La puissance de l’intelligence émotionnelle dans le leadership

Le concept de l’Intelligence émotionnelle a été développé par le psychologue américain Daniel Goleman, en 1995, et désigne notre capacité à reconnaître nos propres sentiments et ceux des autres, à nous motiver nous-mêmes et à bien gérer nos émotions avec nous-mêmes et dans nos relations avec autrui. L’Intelligence émotionnelle (IE) englobe des aptitudes à la fois distinctes et complémentaires de celles que recouvre l’intelligence scolaire, capacités purement cognitives que mesure le quotient intellectuel. En fait, IE et QI traduisent l’activité de zones cérébrales différentes. L’IE est décliné par Goleman en cinq domaines clés : la conscience de soi, la maîtrise de soi, la motivation, l’empathie, les aptitudes relationnelles humaines. Ainsi, Pour Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle est « la capacité à réguler ses émotions et celles des autres, à les distinguer et à utiliser ces informations pour guider sa pensée et ses actions ». Il y a donc dans cette définition des notions de régulation, distinction et d’utilisation des émotions. Voici ce qu’en pense Patrick Sassou Abah-Dakou, fondateur et directeur général du Cabinet P&F Coaching International Coach, certifié en intelligence émotionnelle et en leadership. Tribune.
L’année dernière, j’ai animé une formation sur l’intelligence émotionnelle pour des cadres de deux entreprises différentes. Voici les commentaires de deux participants qui occupent des postes clés dans la première entreprise que nous nommerons A.
Cadre A : « Nous souhaitons avoir un directeur général et non un directeur plus humain, qui s’intéresse à ses collaborateurs et pas seulement aux chiffres et aux objectifs ».
Cadre B : « Notre DG ne se donne pas de la peine. Il ne sait pas comment parler aux gens. Il n’est pas conscient de l’impact de ses sentiments sur son personnel. Il ne se rend pas compte que son humeur nous met sous pression et nous stresse et surtout, il veut toujours avoir raison ».
Dans l’entreprise B, une dame fait une affirmation positive vraiment touchante : « Mon DG sait comment gérer ses émotions. Il sait comment gérer les collaborateurs et comprend les émotions des autres. Il a du tact et sait comment, quand et où parler aux autres. Il est humain et perspicace. Je suis prête à tout pour faire un effort supplémentaire pour lui et pour l’organisation. Je sais que je suis bon dans mon travail, mais le succès de mon département dépend largement de l’environnement positif créé par mon DG et par la culture de notre entreprise ».
Ces propos décrivent l’attitude de deux DG différents vis-à-vis de leur personnel. L’un est très peu conscient de ses émotions négatives sur son équipe et l’autre, est capable de gérer efficacement ses émotions et celles de son équipe, ce qui se traduit par un impact positif sur son organisation.
Dans cet article, nous allons tout d’abord définir l’intelligence émotionnelle, puis discuter de son importance pour les individus et les organisations. Enfin, nous proposerons six comportements permettant d’évaluer notre intelligence émotionnelle.

Définition de l’intelligence émotionnelle
Daniel Golman, l’un des fondateurs de l’intelligence émotionnelle, définit l’intelligence émotionnelle comme la capacité d’une personne à gérer ses sentiments afin que ceux-ci soient exprimés de manière appropriée et efficace.
Selon Genos International, être intelligent sur le plan émotionnel signifie « apporter des réponses intelligentes aux émotions négatives afin de générer des émotions positives chez soi et chez les autres en étant, le plus souvent possible, authentique, résilient et responsabilisés dans son comportement ».

L’importance de l’intelligence émotionnelle
Parlant de l’importance de l’intelligence émotionnelle, l’ancien PDG de General Electric, Jack Welsh, a affirmé : « Il ne sait aucun doute que l’intelligence émotionnelle est plus qu’un savoir livresque, mais mon expérience m’a appris qu’elle est en fait plus importante dans la formation d’un leader. Vous ne pouvez tout simplement pas l’ignorer».
Dans une organisation, la façon dont les gens se sentent par rapport aux problèmes est importante et jour un grand rôle. Lorsque les gens se sentent bien, valorisés considérés, bien traités, estimés, ils ont tendance à prendre des décisions positives, ce qui a un impact positif sur leurs comportements, et cela conduit à une performance positive. Au contraire, dans une organisation où les personnes se sentent toujours critiquées, non appréciées, non reconnues et non prises en charge, elles ont tendance à prendre des décisions négatives, ce qui entraîne des comportements négatifs et aboutit à des performances négatives. Nous pouvons clairement voir le lien direct entre nos décisions, nos comportements et nos performances. Nous avons le choix, comme l’a fait remarquer Mavis Mazhura, « les émotions peuvent nous empêcher d’aller de l’avant ou nous faire progresser ».

Six comportements qui caractérisent les leaders émotionnellement intelligents

Selon le modèle d’intelligence émotionnelle de Genos, un leader émotionnellement intelligent démontre qu’il est conscient de ses humeurs et de ses émotions, fait en sorte que les autres se sentent appréciés ; est ouvert et honnête à propos de ses erreurs ; prend des décisions éthiques ; gère efficacement ses émotions dans les situations difficiles ; reconnaît le travail et les réalisations des autres.
Nous pouvons clairement voir que le premier DG de notre étude de cas doit rapidement travailler sur son intelligence émotionnelle car il « nuit à son équipe, ce qui a un impact négatif sur les performances de son équipe et sur la productivité de l’entreprise.
En lisant cet article, sur la base des six comportements énumérés ci-dessus, vous pouvez faire votre auto-évaluation et permettre aux membres de votre équipe de vous évaluer sur une échelle de 1 à 5 (1 étant « pas du tout » et 5 étant « très ») en étant brutalement honnête avec vous-même.
Il est suggéré qu’une fois que vous connaissez votre score et celui donné par les autres, vous puissiez décider de travailler sur le comportement particulier pour lequel votre score est faible. Votre volonté de travailler sur ce comportement et de demander un retour honnête des autres peuvent améliorer considérablement votre intelligence émotionnelle. Vous serez alors sur la voie d’apprendre à «utiliser intelligemment vos émotions » pour obtenir des résultats positifs, augmenter vos performances et celles de votre équipe.

Conclusion
Diriger avec intelligence émotionnelle est une compétence-clé que nous pouvons tous acquérir soit au travers d’une formation ou du coaching. Tout leader ou organisation qui souhaite diriger efficacement et augmenter ses performances et celles de son équipe doit investir dans le développement de son intelligence émotionnelle, comme l’a déclaré Daniel Goleman : «Les PDG sont recrutés pour leur intelligence et leur expertise commerciale – et licenciés pour leur manque d’intelligence émotionnelle».
Nous proposons un nouveau titre pour un dirigeant d’une organisation – Directeur Général Emotionnellement Intelligent (DGEI) au lieu de Directeur Général (DG).
Patrick Sassou Abah-Dakou, fondateur et directeur général du Cabinet P&F Coaching International Coach, certifié en intelligence émotionnelle et en leadership. Consultant et facilitateur international. Il a formé plus de 700 cadres moyens et supérieurs de 19 entreprises dans plus de 18 pays d’Afrique et d’Europe en Intelligence émotionnelle et en leadership.