Avec le projet Manono, la RDC séduit le monde entier par la qualité de son lithium

La RDC héberge un certain nombre de métaux essentiels à la transition énergétique et qui attisent les convoitises. Alors que le pays est déjà le principal fournisseur mondial de cobalt et l’un des acteurs majeurs dans la production de cuivre, il ambitionne désormais d’ajouter l’exploitation du lithium à son arc. Avec ses immenses réserves, le projet Manono, dans la province du Tanganyika, est idéalement placé pour l’aider à atteindre cet objectif et les conditions sont réunies pour permettre son développement.

Un marché en bonne santé
Les analystes et observateurs sont unanimes. La demande de lithium ne peut que continuer à croître à court et moyen terme, ce qui soutiendra une hausse des prix. Comme le nickel ou le cobalt, le lithium entre en effet dans la production des batteries lithium-ion, indispensables aux véhicules électriques. Or, selon une analyse de BloombergNEF parue mi-janvier 2021, les ventes de ces voitures devraient augmenter de 60% et continuer de progresser sur la décennie, grâce notamment à des politiques incitatives dans la plupart des pays et à la fin annoncée du moteur diesel.
Dans le même temps, un rapport réalisé par le cabinet d’étude de marché Market Research Future (MRF) et relayé par GlobeNewswire, confirme l’optimisme à propos du lithium. À en croire les auteurs du document, le marché mondial des batteries lithium-ion (utilisées dans les véhicules électriques et certains appareils électroniques) connaîtra un taux de croissance annuel composé de 15,90% jusqu’en 2026.
Il faut souligner que l’ensemble de ces prévisions part d’un constat simple, celui que gouvernements, organisations écologiques et organisations internationales militent tous pour la réduction de l’empreinte carbone, afin de limiter le réchauffement climatique. C’est donc pour cela que tous les projets qui peuvent favoriser l’atteinte de ses objectifs reçoivent une attention particulière, aussi bien des décideurs politiques que des investisseurs.

Les grandes promesses du projet Manono
Jusqu’aux découvertes intéressantes annoncées par AVZ Minerals, le site de Manono n’était pas connu pour abriter de grandes réserves de lithium.
Il a certes déjà fait l’objet d’une exploitation minière entre 1919 et 1982, et continue d’ailleurs d’abriter de petits artisans miniers, mais il s’agissait alors de l’extraction de l’étain et du tantale. Les mises à jour successives de Dathcom, Joint-venture créée avec la Compagnie minière (Cominière), ont donc suscité de la surprise et un enthousiasme grandissant de la part des investisseurs et de potentiels acheteurs de la future production de lithium.
Vu l’importance du métal, les fabricants de matériaux pour batteries électriques se bousculent en effet pour sécuriser très tôt les approvisionnements, même pour des projets qui ne sont pas encore en production. Il faut aussi dire que, pour le cas de Manono, ils ont été encouragés par les données publiées par AVZ Minerals, associé majoritaire dans Dathcom.
Ainsi, l’étude de faisabilité définitive publiée il y a près d’un an, en avril 2020, a estimé à 20 ans, la durée de vie de la mine. Cette prévision se base, apprend-on, sur les ressources minérales de Manono, qui est considéré comme le plus grand gisement de lithium de roche dure au monde. Il héberge 44,6 millions de tonnes de réserves «prouvées» et 48,5 millions de réserves «probables». Sur les 20 ans de durée de vie, la mine devrait avoir une capacité de production annuelle de 700.000 tonnes de concentré de spodumène (SC6), une matière première nécessaire à la production d’hydroxyde et de carbonate de lithium. Manono devrait en outre livrer 45.375 tonnes de sulfates de lithium primaire chaque année.
Par ailleurs, le projet séduit également sur l’aspect financier. En plus de l’EBITDA annuel de 380 millions USD sur la durée de vie de la mine, le projet afficherait selon la DFS, un taux de rentabilité interne de 33% et une valeur actuelle nette après impôts de 1,03 milliard USD.
Ce dernier point devrait même connaitre une amélioration significative en raison de la progression constante enregistrée par le marché du lithium ces derniers mois. Pour concrétiser le potentiel du projet, il faudra un investissement de 545,5 millions USD, récupérables au bout de 2,25 ans. Ces estimations sont déjà très prometteuses et ont été plutôt bien accueillies sur le marché, en témoigne la hausse de plus de 200% du titre d’AVZ à la bourse ASX, en Australie.

