Les violences de l’Est s’installent à la porte de Kinshasa

Présenté au départ comme un conflit interethnique entre les peuples Yaka et Teke dans la province du Maï-Ndombe, c’est finalement tout le Grand Bandundu qui est concerné. Des morts se succèdent. A Kinshasa, on ne prend pas la mesure de l’urgence d’étouffer ce drame qui couve à la porte de la capitale, Kinshasa. Depuis les Etats-Unis, le Président de la République a fait part d’une «main noire » déployée dans le Grand Bandundu pour, selon lui, «saboter» le processus électoral. Pendant ce temps, sur le terrain des opérations, c’est toutes les provinces démembrées qui sont touchées. Parti de Maï-ndombe, le phénomène se propage maintenant dans le Kwilu et le Kwango. Ce qui n’est plus loin de Kinshasa. Il faut parer au plus pressé, avant que l’onde de choc n’atteigne la capitale.
La culture de la machette s’est installée à la porte de la paisible capitale de la République démocratique du Congo. A une centaine de kilomètres, des assaillants difficilement identifiables sèment mort et désolation. Les revendications portent curieusement sur les terres. Cette situation est d’autant plus étonnante au point que le chef de l’Etat a parlé d’une «main noire» qui opère exactement comme dans l’est de la RDC depuis plusieurs décennies.
Dans un langage qui ne cache rien, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne cautionne pas les pratiques d’un pays voisin de la RDC dont la population a la culture de la machette. Un génocide avait été perpétré dans la région des grands lacs. Son exportation vers la RDC est une preuve que la volonté de déstabilisation de ce géant n’est pas le fait du hasard. A l’interne et à l’externe, des forces négatives se mettent en synergie en vue de provoquer l’implosion du pays. Les conséquences de ces violences à côté de Kinshasa sont une stratégie bien réfléchie. Des tentatives de coups d’Etat sont aussi la preuve que tout est planifié. Il appartient au génie congolais de déjouer ces stratégies diaboliques tendant à faire imploser la RDC.

A qui profite le crime?
Selon le bilan dressé par les sources de RFI, une centaine de personnes ont été tuées la journée de vendredi. Auparavant, l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito avait donné un bilan d’une centaine de morts après une tournée dans cette région.
Ces tueries massives ont pour objectif de pousser des habitants à quitter leurs terres. Aussi curieux que cela puisse paraître, un pays voisin de la République démocratique du Congo recherche des terres cultivables à louer. Mais pour ce qui est de la RDC, on déstabilise pour prendre de force. L’histoire renseigne que le Rwanda avait attaqué la RDC loin des frontières communes. Il ne faut donc pas chercher loin. Tout est orchestré par ce voisin envieux.

La guerre des chefs
Le VPM et ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo, ne décolère pas. Et il y a de quoi. Le VPM Daniel Aselo est tombé de haut, après avoir découvert a posteriori que lors de sa mission de bons offices dans le conflit Yaka-Teke dans le territoire de Kwamouth (Mai-Ndombe), un faux grand chef Yaka lui avait été présenté par un député provincial à l’étape de Kenge. Pourtant, il y avait dans sa délégation le secrétaire général du ministère en charge des Affaires coutumières. Inexplicablement, ce dernier n’y a vu que du feu.
L’immense tollé soulevé contre «l’usurpateur » par les tenants «légitimes » du pouvoir des Kyamfu établis de date immémoriale à Kasongo Lunda (Kwilu) a contraint le VPM à rétropédaler, remettant en question les engagements que le representant du Gouvernement central aurait pu conclure avec un chef sans qualité, même visiblement paré des attributs du pouvoir coutumier qui se sont par la suite avérés factices, ou de vulgaires copies !
Il serait hasardeux de lier les tueries sans précédent qui endeuillent Kwamouth et ses environs à une guerre de succession à la tête des chefferies et secteurs. Bien que les conflits autour des trônes ancestraux portent en eux-mêmes des germes de confrontations meurtrières.
La loi n°15 du 15 août 2015 fixant, entre autres, les modalités de succession au pouvoir coutumier, peine à être appliquée. A ce jour, huit chefferies sur dix sont embourbées dans des guerres de succession inextricables. Pire, les immixtions des autorités administratives et politiques, voire militaires en rajoutent a la confusion. Résultat : le secrétariat général du ministère de l’Intérieur croule sous des tonnes de recours et plaintes des prétendants non satisfaits des multiples médiations des délégations ministérielles accusées régulièrement d’être elles-mêmes des boutefeux occultes.
A bientôt trois mois que dure le conflit intertribal de Kwamouth, la raison invoquée à l’origine s’estompe. Aux revendications d’une taxation équitable sur les produits agricoles sont venus se greffer des actes d’un brigandage violent que l’impuissance des pouvoirs publics attribue à une insaisissable «main noire».
Le salut viendra peut-être, selon la proposition d’Adolphe Muzito, de titriser les terres en distinguant celles de l’Etat de celles de la communauté, de règlementer la redevance coutumière; mais surtout, restaurer l’autorité coutumière usurpée dans ses droits.

Econews