Recyclage (s)

Le président de la République a inauguré ce jeudi 14 avril, à Kingabwa, l’usine de recyclage des bouteilles en plastique, devenues un authentique fléau environnemental. L’initiative du consortium libanais Ok Plast est certainement louable. Mais elle pose, de facto, une double question. D’abord, avant de se jeter à corps perdu dans le projet, le gouvernement s’est-il enquis de ce qui s’est fait ailleurs en la matière ? Au Rwanda par exemple, où les déchets plastiques ont disparu du paysage il y a plusieurs années.
Puis, la question-mère : est-il plus rationnel d’interdire la production des boissons en bouteilles jetables, ou de construire des usines de recyclage sachant que le projet, même porté par des hommes d’affaires libanais, ne sera pas la panacée dans le traitement des déchets plastiques sur l’étendue du pays… mais aussi, l’implantation de l’usine de Kingabwa vient encourager l’industrie des sodas qui, au cours des mois à venir, pourra carrément doubler, voire tripler sa production. Poussant les jeunes enfants à l’addiction au sucre les exposant, à l’âge adulte, au risque de diabète ainsi qu’aux maladies cardio-vasculaires.
Le gouvernement, écartelé entre les impératifs financiers et la menace sur la santé de ses populations, a choisi son camp. A ce propos, une enquête confidentielle révèle que les jeunes femmes entre 18 et 35 ans sont en surpoids, tandis que 50% d’entre elles sont en état d’obésité prononcée. Au tout début, l’usine de Kingabwa connaîtra un engouement certain, mais très vite les fournisseurs vont se faire rares contraignant l’usine à augmenter ses frais logistiques. Avec les conséquences aisément imaginables sur le prix des granulés de plastique.
En fait, l’hôtel de ville de Kinshasa serait en difficulté de dire combien de producteurs de sodas qui opèrent sur la ville de Kinshasa. Car à côté des sociétés bien établies existent des officines clandestines qui déversent sur un marché en mal de régulation des sodas frelatés.
Enfin, pour que l’usine de Kingabwa connaisse un bon vent, la mentalité des Kinois doit changer radicalement. Car les bouteilles en plastique et autres déchets sont jetés sur la voie publique dans l’indifférence générale.

Econews