Reprise ce lundi à Nairobi des pourparlers de paix dans l’Est de la RDC : Tshisekedi, le grand absent

Après deux reports successifs, c’est ce lundi 28 novembre que se tient à Nairobi, au Kenya, le 3ème round des pourparlers de paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo, avec l’accompagnement de l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est). A Kinshasa, on ne confirme pas la présence du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, à ces assises. Quant au président burundais, président en exercice de l’EAC, c’est depuis dimanche qu’il se trouve à Nairobi. A Kinshasa, on reste de marbre et on conditionne tout dialogue par le retrait des terroristes du M23 des localités occupées dans le territoire de Rutshuru, conformément au consensus dégagé, mercredi dernier, à Luanda.
Le processus de Nairobi pour le retour de la paix dans l’Est de la RDC reprend ce lundi 28 novembre 2022 dans la capitale kenyane, Nairobi. Le troisième round de ces pourparlers devrait connaître la participation des groupes armés, des chefs coutumiers et des acteurs de la Société civile. L’agenda de ces discussions n’est pas encore dévoilé.
A la Présidence de la République, on ne confirme pas le déplacement pour Nairobi du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. On apprend cependant qu’une délégation de terroristes de M23 se trouve dans la capitale kenyane, dans l’espoir de rencontrer le facilitateur désigné de l’EAC, l’ancien président kenyan Uhuru Kenyatta.
Pas évident qu’une délégation congolaise de haut rang fasse le déplacement de Nairobi. En effet, Kinshasa conditionne sa participation à ces pourparlers de Nairobi par le retrait des terroristes de M23 des localités occupées dans le territoire de Rutshuru, suivant le consensus dégagé, mercredi dernier, au terme de la réunion de Luanda à laquelle ont pris part, autour du président Joao Lourenço d’Angola, le Président Félix Tshisekedi et son homologue burundais, Evariste Ndayishimiye.
Malgré l’ultimatum lancé à Luanda, les terroristes de M23 n’ont pas bougé de leur position, multipliant plutôt des attaques contre les forces loyalistes des FARDC. Autrement dit, le M23 n’adhère pas à la dynamique de Luanda, censée baliser la voie aux pourparlers de Nairobi.
Dans un communiqué, publié le vendredi 25 novembre 2022, la direction de M23, prenant bonne note du communique final de Luanda du 23 novembre 2022, continue de réclamer un dialogue direct avec Kinshasa.
au Nord du territoire de Rutshuru, rapportent diverses sources vendredi 25 novembre 2022, d’autres attaques menées par des rebelles ont été signalées à Kishishe et dans une partie de Bishusha. Des combats ont opposé dans cette région, le M23 aux milices locales, ont rapporté des sources locales. Cette situation a ravivé la panique dans la région.

Le M23 ne se sent pas engagé par l’accord de Luanda
«Le M23 a pris connaissance de ce document sur les réseaux sociaux… Il n’y avait personne à ce sommet; donc ça ne nous concerne pas vraiment », a déclaré jeudi soir à l’AFP Lawrence Kanyuka, porte-parole politique du M23. «Normalement, quand il y a un cessez-le-feu, c’est entre les deux parties en guerre», a-t-il ajouté.
Le sommet de Luanda a décidé une cessation des hostilités dès vendredi soir, suivie du retrait des rebelles du M23 «des zones occupées» et de leur «repli dans leurs positions initiales». Si les rebelles refusent, la force régionale est-africaine en cours de déploiement à Goma «fera usage de la force pour les pousser à se soumettre».
Lawrence Kanyuka a affirmé que les rebelles avaient eux-mêmes décrété un «cessez-le-feu unilatéral» en avril et estimaient que celui-ci était toujours en vigueur. «Si demain à 18H00, ou le matin, le gouvernement ne nous attaque pas, nous en serons toujours là », a-t-il assuré. Dans le cas contraire, «nous nous défendrons», a-t-il dit.
Le porte-parole du M23 a affirmé que le mouvement était «toujours prêt à un dialogue direct avec le gouvernement congolais pour résoudre les causes profondes» du conflit.
Il n’en est pas question, a répondu Christophe Lutundula, vice-Premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères, rappelant qu’il était exclu de négocier avec des «terroristes ».
A l’initiative de la communauté des pays de l’Afrique de l’Est (EAC), cette rencontre a été décidée en avril dernier lors d’un sommet des chefs d’Etat à Nairobi.
Le premier round de ces pourparlers s’est déroulé, du 23 au 27 avril dernier, à Nairobi. Les délégués d’au moins 18 groupes armés actifs au Nord, au Sud Kivu et en Ituri avaient pris part aux travaux facilités par l’ancien Président kenyan Uhuru Kenyata, en présence des observateurs du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi, des Nations-Unies, de la CIRGL, des État- Unis et de la France.
Lors de la deuxième étape en mai dernier, une délégation conjointe de la Présidence de la République congolaise et de l’ambassade du Kenya s’était rendue à Goma, Bukavu, Beni et Bunia pour la suite des consultations, entre autres, avec les leaders communautaires du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.
Le 14 novembre dernier, pendant son séjour à Kinshasa, l’ancien Président kenyan, Uhuru Kenyatta, facilitateur de l’EAC pour le processus de Nairobi, a également consulté les représentants de la Société civile et de différentes communautés de ces trois provinces de la RDC.

Tighana Masiala