Drame de Kasindi, terreur avec la Monusco… : trois mousquetaires du Gouvernement tentent de calmer la tempête

Julien Paluku, ministre de l'Insdustrie et notable du Nord-Kivu, Patrick Muyaya, le très entreprenant porte-parole du Gouvernement et Modeste Mutinga, Monsieur social de Sama Lukonde


Patrick Muyaya, le très entreprenant porte-parole du Gouvernement, Modeste Mutinga, Monsieur social de Sama Lukonde et Julien Paluku, grand notable du Nord-Kivu, ont été les trois mousquetaires, délégués mardi devant la presse, pour ramener le calme dans l’opinion publique, après la tempête soulevée par la tuerie du poste frontalier de Kasindi. Alors que la population ne cache plus sa haine vis-à-vis des troupes de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC), les trois membres du gouvernement se sont expliqués, au cours du traditionnel briefing, pour réaffirmer la volonté du Gouvernement de sécuriser le plus possible la population du Nord-Kivu. Pour Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu pendant une bonne dizaine d’années, la résurgence a des motivations économiques. Il s’agit, selon lui, d’empêcher les travaux de la route Rutshuru-Goma, censées fluidifier les échanges sur la partie Est de la RDC. Quoi qu’il en soit, il reste convaincu que la RDC n’a pas perdu la bataille. Bien au contraire !
C’est en pleine mission dans la province du Nord-Kivu que la délégation gouvernementale conduite par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, a vécu le drame de Kasindi qui a coûté la vie à trois civils congolais, tout en faisant plusieurs blessés. Pour le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, il était temps que le Gouvernement s’exprime et rassure son peuple qui ne cache plus son animosité vis-à-vis des troupes de la Monusco qui ne semblent s’inscrire dans l’agenda de paix de Kinshasa.

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Pour la circonstance, trois membres du Gouvernement étaient mardi devant la presse, lors du traditionnel briefing. Modeste Mutinga, ministre des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité, accompagné de son collègue Julien Paluku, invité pour la circonstance en sa qualité de grand connaisseur de la région, sont venus donner plus d’assurance à l’opinion publique dans les efforts que déploie le Gouvernement pour non seulement restaurer la paix dans la partie Est de la RDC, mais aussi sécuriser la population.
Face à la «barbarie» des troupes onusiennes, il était temps que le Gouvernement calme la tempête enclenchée par les tueries de ces derniers jours dont le bilan à ce jour se chiffre à 36 morts et 170 blessés depuis le déclenchement des manifestations contre la Monusco.
Ce qu’a été le séjour du Nord-Kivu
Aussitôt rentré à Kinshasa, la commission spéciale, dépêchée dans le Nord-Kivu, a assisté à la réunion sécuritaire présidée lundi par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, à laquelle avaient été conviés les présidents de deux chambres du Parlement, le Premier ministre et le porte-parole du Gouvernement, Patrick.
A l’issue de cette réunion de crise, le Gouvernement a été chargé d’organiser une réunion avec la Monusco pour la réévaluation du plan de retrait de cette force onusienne convenu en vertu de la Résolution 2556 du Conseil de Sécurité de l’ONU.
La population congolaise n’a plus le même regard vis-à-vis de la Monusco qu’il y a plus de 20 ans. Elle pense qu’elle est devenue inutile.
Selon le compterendu de cette mission, présentée par Julien Paluku, sur place dans le Nord-Kivi, la commission gouvernementale a eu également des entretiens avec plusieurs acteurs de la Société civile aussi bien à Goma et à Butembo.
Au cours de ces entretiens, les populations ont formulé une demande claire aux autorités congolaises, celle de «voir partir du territoire de la RDC la force onusienne, la Monusco». Les uns, plus extrémistes, pensent que la Monusco doit quitter sans délai, d’autres dans un mois, a indiqué Julien Paluku.
De ces consultations, souligne le ministre Julien Paluku en tire quatre éléments : «Toutes ces manifestations arrivent dans un contexte de guerre qui ne se termine pas durant au moins trois décennies et la population considère la Monusco comme acteur majeur. La population ne sait pas comprendre comment la Monusco pendant tout ce temps n’est pas en mesure d’aider le gouvernement à en découdre avec cette guerre ; Toutes les personnes consultées ne sentent plus l’appui de la Monusco aux FARDC comme ce fut le cas en 2013 ; La déclaration fracassante du porte-parole de la Monusco considérée comme un aveu d’impuissance par la population; Pour la population, cette déclaration prouve la fin de la présence de la Monusco en RDC ».

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Le retrait de la Monusco est en marche
Quant au Gouvernement, on évite d’aborder cette question sous le coup de l’émotion. A ce sujet, Patrick Muyaya rassure : «Il existe un plan de retrait de la Monusco qui sera bientôt réévalué pour satisfaire à l’attente de toute la population». Sans négliger le volet social par la prise en charge des sinistrés.
Dans le volet social et humanitaire, Modeste Mutinga a indiqué que les efforts restent tout de même à faire afin que Kinshasa poursuive les efforts d’assistance aux populations victimes des incidents.
Rappelons qu’au cours de la réunion de crise qu’il a présidée lundi, le Chef de l’Etat a, dans un entretien téléphonique, fait part de «vives condoléances» du secrétaire général de l’ONU après les incidents graves survenus à la frontière entre la RDC et l’Ouganda, a précisé le ministre de l’industrie.
Au cours de leur entretien, le Président de la République n’a pas caché sa désapprobation face au comportement des casques bleus à la base de ces incidents, exprimant la nécessité de «s’assurer que les coupables soient sévèrement sanctionnés».
Si à Kinshasa, l’option de retrait de la Monusco est presqu’irréversible, Julien Paluku «rester en position d’assisté ne nous aidera pas à organiser notre système de défense».
D’un ton conciliant, Patrick Muyaya pense, pour sa part, que «pour ne pas donner une fenêtre d’entrée aux éventuels manipulateurs, le gouvernement préfère passer par des voix diplomatiques ».
Pour l’instant, les troupes sont encore présentés sur le terrain des opérations de l’Est dans un climat de méfiance – la confiance ayant été rompue vis-à-vis des populations civiles qu’elle est censée protéger.

Tighana Masiala