6,3% de taux de croissance et 12,8% de taux d’inflation : cibles de l’économie congolaise à fin 2022 

Mme la gouverneure de la Banque Centrale du Congo

A fin 2022, la Banque Centrale du Congo s’est fixée les cibles d’un taux de croissance de 6,3% et d’un taux d’inflation de 12,8%. Si Mme la gouverneure de la BCC se félicite de bonnes perspectives de l’économie congolaise, elle reste cependant prudente et recommande, notamment « la poursuite de la coordination des actions au niveau des politiques budgétaires et monétaire; la surveillance des facteurs de liquidité bancaire et de l’évolution du marché des changes et la mise en œuvre des réformes retenues dans le cadre du Programme avec le Fonds monétaire international ».
Vendredi en Conseil des ministres, le Gouvernement a fait le point de l’évolution de la situation récente sur le marché des changes ainsi que des biens et services, telle que présentée par Mme Malangu Kabedi-Mbuyi, gouverneure de la Banque Centrale du Congo (BCC).
A l’occasion, Mme la gouverneure a informé le Conseil que le Fonds Monétaire International (FMI) a approuvé, le 20 décembre 2022, la troisième revue du Programme économique en cours avec la République Démocratique du Congo. Ce qui a permis le décaissement immédiat de 203 millions USD, équivalent à 152 millions de DTS, au titre de Facilité Élargie de Crédit (FEC) en appui à la balance des paiements.
L’on se souvient que le Fonds monétaire international (FMI) a noté la résilience de l’économie congolaise face aux chocs exogènes liés à la guerre en Ukraine et à la pandémie de Covid-19. Cette résilience est consécutive notamment à la production minière qui reste dynamique dans un contexte difficile et à la conjonction des actions des autorités tant budgétaires que monétaires.
Pour l’instant, l’économie congolaise est sur la bonne voie. Selon la BCC, les perspectives de croissance de l’économie congolaise se situent à 6,6% en 2022 et 6,3% en 2023. L’inflation cumulée, à la quatrième semaine de décembre 2022, s’est établie à 12,8% contre 12,3% prévue pour cette année. Le franc congolais a perdu, en cumul annuel, 0,79% de sa valeur à l’indicatif et 4,46% au parallèle.
Si l’évolution de cours mondiaux des produits de base intéressant l’économie congolaise est restée globalement favorable, accordant une large marge de manœuvre à la République Démocratique du Congo, l’économie congolaise reste cependant « exposée aux facteurs de risques externes tels que : l’intensification des incertitudes quant à la trajectoire de l’activité productive, de l’inflation et des taux d’intérêt; les nouvelles hausses des prix de l’énergie, sur fond de restrictions prises par l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique sur les produits énergétiques; la faiblesse du niveau d’activité de l’économie chinoise après plusieurs mois de confinement dû à la Covid-19 ».
Pour faire face à ces risques susceptibles d’influencer la conjoncture interne, la Gouverneure de la Banque Centrale du Congo a recommandé notamment la poursuite de la coordination des actions au niveau des politiques budgétaires et monétaire; la surveillance des facteurs de liquidité bancaire et de l’évolution du marché des changes et la mise en œuvre des réformes retenues dans le cadre du Programme avec le FMI.

Les bonnes notes du FMI
En concluant le 21 décembre 2022 à son siège de Washington la 3ème revue de l’accord conclu avec la RDC, le Conseil d’administration du FMI avait attribué des notes satisfaisantes à la RDC.
A ce propos, M. Okamura, directeur général adjoint et président du Conseil d’administration du FMI, avait noté que «les performances macroéconomiques en 2022 sont solides, malgré des chocs récurrents. La croissance est robuste et les amortisseurs externes se sont renforcés, malgré la hausse des prix mondiaux de l’énergie et des denrées alimentaires. La performance au titre de l’accord de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) reste satisfaisante. Alors que les perspectives de croissance restent favorables en 2023, les risques à la baisse émanent des chocs défavorables sur les termes de l’échange et du conflit dans l’Est du pays», rappelant que «le déficit budgétaire devrait se réduire en 2023». Et de souligner : «Une mobilisation soutenue des recettes et une maîtrise des dépenses courantes dans les biens, services et subventions devraient laisser de l’espace pour les dépenses sociales, les investissements dans les infrastructures et le capital humain, et l’apurement des arriérés. Économiser la surperformance des recettes soutiendrait les efforts visant à constituer des tampons budgétaires. La suppression progressive des subventions aux carburants et la mise en place de transferts sociaux ciblés sont des mesures importantes pour renforcer les filets de sécurité sociale afin de protéger les personnes vulnérables. Le renforcement de la crédibilité budgétaire devrait aider le budget à servir de point d’ancrage budgétaire dans le cadre du programme. La refonte du cadre budgétaire pour gérer la richesse en ressources, le renforcement du cadre d’investissement public et l’accélération des réformes de la gestion des finances publiques sont nécessaires pour améliorer l’efficacité et la transparence des dépenses ».
Au Gouvernement et à la Banque Centrale du Congo, le Conseil d’administration a fait comprendre que «la disposition à resserrer la politique monétaire pour ramener l’inflation à l’objectif de 7%, ainsi que les efforts visant à renforcer le cadre de la politique monétaire soutiendront la stabilité des prix. La poursuite de l’accumulation de réserves, tout en renforçant le rôle du taux de change en tant qu’amortisseur, est essentielle à la résilience extérieure. L’adoption de la nouvelle loi bancaire est cruciale pour renforcer la réglementation et la supervision du secteur financier».
Par ailleurs, le FMI est d’avis que «des efforts soutenus pour améliorer la gouvernance, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption et de LBC/FT, et améliorer l’environnement des affaires soutiendraient le développement et la compétitivité du secteur privé. S’engager dans des réformes spécifiques liées aux défis climatiques est également important pour catalyser des financements pour des investissements verts».

Francis M.