RDC : «un pays ouvert mais pas offert»

Non, non et non ! Le voyage, ou mieux, la visite d’Etat du président de la République en Chine du 24 au 29 mai derniers n’avait pas pour priorité la révision des fameux «contrats chinois». Certainement les attentes de l’opinion congolaise chauffée à blanc par une propagande pourtant officielle étaient mal placées. La conclusion en 2008 des conventions entre le gouvernement et un groupe d’entreprises chinoises octroyant des concessions minières contre la construction des infrastructures avait été jugée «déséquilibrée» par le nouveau régime dès l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir en janvier 2019.
On ne jurait dès lors que par leur révision, avec en toile de fond des soupçons manifestes d’une corruption des proches de Joseph Kabila et qui aura favorisé un manque de suivi des travaux dans la réalisation des clauses restées lettre morte. Laissant libre cours aux Chinois qui se seraient servis au-delà des limites définies de commun accord avec l’équipe conduite à l’époque par Katumba Mwanke, aujourd’hui décédé.
Après la visite présidentielle en Chine, rien de tout cela. En fait de révisitation, tout avait déjà été conclu en amont. TFM ? Tout baigne dans l’huile. Le rachat de la mine alors détenue par l’Américain Freeport McMoran par le Chinois CMOC ne fait plus l’objet d’un quelconque contentieux.
La Sicomines ? Circulez. Rien à redire ou presque. Il ne reste plus que quelques arrangements résiduels. Ils seront évacués incessamment. Une commission ad hoc est présentement à pied d’œuvre.
Paroles du ministre des Affaires étrangères et de son collègue des Finances face aux médias ce 5 mai, à l’invitation de Patrick Muyaya, en charge de la communication et médias, qui lui-même faisait partie du voyage présidentiel en Chine. Christophe Lutundula et Nicolas Kazadi sont dorénavant les deux maîtres du nouveau narratif du partenariat global et stratégique fondé sur une vision «triangulaire» où la République démocratique du Congo reste la maîtresse de ses choix dans la diversification de sa coopération bi- ou multilatérale et en toute souveraineté.
Dès lors, il faut qu’on se le dise : le Congo est ouvert, mais il n’est pas offert. La visite historique de Félix Tshisekedi en Chine, cinquante-deux ans après celle du président Mobutu restera dans les annales. A ceci près que la Chine de Xi Jinping n’est plus celle de Mao Tse Toung. Le nouvel ordre mondial, tel que défini à la fin de la Guerre froide, n’est plus de mise. Bien plus, les générations politiques sont sujettes à une perpétuelle remo-delation.
Et le régime de Tshisekedi aura beau jeu d’en prendre de la graine.

Econews