% d’enfants à 10 ans sont capables de lire un texte simple. Ce qui est en dessous de la moyenne de l’Afrique subaérienne. Le travail reste énorme dans ce secteur car ceci contribue à un très faible index du capital humain qui est de 0.37 pour la RDC qui est inférieur à la moyenne africaine de 0.4. Ce qui veut dire que seulement 37% des enfants congolais atteindront leur potentielle de productivité en raison de manquements dus à l’éducation, à la santé et à la nutrition.

«Voilà pourquoi la Banque mondiale a été parmi les premières organisations à soutenir l’ambitieux programme de la gratuité de base lancé par le Président Tshisekedi », a fait savoir le directeur des opérations pour la Banque mondiale en RDC.

Développement durable

L’environnement, l’économie et le social sont les trois composantes du développement durable. La Banque mondiale finance plusieurs projets de développement durable en RDC, notamment dans les secteurs de l’environnement, de l’économie et du social.

Parmi les quatre domaines dans lesquels s’investie la Banque mondiale, à savoir l’éducation, la santé, la nutrition et le capital humain, le développement humain représente environ 47% du portefeuille de la Banque mondiale.

Dans le cadre du développement durable, la Banque mondiale travaille avec le gouvernement congolais pour la protection des forêts, pour la reforestation, pour la lutte contre les érosions, et pour l’adaptation au changement climatique qui affecte terriblement la RDC alors qu’il ne contribue pas à l’émission des gaz à effet de serre.

Les infrastructures

La RDC étant un pays immense avec ses 2.345.105 km², avec ses 100 millions d’habitants environ, a besoin de plus de 2000 km pour aller de l’Est à l’Ouest. Les infrastructures sont quasi inexistantes. Les navigations routière, ferroviaire et fluviale sont presque inexistantes. Ce qui ne lui permet de booster son développement.

«Si la RDC veut éradiquer la pauvreté, elle doit diversifier son économie», a recommandé M. Albert Zeufack. Pour lui, la RDC doit «partir d’une économie de rente basée sur l’extraction des minerais vers une économie diversifiée créatrice d’emplois pour sa jeunesse ».

La Banque Mondiale a convenu avec le gouvernement congolais d’investir dans une route dans le Kasaï pour compléter le tronçon de route financée par la Banque africaine de développement. Cette route devrait relier Mbuji-Mayi, Bukavu, le Nord-Kivu et l’Ituri. Ce qui pourra permettre l’éclosion de l’agriculture productive dans le Kasaï et relever le niveau de vie des populations. Il permettra aussi la circulation des produits et des populations de l’Est vers l’Ouest. La BM mondiale finance aussi la production de l’électricité et de l’eau.

Pour rappel, la Banque mondiale accompagne le gouvernement congolais pour booster les secteurs productifs liée à toutes les activités de transformation économique et filets sociaux pour lutter comme les inégalités, notamment dans la protection sociale.

La RDC peut compter sur l’accompagnement de la Banque mondiale, avec un portefeuille de 7,2 milliards USD pour la réalisation de plusieurs de ses projets de développement.

Tighana MASIALA