L’an 2 de la Primature de Sama Lukonde : les raisons d’espérer

C’est le 26 avril 2021 que le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a reçu, devant l’Assemblée nationale, l’investiture du premier gouvernement de l’ère Union sacrée de la nation (USN). Pour l’an 2 de sa Primature, Jean-Michel Sama, dont le mandat a été renouvelé par le Chef de l’Etat dans le cadre du Gouvernement Sama II, s’est offert aux questions du public dans un exercice au format exceptionnel, organisé mercredi au Pullman Grand Hôtel Kinshasa. Sama Lukonde croit en la pertinence de son action. Il est convaincu que la République Démocratique du Congo est sur la bonne voie. Avant de se livrer aux questions du public, convié à cette conversation citoyenne, le chef du Gouvernement a répondu à quelques questions luminaires de William-Albert Kalengayi de Geopolis et François Buela de la RTNC. Avec le public, le Premier ministre a donné toutes les garanties possibles sur la tenue des élections dans le délai constitutionnel, tout comme sa ferme volonté d’amener la RDC à recouvrer toute sa souveraineté dans la partie Est. Entretien.
Econews
Monsieur le Premier ministre, vous avez été reconduit à votre poste, mais ça fait deux ans que vous êtes dans une action; et parce qu’il s’agit de l’action, nous allons y aller directement dans le fond de la question. Votre gouvernement est allé à l’Assemblée nationale avec des engagements précis. Vous avez circonscrit votre action dans trois axes, aujourd’hui deux ans après, que sont devenus les axes que vous avez-vous-même déclinés et que-ce qui a été fait ?
Je suis très heureux de vous retrouver ici ce soir dans cet exercice dans lequel nous nous sommes inscrits dès le début de notre action gouvernementale, celui de la redevabilité. Nous avions dit que nous sommes un Gouvernement qui a été classé sous la confiance de son Excellence Monsieur le Président de la République, ensuite investi par le Parlement le 26 avril 2021. Et depuis ce moment où nous œuvrons pour la population, nous devons lui rendre compte.
Il y a exactement une année nous nous sommes livré au même exercice. Nous avons fait ce que nous avons appelé en sautant, une ouverture de bal. Nous avons dit que le Premier ministre, qui est le chef du gouvernement, vient donner une vue d’ensemble de l’action gouvernementale, et par la suite, ça va être suivi par chaque ministre qui est responsable de son secteur qui va aussi rendre compte à la population et dire de manière détaillée, plus détaillée, ce qui est mené dans chaque secteur.
Alors nous avions été au Parlement et présenté une vision, en tout cas du Chef de l’Etat, qui se déclinait en un Etat fort, prospère et solidaire. Voilà ce qui était voulu et on a décliné un certain nombre d’actions dont chacun de ses axes qui devaient être menés par les différents ministères sectoriels qui sont ici avec nous.
Et je crois que dans le dernier exercice que nous avions fait, nous avions aussi rappelé les missions précises à l’intérieur de ces axes qui nous avait été donné.
Nous avions, en priorité, la question de la sécurité qui nous avait été donné comme première mission, bien sûr avec la partie Est de la République Démocratique du Congo qui était et est encore aujourd’hui le théâtre où nous subissons toutes ces violences et cette agression que nous avons vis-à-vis du Rwanda avec ses supplétifs du M23.
Nous avions la question de la santé avec une mission qui nous avait été donné de mettre en place le système de couverture de santé universelle, tout au moins l’amorcer.
Nous avions aussi le devoir d’assurer la continuité de la gratuité de l’enseignement, parce que programme-phare annoncé par le Président de la République, constitutionnellement énoncé, et avec le devoir du gouvernement de maintenir ce qui avait déjà commencé dans cette action de la gratuité de l’enseignement.
Mais à côté de cela, nous avions d’autres grandes questions qui venaient, notamment, mettre en avant ces questions de bonne gouvernance. Nous avions pour devoir de finaliser l’accord que nous devions avoir avec le FMI, mais à côté de cela d’autres réformes qui devaient suivre pour pouvoir nous permettre d’avoir les moyens de notre politique.
Donc je ne fais que nous remettre dans le contexte dans lequel nous étions, et bien sûr, avec d’autres questions-phare du point vue de l’organisation de l’élection, l’accompagnement du gouvernement du point de vue des moyens et de la sécurisation et, à côté à la clef, cette question de l’identification, finalement un recensement avec une mutua-lisation des efforts entre la CENI et l’ONIP pour arriver à cette carte d’identité et que, finalement, l’Etat congolais puisse reconnaître chacun de ses enfants.

