Kinshasa contredit Kigali : «Aucun de deux avions de chasse congolais n’a survolé l’espace aérien rwandais»

Alors que le Rwanda, à en croire des révélations faites par RFI, se prépare également à envoyer ses troupes dans la force régionale de l’EAC, les rapports entre Kinshasa et Kigali ont atteint un niveau de détérioration très avancée. Entre les deux capitales, on assiste déjà à un jeu de ping-pong. Mardi, Kinshasa a ouvertement accusé Kigali d’avoir déployé sur le sol congolais un groupe d’espions pour déstabiliser le régime en place. Mercredi, Kigali a récidivé, estimant qu’un avion de chasse congolais a violé son espace aérien. Jeudi à Kinshasa, le Gouvernement a formellement démenti cette information : « Aucun de deux avions de chasse congolais n’a survolé l’espace aérien rwandais le mercredi 28 décembre 2022 ».
Entre Kinshasa et Kigali, les rapports se détériorent au jour le jour. Mardi, Kinshasa a présenté un groupe de sujets rwandais et congolais, présentés comme des «espions» au service du Rwanda. A cet effet, les autorités congolaises ont annoncé l’arrestation de «plusieurs espions» œuvrant pour les services rwandais dans une longue conférence de presse qui visait à détailler la personnalités, le parcours et les reproches adressés à ces quatre personnes dont les noms et les photos ont été publiés.
A ce propos, Kinshasa a également accusé le Rwanda d’avoir cherché à préparer une attaque contre le président de la République.
Expulsé de la RDC, Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda en RDC, a minimisé les faits sur son compte twitter, estimant que des personnes présentées comme des «grands espions» à Kinshasa étaient «des employés d’une ONG internationale qui combat la malnutrition aiguë au Kasaï depuis des années».
Mercredi en début de soirée, Kigali a, pour sa part, annoncé qu’un avion de chasse Sukhoi-25 de la RDC avait violé l’espace aérien rwandais le long du lac Kivu dans la province occidentale du Rwanda «aujourd’hui vers 12h00 », avant de rentrer immédiatement en RDC.
Les autorités rwandaises ont une nouvelle fois protesté auprès du gouvernement de la RDC contre les violations de l’espace aérien rwandais par les avions de chasse de la RDC.
Dans son communiqué, repris par La Libre Belgique, le Rwanda a expliqué que cet «incident fait partie d’une série de provocations», tout en rappelant le précédent du 7 novembre dernier quand «un avion de chasse de la RDC du même type a brièvement atterri à l’aéroport de Rubavu».

Kinshasa dément formellement
Dans un communiqué du ministère de la Communication et Médias, Kinshasa note sans détours qu’«aucun des deux avions de chasse Congolais n’a survolé l’espace aérien rwandais le mercredi 28 décembre 2022 ».
«Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo informe l’opinion tant nationale qu’internationale qu’après plusieurs jours de stationnement, deux de ses avions Sukhoi ont effectué des vols de routine, le mercredi 28 décembre 2022, suivant un routing qui a été préalablement défini. Ainsi, ils ont survolé, entre autres, le Lac Kivu, dans l’espace aérien congolais », indique le communiqué. Le communiqué enchaîne : «De ce fait, le Gouvernement rwandais ne peut en aucun cas considérer ce mouvement aérien des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) 51 à l’intérieur de l’espace aérien national comme une quelconque provocation».
Et de poursuivre : «Par ailleurs, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo précise que ces deux avions de chasse n’étaient pas armés et par conséquent aucun bombardement n’a été effectué ».
Sans céder à la provocation du Rwanda, « la République Démocratique du Congo réaffirme qu’elle reste engagée dans le processus de Luanda er respecte tous ses engagements pris dans ce cadre ».
Le Gouvernement de la République attire, par conséquent, « l’attention de la communauté internationale sur la complicité du Gouvernement rwandais avec les terroristes M23 dans le recours à des prétextes farfelus pour bloquer, comme à leurs habitudes, le processus de paix en général et la mise en œuvre du communiqué final du mini-sommet de Luanda du 23 novembre 2022 en particulier ».
Entre Kinshasa et Kigali, ce cycle de provocations, accusations, menaces prend des accents de plus en plus dangereux et interdit tout début de dialogue pour tenter de trouver des pistes de solution. Cette rhétorique belliqueuse porte en elle tous les ferments d’une instabilité durable, voire pire, craint La Libre Belgique.

Econews