Qualité de lithium de classe mondiale
Au fil des études démontrant les capacités du projet Manono, les producteurs de matériaux pour batteries électriques pointent le bout de leur nez. Quelques mois seulement après l’étude de faisabilité, AVZ Minerals recevait son cadeau de Noël sous la forme du tout premier accord de prélèvement pour le lithium de Manono.
Annoncé il y a quelques mois, le partenariat négocié avec Ganfeng Lithium, l’un des plus importants producteurs chinois de matériaux pour batteries électriques, s’étalera sur une période initiale de cinq ans, susceptible d’être prolongée par la suite. Aux termes du contrat, AVZ doit fournir annuellement jusqu’à 160.000 tonnes de concentré de spodumène (SC6).
«Le fait que nous ayons signé notre premier accord de prélèvement avec le plus grand producteur chinois de composés de lithium ne fait que renforcer notre conviction que le projet Manono est de classe mondiale», commentait alors Nigel Ferguson, DG de la compagnie.

Manono, une place stratégique pour l’industrie du futur…
Pour confirmer ses espoirs, la compagnie a sollicité l’appui du laboratoire canadien Kingston Process Metallurgy. Les résultats des tests annoncés en janvier 2021 ont ainsi révélé que le spodumène extrait en RDC peut être parfaitement utilisé dans la production de batteries électriques. Le sulfate primaire obtenu après purification contient en effet plus de 80% de lithium pur, soit la matière première idéale à la production de batteries lithium-ion. Cette bonne nouvelle a pu accroître l’intérêt des acheteurs, car moins de deux moins plus tard, AVZ Minerals a confirmé avoir déjà trouvé des acheteurs pour plus de 50% de la production commercialisable de SC6 à Manono. La compagnie a conclu un nouvel accord d’approvisionnement avec un autre partenaire chinois, la société Shenzhen Chengxin Lithium, l’un des principaux producteurs mondiaux d’hydroxyde et de carbonate de lithium.
La compagnie a conclu un nouvel accord d’approvisionnement avec un autre partenaire chinois, la société Shenzhen Chengxin Lithium, l’un des principaux producteurs mondiaux d’hydroxyde et de carbonate de lithium. Cette dernière s’est engagée à acheter annuellement jusqu’à 180.000 tonnes de concentré de SC6. L’accord porte sur une période initiale de trois ans, mais pourra être prolongé sur entente préalable des parties.

Prêt à entrer en production ?
Au cours des derniers mois, AVZ Minerals a beaucoup avancé dans le développement du projet Manono. Parallèlement aux accords de prélèvement, la compagnie étudie par exemple les moyens de réduire l’empreinte carbone de ses futures activités sur le site. Elle a demandé une évaluation indépendante, dont les conclusions révélées récemment ont montré que la mine peut être l’une des moins polluantes au monde. La société compte en effet réhabiliter la centrale hydroélectrique de Mpiana-Mwanga, ce qui atténuera les émissions de gaz à effet de serre. Cette centrale devrait avoir une capacité de 54 MW à terme, permettant de réaliser 90% d’économies sur les dépenses d’énergie.
Elle a demandé une évaluation indépendante, dont les conclusions révélées récemment ont montré que la mine peut être l’une des moins polluantes au monde. La société compte en effet réhabiliter la centrale hydroélectrique de Mpiana-Mwanga. À cela s’ajoute l’acquisition d’un parc automobile électrique, qui limitera la consommation de diesel. Alors que les divers travaux d’ingénierie avancent, il ne reste désormais qu’à boucler le financement afin de lancer les travaux de construction.
L’entrée en production devrait accroître l’influence de la RDC dans le secteur des métaux stratégiques et générer des millions de dollars US de recettes pour les caisses publiques. Pour l’instant, Kinshasa hésite, plongeant le projet de Manono dans une totale incertitude.
Avec Agence Ecofin