Session parlementaire : privilégier les revendications des agents des services publics

Deux semaines viennent exactement de s’écouler depuis que s’est ouvert en République démocratique du Congo la session parlementaire de septembre essentiellement budgétaires. Bien que la fronde sociale qui défraie l’actualité ces derniers temps ne soit pas à l’ordre du jour des points retenus par la conférence des présidents des commissions parlementaires, il y a cependant lieu de s’y pencher compte tenu des conséquences néfastes qui peuvent en résulter au sein de la société. C’est le cas des médecins des services publics qui sont en grève depuis le 6 juillet dernier et des professeurs d’universités qui viennent de leur emboîter les pas. Le dénominateur commun de leurs revendications n’étant rien d’autre que l’application des accords conclus avec le gouvernement, ce dernier ne peut que respecter ses engagements.
Si les médecins membres du Synamed (Syndicat national des médecins) et leurs collègues du Sylimed (Syndicat libre des médecins) se sont cette fois-ci résolus de passer à la vitesse de croisière en organisant des marches pacifiques, c’est parce qu’ils ont ras-le-bol de l’indifférence du gouvernement en leur endroit.
Que des démarches le Synamed n’a-t-il pas entrepris auprès des autorités compétentes pour faire entendre la voix de ses membres ? A l’issue des audiences lui accordées par le premier vice-président du Sénat, le président de l’Assemblée nationale et le porte-parole du gouvernement, la délégation du Synamed s’est quelque peu ragaillardie par les promesses lui faites.
La situation n’ayant toujours pas évolué, les médecins ont décidé de manifester pacifiquement dans la rue. D’où la marche qu’ils ont organisée le 21 septembre 2022. Mais les choses ont tourné au vinaigre car la police les a traités comme des malfrats jusqu’à les tabasser. Acte que l’on continue à déplorer étant donné la catégorie de personnes qui était en face de la police.
En attendant la réparation de préjudice causé par la police sur ordre du gouverneur de la ville, semble-t-il, les médecins ne veulent pas capituler et annoncent d’ailleurs une autre marche pacifique pour le mercredi 5 octobre prochain.

Les mouvements citoyens entrent en lice
La répression violente dont ont été victimes les médecins le mercredi 21 septembre n’a pas laissé insensible les organisations de la société civile.
Dans un communiqué parvenu à notre Rédaction, les mouvements citoyens Lucha Filimbi, Urgences panafri-canistes/RDC, Mouvement Justice en action, Mouvement national des consommateurs lésés, Synergie Bilenge, Vici/RDC, Res Publica et On a que le Congo, condamnent avec force la répression brutale et inouïe opérée par la police nationale lors de cette marche pacifique.
Dans leur déclaration, les mouvements citoyens saluent la force et la détermination des médecins décidés de retrouver leur dignité en tant que travailleurs.
Tout en rappelant aux députés nationaux la nécessité de faire de cette session parlementaire une réelle opportunité de réduction du train de vie des institutions afin de mieux redistribuer les richesses nationales, ils exigent une enquête judiciaire indépendante et des sanctions exemplaires contre les auteurs de ces faits.
Enfin, ils annoncent prendre part, aux côtés des médecins des services publics et des prestataires commis à la riposte contre la COVID-19, à toutes les actions visant à restaurer la dignité de ces professionnels de santé et de leurs dépendants. Ceux-ci souffrant d’arriérés de primes de douze mois.
En tant que forum où siègent les élus du peuple, le Parlement doit donc prendre des dispositions urgentes en initiant des questions orles avec débat à adresser aux membres du gouvernement concernés par les problèmes des médecins et professeurs d’université conformément au dialogue que ne cesse de leur recommander le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Véron Kongo