Coup dur sur le processus électoral : l’UE annule sa mission d’observation en RDC

Moins d’une semaine après sa décision de déployer en République Démocratique du Congo une mission d’observation électorale, l’Union européenne a fait volte-face en revenant sur sa décision. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a décidé d’annuler la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE) en RDC dans le cadre des scrutins législatifs et présidentiel, prévus le 20 décembre prochain. C’est le processus électoral qui prend un sacré coup. Ce qui pourrait probablement peser sur la crédibilité des élections générales du 20 décembre 2023.
A la suite de plusieurs jours de blocages avec Kinshasa, l’Union européenne vient d’acter le retrait de la quarantaine d’experts électoraux qu’elle avait dépêchés sur place en vue de l’élection présidentielle, prévue fin décembre. En coulisses, une poignée de capitales tentent de revenir sur cette décision. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a décidé d’annuler la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE) en RDC dans le cadre des scrutins législatifs et présidentiel, prévus le 20 décembre prochain. Et ce, malgré l’arrivée à Kinshasa, depuis au moins une semaine, des 42 experts mandatés par l’Union. D’ultimes négociations se tiennent ce 28 novembre à l’initiative de plusieurs États membres, dont la France, pour tenter de revenir sur la décision. Blocages des communications En cause, le blocage, du moins partiel, par les services de sécurité congolais, de certains moyens de télécommunication, notamment des téléphones satellitaires et des fréquences de réseau. Jusqu’à présent, les efforts déployés par l’UE pour dénouer la situation sont restés vains, rendant impossible le déploiement des experts dans les différentes provinces du pays. Le scénario de l’annulation de la mission est loin de faire l’unanimité parmi la communauté diplomatique, dont une partie juge l’option «trop radicale». Elle s’inscrit toutefois dans la continuité d’une série d’accrocs dans la relation entre Kinshasa et Bruxelles, à l’image de l’imbroglio autour de l’arrivée du nouvel ambassadeur européen en RDC. Ambassadeur de l’UE en attente d’agrément  Nommé en avril dernier pour succéder au Français Jean-Marc Châtaigner, l’Espagnol Nicolas Berlanga Martinez a dû patienter jusqu’à mi-novembre pour obtenir son agrément du ministère congolais des affaires étrangères dirigé par Christophe Lutundula Apala. L’intéressé est attendu à Kinshasa dans les prochains jours, avant de présenter ses lettres de créance au président, Félix Tshisekedi. Un premier agrément lui avait été communiqué en juin par les services du protocole d’État du ministère congolais des affaires étrangères, avant que ce dernier ne rétropédale, quelques semaines plus tard. Un revirement officiellement motivé par Kinshasa pour des questions d’ordre administratif. En coulisses, la diplomatie congolaise avait émis des réserves sur le profil et le parcours de l’Espagnol.  Le ministre Lutundula s’en était ouvert récemment à des diplomates français et belges, qui lui avaient déconseillé de bloquer son agrément. Enfin, la présidence de Félix Tshisekedi a peu goûté le financement européen de Regard Citoyen, une mission électorale montée par des organisations de la société civile, et qui compte déployer plus de 22.000 observateurs dans les provinces de la RDC. Retour à la case départ L’annulation de la Mission d’Observation Électorale de l’Union Européenne (MOE UE) intervient quelques jours après le passage à Kinshasa de Malin Björk, membre du Parlement européen, qui avait confirmé, face à la presse le 21 novembre 2023, le calendrier de déploiement et le mandat de cette Mission, placé sous sa coordination. Elle a rappelé que l’UE avait déployé le 6 novembre dernier, 13 analystes électoraux basés à Kinshasa, en plus d’une équipe logistique et sécurité. Ensuite, 42 autres observateurs de longue durée seront déployés dans les jours qui viennent dans 17 des 26 provinces du pays, en marge de leur formation en cours au siège de la Mission. Dans la foulée, Malin Björk avait rassuré que ces observateurs travailleront en toute impartialité et indépendance : «Ces observateurs qui passeront six semaines dans le pays remplissent leur mission en toute impartialité et indépendance. Ils assureront dans leurs zones d’observation le suivi de la campagne électorale, des préparatifs et du déroulement du scrutin, de la compilation des résultats et des recours éventuels. Ils rencontreront les candidats et partis politiques, l’administration électorale, les membres des bureaux de vote, la société civile et les médias. Ils seront nos yeux et nos oreilles sur le terrain ». Econews