Céni : Avec plus de 200 millions USD reçus du Gouvernement, publication sans délai du calendrier électoral

Le 3 février 2022, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) dévoilait à Kinshasa sa feuille de route pour le cycle électoral 2021-2027. A cette occasion, Denis Kadima, président de la Céni, faisait également mention de différentes contraintes à prendre en compte pour la faisabilité de cette feuille de route. Il s’agissait, entre autres, de  l’indépendance financière de la CENI, de la volonté politique, de la production à temps des lois essentielles et bien d’autres. Si la feuille de route du cycle électoral est là, quoi que dépassé à maints égards, la Céni reste encore muette sur le calendrier électoral, alors qu’elle a déjà reçu du Gouvernement, à en croire le ministre des Finances, des fonds équivalent à 228 millions USD. Qu’attend Denis Kadima pour fixer les esprits sur le calendrier exact des élections de décembre 2023 ? Il y a anguille sous roche.
Le 3 février 2022, dans une cérémonie fortement médiatisée, le président de la Céni (Commission électorale nationale indépendante) publiait la Feuille de route du cycle électoral 2021-2027, assortie d’une série de contraintes pour garantir la tenue, dans le délai constitutionnel, des élections générales de décembre 2023, principalement la présidentielle ainsi que les législatives nationales et provinciales.
Prudent, Denis Kadima réitérait sa volonté de voir les élections se tenir dans le délai, soit en décembre 2023, sous réserve de la réalisation de plusieurs contraintes. Depuis lors, plusieurs étapes de cette Feuille de route ont volé en éclats. Mais, à la Céni, on affiche encore une certaine sérénité, rassurée d’être prête à l’échéance de fin 2023.
Cependant, sur le terrain des opérations, la Céni peine à prendre sa vitesse de croisière. Ce qui laisse planer le doute sur la ténue effective des élections en 2023.

Un calendrier qui se fait attendre
Des observateurs attendent de la Céni la publication sans délai du calendrier électoral afin de rassurer tout le monde sur la tenue effective des élections l’année prochaine. Pour ces observateurs, congolais et étrangers, il n’est pas compréhensible que la Céni reste encore sur les contraintes, en les rappelant régulièrement comme si elle ne chercherait qu’à retarder le plus possible l’annonce d’un éventuel report des élections.
Se défendant sans l’avouer, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, est encore sorti de sa réserve, en annonçant que le Gouvernement a déjà financé à hauteur de 228 millions de dollars américains les opérations de la Centrale électorale. En réalité, cette somme ne veut rien dire face aux tâches que la Céni est appelée à accomplir. Par contre, elle participe à une stratégie consistant à jeter le discrédit sur la Centrale électorale sur qui incombera la responsabilité d’un éventuel glissement.
La guéguerre entre le ministre des Finances et le président de la Céni est le prélude de ce glissement tant redouté et pour lequel la responsabilité ne devrait pas revenir à ceux qui n’ont pas la charge de l’organisation des élections.
Le Gouvernement qui met à disposition les moyens financiers fait-il son travail comme il se doit? Visiblement non. Certains pensent qu’il serait plutôt en train de piéger la Céni avec le risque que tout l’édifice électoral s’écroule.
A tout prendre, l’ombre de glissement est bien là. Et Denis Kadima, président de la RDC, ne renvoie pas, entre-temps, des signaux qui rassurent.
En interne déjà, des analystes sont d’avis que la Céni nous entraîne déjà dans un glissement. La seule manière d’apaiser les esprits est de publier le calendrier électoral. Ce qui, apparemment, n’est pas dans les priorités de Denis Kadima.
Pour l’instant, la Ceni s’attèle à la reconstitution de l’architecture électorale. Après avoir jeté son dévolu sur le Sud-coréen Miru Systems – le même qui a collaboré avec Corneille Nangaa aux élections de 2018 – la Céni a dépêché en Corée du Sud son rapporteur, Mme Patricia Nseya, pour «d’intenses activités d’harmonisation des vues sur les préalables d’avant la production de masse des kits et la spécification technique».
Par la même occasion, la Céni annonçait que, sur place en Corée du Sud, son rapporteur devait s’assurer de la fiabilité de ces matériels qui vont lui permettre de constituer sa nouvelle base de données des électeurs en vue des échéances électorales de 2023.
L’horloge tourne entre-temps. Et le temps ne semble pas jouer en faveur de la RDC. Le plus important est de rattraper le temps perdu pour la tenue effective des élections.

L’étau se resserre sur Denis Kadima
Côté Gouvernement, on se refuse de porter l’entière responsabilité d’une éventuel glissement. Des fonds nécessaires ont été mis à la disposition de la Céni, a confirmé, vendredi dernier en Conseil des ministres, l’argentier national, Nicolas Kazadi. Quant à Denis Kadima, il continue à promettre sans jamais convaincre.
Bien au-delà, des partenaires extérieurs tels que les Etats-Unis affichent leur ferme volonté d’accompagner la Céni au respect du chronogramme électoral quoi rime avec le strict respect du délai constitutionnel de décembre 2023. Liant la parole à l’acte, Washington vient de fournir une assistance supplémentaire pour la tenue des élections de 2023 en RDC.
Les Etats-Unis rappellent que «le soutien aux renforcement des élections et des processus contribuera à la tenue d’élections plus libres, plus justes et plus inclusives en RDC ainsi qu’à l’établissement d’une culture de réforme électorale démocratique».
A tout prendre, Denis Kadima n’a pas droit à l’erreur. Tous l’attendent au tournant. Et la meilleure façon d’apaiser les esprits des uns et des autres est de rendre enfin public le calendrier électoral. L’échéance de 2023 avance – à grands pas d’ailleurs !

Econews