Rapport Fraser Institute sur l’investissement minier en Afrique : la RDC, une destination à haut risque

Le think tank canadien Fraser Institute qui publie régulièrement un rapport sur l’attractivité des investissements miniers a publié son dernier rapport pour 2022 qui a listé plusieurs pays africains parmi les moins attractifs aux investissements miniers dans le monde. Parmi ces pays, on retrouve le Zimbabwe, dernier de la liste, l’Afrique du Sud, la Guinée, le Sud-Soudan, la Zambie, la République démocratique du Congo et le Mozambique. Les résultats sont obtenus à la suite d’un sondage organisé, entre le 23 août au 30 décembre 2022, auprès de 1 966 sociétés d’exploration, de développement et autres sociétés liées à l’exploitation minière dans le monde. L’enquête mesure l’indice d’attractivité des investissements et l’indice de perception des politiques publiques. Et sur les deux indices, de nombreux pays africains se classent parmi les derniers malgré leur richesse en ressources naturelles. Parmi les pays africains mal classés, on retrouve la RDC, la Zambie, le Zimbabwe et la Guinée, des pays dont les réserves en cobalt, cuivre, lithium et bauxite les placent au cœur de la transition énergétique. Leur mauvais classement pourrait mettre en difficulté les gouvernements occidentaux qui, tentant de rivaliser avec la Chine en Afrique, espèrent convaincre leurs entreprises privées à investir dans le secteur minier de ces pays. La RDC est le pays africain le plus mal classé, selon l’indice de perception des politiques minières (82e). Il ne devance au plan mondial que le Venezuela.

L’Institut Fraser, autre ment dit Fraser Institute, un think tank canadien, a publié la semaine passée son sondage annuel auprès des compagnies minières sur leurs perceptions de l’attractivité des juridictions dans lesquelles elles opèrent. Alors qu’on assiste en Afrique, depuis une année, à une vague de réformes de législations minières, il est intéressant de connaître le point de vue des investisseurs étrangers sur cette évolution de l’environnement des affaires dans 10 pays miniers africains majeurs…Pour réaliser son classement 2018, Fraser Institute a analysé les réponses de 291 acteurs, majori-tairement des dirigeants de compagnies minières, au sujet des facteurs qui influencent leurs décisions à investir dans les pays. Entre autres facteurs, on retrouve les réglementations mises en place par les gouvernements, le système légal, le régime de taxation, les infrastructures, la stabilité politique, les lois concernant le travail.Seuls 10 pays africains ont obtenu le seuil minimal de réponses pour figurer dans le classement, sur les 83 nations au plan mondial. Ainsi, de grandes juridictions minières comme l’Angola, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Maroc ou encore la Mauritanie et le Sénégal ont été écartés pour insuffisance de réponses…

Selon le rapport, l’Afrique se classe au 2e rang des régions les moins attractives pour l’investissement dans les mines. Le Botswana est la juridiction africaine la mieux classée (32e), suivie de l’Afrique du Sud (43e) et de la Zambie (45e). Les pays africains les plus mal classés comprennent l’Ethiopie (77e mondial), le Ghana (68e) et la RDC (67e)…

«Le régime fiscal du Botswana continue d’être exemplaire par rapport aux autres juridictions africaines et encourage l’investissement dans l’exploration», a déclaré un vice-président de compagnie d’exploration à Fraser Institute…

La RDC, un terrain improbable

La RDC est le pays africain le plus mal classé, selon l’indice de perception des politiques minières (82e). Il ne devance au plan mondial que le Venezuela… «La récente augmentation unilatérale du taux de redevance en RDC décourage les investissements», s’inquiète un dirigeant, alors qu’un autre patron cité dans le document évoque le «manque de clarté sur les limites des concessions minières d’exploration et les cas de corruption»…

Au Mali, les investisseurs se sont montrés de plus en plus préoccupés par la réglementation et les contrats de travail, le système juridique et la disponibilité de la main-d’œuvre et des compétences… En en tenant compte uniquement de l’indice de potentiel minéral, la RDC (24e) est le pays africain le plus attractif pour l’investissement dans l’exploration. Elle est suivie de l’Afrique du Sud (30e) et du Mali (38e).

Sur la base du potentiel minéral et de la politique minière, le think tank canadien Fraser Institute évalue chaque année des juridictions minières à travers le monde. À l’heure où les investisseurs affluent vers l’Afrique, le rapport 2022 offre un autre regard sur l’attractivité du continent.

Pour la deuxième année consécutive, le Zimbabwe est la juridiction minière la moins attractive au monde. C’est ce que révèle le Fraser Institute dans son rapport 2022, à l’issue de son enquête annuelle auprès des acteurs du secteur, précisant que 8 des 10 juridictions minières les moins attractives se trouvent sur le continent, soit le double du chiffre enregistré en 2021.

Après le Zimbabwe à la dernière place, on retrouve en effet le Mozambique, le Soudan du Sud, l’Angola, la Zambie, l’Afrique du Sud, la Chine, la RDC, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Tanzanie. Cela fait de l’Afrique la région la moins attractive avec également la moitié des 16 pays africains évalués en 2022 dans ce top 10. En 2021, seuls le Zimbabwe, la RDC, le Mali et l’Afrique du Sud se retrouvaient dans ces dix dernières places.

