Kinshasa : les non-dits des démissions en cascade au sein du gouvernement provincial

Qu’elles qu’en soient les raisons, les démissions en cascade que l’on enregistre actuellement au sein du gouvernement provincial de Kinshasa est une preuve d’un mauvais vent qui y soufflerait. D’une part, on rapporte plus de vingt mois d’arriérés de salaire qu’accuseraient les agents administratifs, et, de l’autre, huit mois pour les membres du gouvernement provincial. Si tel est le cas, il est difficile de s’attendre à un bon climat de travail. Au lieu de continuer à faire la sourde oreille, le chef de l’exécutif provincial de Kinshasa ferait mieux se réveiller de sa torpeur et chercher à éradiquer les maux qui rongent sa juridiction.
Après Willy Pelenda Makengo et Marie-Nelly Tsasa Mbungu, ministre provincial en charge des Ressources hydrauliques et hydrocarbure et des Affaires foncières, c’est au tour de leur collègue Didier Tenge Te Lito en charge de l’Intérieur, Sécurité et Justice, de jeter l’éponge en date du 3 mars 2023.
Ce dernier a été remplacé à ce poste, le 4 mars 2023, par Gratien Tsakala Nkilatambu, conseiller politique au cabinet du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka.
Comme il fallait s’y attendre, les commentaires fusent dans tous les sens à la suite des démissions en cascade au sein du gouvernement provincial de Kinshasa. Si, d’un côté, les ministres démissionnaires parlent de «raisons de convenance personnelle», de l’autre, les gens évoquent, outre le retard de paiement des salaires, les problèmes auxquels sont confrontés certains ministres provinciaux dans l’exercice de leur fonction. C’est le cas de Didier Tenge Te Litho qui, attendu par l’Assemblée provinciale de Kinshasa à la session de mars (avant sa démission, Ndlr) pour s’expliquer sur la gestion des jeunes délinquants, communément appelés «kuluna », estimerait que ce lourd fardeau ne peut lui incomber seul, encore moins à la ville de Kinshasa.
Dans son entendement, suppose l’opinion, le gouvernement national devrait user de toutes ses prérogatives pour, non seulement décider l’augmentation de l’effectif des policiers, mais également les motiver, mieux équiper la police et la doter de moyens conséquents.
En fait, la démission de Didier Tenge Te Litho n’est pas une fuite de responsabilités comme l’avancent certains observateurs. Malgré les efforts que fournit l’exécutif provincial de Kinshasa, le banditisme urbain prend des allures inquiétantes. Peut-on alors s’attendre à l’éradication de ce mal lorsque l’on sait que la police, censée sécuriser les personnes et leurs biens, est loin d’accomplir sa mission.
L’étonnant est que certains malfaiteurs appréhendés et mis à la disposition de la justice, recouvrent la liberté quelque temps après. Libérés, ils retournent dans leurs quartiers respectifs où ils renouent avec leur sale besogne.
Lutter contre l’insécurité dans la ville de Kinshasa nécessite une politique concertée entre gouvernants et gouvernés et l’augmentation de l’effectif des policiers pour permettre à ces derniers de mieux jouer leur rôle sur le terrain.

Véron Kongo