Monsieur le Premier ministre, quand vous regardez le chemin parcouru, est-ce que vous êtes un homme satisfait ? Ce soir, est-ce que le chemin parcouru correspond à la marche, à la détermination, à ce que vous aviez vous-même souhaité ?
Je crois que je me mettrai à la place de la population que nous serons et me dire : est-ce que je peux considérer d’où je suis que la population est satisfaite ? Je pense que la réponse est qu’elle n’est pas totalement satisfaite. Même s’il y a des avancées dans d’autres secteurs, ils ont encore soifs à ce que dans d’autres secteurs il puisse voir d’autres avancées.
Mais nous, du point de vue du gouvernement, nous restons concentrés sur la déclinaison de l’action que devons mener. Et de ce point de vue, nous avons des points de satisfaction. Ces points de satisfaction, je peux les donner à certains niveaux.
On a parlé de trois axes qui nous ont été déclinés. Sous ces trois axes, nous avions la question de la sécurité, la guerre dans l’Est. Depuis ce moment-là, nous avions reçu une demande claire qui nous a été faite à ce moment-là par, non seulement la classe politique, des provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et d’une partie du Sud-Kivu sur le besoin d’avoir un état de siège. Nous l’avons mis en place, en collaboration avec le Parlement. Et une fois que cela était fait, nous nous sommes très vite rendu compte qu’il fallait absolument une montée en puissance de nos forces, c’est-à-dire arriver à renforcer nos forces de sécurité. D’abord de l’armée qui était demandé. Et là, il faut lancer un message pathétique à notre jeunesse qui a répondu massivement à l’appel de son Excellence Monsieur le Président de la République lorsqu’il a été question de s’enrôler derrière nos forces armées pour faire face à cette agression que nous connaissons vis-à-vis du Rwanda. Nous avons aussi voulu que dans ces zones, nous puissions travailler de manière à ce que, dans le processus où nous étions engagés pour les forces qui souhaitaient bien sûr se rendre et rentrer à la vie civile normale, nous arrivions à mettre en place ce programme de démobilisation, de désarmement et de réinsertion sociale.
De ce point de vue-là, nous sommes avancés et nous avons dit que nous devons continuer cette action sans désemparer jusqu’à ce que nous allions avoir la paix dans cette partie de la République. Je n’ai pas besoin d’aborder, peut-être que je le ferai tout à l’heure, tous les autres aspects diplomatiques dans lesquels nous nous sommes lancés pour nous garantir ce succès. C’est un combat difficile, avec à la tête son Excellence Monsieur le Président de la République, qui nécessite que chaque Congolais soit mobilisé pour garantir que jamais un seul centimètre de la République Démocratique du Congo ne soit perdu.

Monsieur le Premier ministre, vous reconnaissez sur le point de la sécurité qu’il y a beaucoup de difficultés, mais vous expliquez qu’il y a l’augmentation des recettes de l’Etat en ce moment où le pays fait face à une agression extérieure, et on continue à réclamer que, malgré cette embellie, la redistribution n’est pas équitable. Est-ce que c’était facile pendant ces deux ans de travailler avec ça ?
Je veux mentionner qu’en ce qui concerne l’accroissement des recettes, la République Démocratique du Congo est à féliciter du fait de sa résilience. Parce qu’effectivement lorsque le gouvernement se met en place, nous trouvons une croissante à 4,2%. Nous venons d’une crise forte de Covid-19 et il faut, à ce moment-là, garantir, du point de vue non seulement de l’engagement que nous avions avec nos partenaires, à ce moment-là avec le FMI avec qui nous arrivons à conclure notre contrat FEC, qui est un appui budgétaire, puis à côté de ça, nous avons un suivi en termes de bonne gouvernance à appliquer avec trois secteurs clés, notamment le ministère du Budget, le ministère des Finances ainsi que la Banque centrale du pays qui forment cette troïka, qui doivent travailler à la stabilité macroéconomique.
Ces trois secteurs sont à féliciter parce qu’ils sont parvenus à maintenir un cap qui nous a permis d’avoir une croissance au-dessus de la moyenne.
Je veux rappeler qu’en 2022, s’il faut seulement parler de l’année passée, nous étions à 8,5% de croissance, alors que celle qui était attendu était à 6,1%. Nous avons voulu, au-delà de ça, rester dans ce qui avait été édicté par le Président de la République, c’est-à-dire travailler avec éthique et bonne gouvernance.
Je voudrais, au passage, remercier le travail qui est fait, à côté de nous par l’Inspectorat général des Finances qui, lui aussi, reste dans le suivi de l’accroissement de nos recettes. Ça nous a permis non seulement de maintenir un niveau optimal au niveau de ces recettes. Je veux rappeler qu’en 2021 nous avions dépassé le budget qui avait été voté, alors que nous n’étions pas encore installés, et en 2022, nous avons, pour la première fois, depuis que la République Démocratique du Congo est pays, franchi la barre de 10 milliards de dollars US pour atteindre 12 milliards USD, et aujourd’hui nous avions présenté ce budget de 14 milliards USD, et l’Assemblée nationale, qui est l’autorité budgétaire, l’a relevé à 16 milliards USD avec assignation au Gouvernement d’atteindre ces recettes.
Je veux aussi rappeler que, pour pouvoir y arriver, nous avions besoin d’avoir au niveau des régies financières des méthodes de travail assez rigoureuses. Nous avons, si jamais vous vous souvenez bien,avec le ministre des Finances présenté ce qui était nos projections budgétaires.
Bien avant, cela nous avions passé des contrats de performance qui devait être atteints, c’est vraiment des assignations précises qui avaient été données aux régies financières, et nous avons démontré, fort heureusement – et je crois c’est une prime d’or à donner à Son Excellence Monsieur le Président de la République – qu’avec la projection que nous avions sur le programme du gouvernement qui avait été annoncé et sur lequel on nous avait demandé de donner un budget estimatif, nous avions annoncé 36 milliards USD et aujourd’hui, avec l’allure que nous avons, nous sommes en droit d’espérer de les atteindre.
Bien sûr, nous sommes dans un contexte mondial difficile avec cette guerre que nous connaissons avec la Russie et l’Ukraine, mais il nous est permis d’espérer et nous allons continuer ce travail sans désemparer.