Alors que l’Afrique est au centre des intérêts de nombreux acteurs publics et privés venant de différentes régions du monde à cause de sa richesse en minéraux nécessaires à la transition énergétique, les conclusions de l’enquête du think tank canadien indiquent que cela n’est pas suffisant. Deuxième producteur mondial de bauxite, riche en fer et en or, la Guinée est l’un des symboles de ce contraste entre le potentiel minéral du continent et sa perception par les investisseurs miniers.

Classé avant-dernier mondial en matière de politique minière (l’un des deux principaux critères d’évaluation du Fraser), le pays se retrouve en revanche à la 6ème place mondiale sur 47 juridictions, si on tient uniquement compte du potentiel minéral. L’environnement réglementaire et le climat des affaires ne semblent donc pas à la hauteur des immenses ressources minérales du pays.

«Les investisseurs ont fait part de leurs préoccupations accrues concernant l’incertitude du pays en matière de réglementation environnementale et la disponibilité des compétences de la main-d’œuvre. En outre, tous les répondants ont indiqué que les infrastructures, le système juridique et la disponibilité de la main-d’œuvre sont des obstacles majeurs à l’investissement», précise le document, à propos du pays ouest-africain.

Voici les pays les plus attractifs en Afrique, selon Fraser Institute

Dans son classement annuel de l’indice d’attractivité des investissements miniers dans le monde, le think tank canadien Fraser Institute évalue 62 pays et territoires en fonction de leur potentiel et de leurs politique mises en places pour attirer les investisseurs. Qu’en est-il des pays africains? Eléments de réponse.

Le Botswana est le pays le plus attractif en termes d’investissements miniers en Afrique. C’est ce que révèle Fraser Institute dans l’édition 2022 de son rapport annuel «Annual Survey of Mining Companies». Ce classement, publié depuis plus de 20 ans, évalue 62 juridictions minières (Etats, provinces et pays) en fonction de leur potentiel et des politiques minières. Ce pays occupe la 10ème place à l’échelle internationale sur ces deux indicateurs et la 2ème mondiale sur la politique minière. C’est d’ailleurs le seul représentant du continent à figurer dans le Top 10 mondial.

D’après le think tank canadien, cet Etat d’Afrique australe attire les entreprises minières grâce à la diminution des inquiétudes liées à l’incertitude concernant les zones protégées, les infrastructures, la stabilité politique, la main d’œuvre, la règlementation du travail et les accords sur l’emploi. «L’indice global d’attractivité des investissements est construit en combinant l’indice du potentiel minier des meilleures pratiques, qui évalue les régions en fonction de leur attractivité géologique, et l’indice de perception de la politique, un indice composite qui mesure les effets de la politique gouvernementale sur les attitudes à l’égard de l’investissement dans l’exploration», explique le groupe de réflexion.

Le Botswana a détrôné le Maroc qui était 1er en Afrique dans le classement de 2021 et 2ème mondial sur 84 pays, en termes de politique minière. Globalement, le Royaume a enregistré une forte régression dans le classement 2022, en se classant 17ème mondial. «Les investisseurs ont exprimé des préoccupations accrues quant à l’incertitude de l’administration et de l’application des réglementations existantes, les réglementations du travail et les accords d’emploi, l’incertitude concernant les revendications foncières contestées, les accords socio-économiques et les conditions économiques et de développement communautaire», souligne l’étude.

La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, et le Ghana occupent respectivement les 3ème, 4ème et 5ème places. La Namibie, le Mali, la Guinée Conakry, la Tanzanie et la RDC ferment le Top 10 continental.

L’un des enseignements phares de ce rapport, c’est que les investisseurs accordent de plus en plus d’intérêt à la politique minière au-delà des ressources minérales. Pour preuve, sur les dix pays les moins attractifs au monde, huit se trouvent en Afrique, en l’occurrence le Zimbabwe, le Soudan du Sud, l’Angola, la Zambie, l’Afrique du Sud, la RDC, la Guinée et la Tanzanien, soit le double de celui de 2021, où seuls le Zimbabwe, la RDC, le Mali, l’Afrique du Sud y figuraient. En dépit de leurs richesses, il est reproché à ces pays une politique minière insuffisante.

Selon Fraser Institute, «le score médian de l’Afrique dans l’indice d’attractivité des investissements a augmenté de 2,4 points cette année. Avec un score médian de 54,25, l’Afrique est la troisième région la moins attrayante pour les investissements miniers, si l’on tient compte à la fois du potentiel minéral et de la politique, selon les compagnies minières».

Mieux prendre en compte les politiques minières

Les deux auteurs du rapport se sont notamment focalisés sur la Guinée, deuxième producteur mondial de bauxite et qui regorge d’innombrables ressources comme le fer et l’or, pour expliquer ce contraste. «La Guinée a diminué son score de près de 52 points dans l’indicateur politique minière, soit la plus forte baisse parmi toutes les juridictions incluses dans le rapport. Elle est passée du 52e rang (sur 84) en 2021 au 61e rang (sur 62) en 2022», indiquent-ils.

D’après ces experts, «les investisseurs ont fait part de leurs préoccupations accrues quant à l’incertitude du pays en matière de réglementation environnementale et à la disponibilité de l’infrastructure. En outre, toutes les personnes interrogées que les infrastructures, le système juridique et la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée sont des obstacles majeurs à l’investissement». Au niveau mondial, le Nevada, l’Australie-Occidentale et la province canadienne Saskatchewan sont les juridictions les plus attractives pour les investissements miniers. D’après Fraser Institute, ce classement est le fruit d’une enquête en ligne réalisée entre le 23 août et le 30 décembre 2022, auprès d’environ 1.966 professionnels du secteur.