Dialogue à tout prix

Après les discussions de Nairobi et de Luanda, suivi du sommet de Bujumbura, dans le cadre de la Communauté de l’Afrique de l’Est, c’est finalement au siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba (Ethiopie) que se sont poursuivies les discussions sur la situation de crise qui déstabilise la partie Est de la République Démocratique du Congo.
Bien avant qu’un mini-Sommet ne soit spécialement consacré aux tensions récurrentes de l’Est congolais, c’est le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui s’est penché sur le dossier de la RDC.
Dans sa déclaration, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a «exigé que tous les groupes armés, en particulier le M23, ainsi que les ADF et…
les FDLR,… cessent immédiatement les hostilités et se retirent sans condition de l’Est de la RDC ; et à cet égard, demande instamment la mise en œuvre rapide des résultats des processus de Luanda et de Nairobi, ainsi que du Communiqué du mini-Sommet de Luanda du 23 novembre 2022».
Bien après, un mini-sommet axé sur la RDC a levé les grandes options pour une paix durable non seulement dans la partie Est de la RDC, mais aussi dans toute la région des Grands Lacs.
A l’unanimité, les chefs d’Etat et de Gouvernement, présents à la rencontre d’Addis-Abeba, «ont réitéré la nécessité de promouvoir le dialogue politique et diplomatique pour trouver une solution durable à la crise sécuritaire dans toute la région Est de la RDC».
Il faut dire qu’à ce stade, toutes les voies diplomatiques mènent au dialogue. Mais, les avis divergent quant au contenu et au format exact à donner à cette initiative
Sur ce point précis, Kinshasa affiche une position tranchée. Si la République Démocratique du Congo n’exclut l’option du dialogue, elle s’est cependant fixée une ligne rouge sur laquelle elle ne transige pas.
La position est reprise en chœur à Kinshasa : « Pas de dialogue avec les terroristes du M23 ». Et s’il faut s’engager dans un dialogue, Kinshasa exige, au départ, le retrait des troupes de la coalition M23 – armée rwandaise des positions qu’elles occupent dans le Nord-Kivu.
C’est dire combien il est délicat de s’engager dans un quelconque dialogue, tant que des zones entières du territoire de Rutshuru restent toujours sous contrôle du M23. C’est donc en toute logique que l’Union africaine a insisté sur le retrait du territoire congolais de tous les groupes armés – avant sans doute de s’engager dans la voie du dialogue.
Quoi qu’il en soit, Kinshasa tient à défendre, par tous les moyens disponibles, la souveraineté sur son territoire national. Autant dire qu’au-delà, la guerre reste encre présente dans le Nord-Kivu.
Une chose est vraie : la donne a fondamentalement changé sur le terrain diplomatique. A l’avantage de Kinshasa, bien sûr.