Procès François Beya : la défense accuse la haute Cour militaire de violer les droits de l’accusé

François Beya sans son habit de prisonnier

Le procès du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya, a fini par faire tomber le masque d’une parodie de justice qu’Étienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire a combattue.
En effet, lors de l’audience à huit clos du mardi 12 juillet 2022, le collectif des avocats de la défense vient de dénoncer une violation délibérée de la loi par la haute Cour militaire en repoussant le délai requis par la loi de 48 heures pour se prononcer sur la requête de la liberté provisoire à une semaine. Alors qu’à l’audience précédente du vendredi dernier, la haute Cour avait promis de respecter la loi.

Qu’est-ce qui a poussé la haute Cour militaire a repoussé la date d’avant-dire droit, en violation de la loi?
En l’absence d’une réponse convaincante, le collectif des avocats de François Beya fait état d’une main noire qui manipule la haute Cour militaire et la pousse à violer la loi et la Constitution de la RD Congo.
Tirant les conclusions que les droits de la défense ne sont pas garantis et qu’il y a des faits probants d’une violation délibérée de la loi, le collectif a récusé la composition de la haute Cour militaire et se retire de l’audience. En attendant, le président de la haute Cour a suspendu mardi l’audience jusqu’à une date qui reste à fixer.
Pour rappel, le conseiller spécial François Beya est poursuivi depuis le 5 février 2022 avec quatre de ses collaborateurs pour complot contre le Chef de l’Etat – une infraction dont le ministère public peine curieusement à réunir les éléments matériels.

Plus d‘inquiétude que d’informations précises
Arrêté à domicile par le patron de l’ANR, Jean-Hervé Mbelu, dont il était le supérieur hiérarchique, François Beya a été finalement déféré devant la haute Cour militaire
Hier tout puissant, le conseiller spécial du Président de la République en matière de sécurité, est devenu un prisonnier comme un autre, déjà remplacé par l’un de ses anciens assistants, Jean-Claude Bukasa, qui assure l’intérim.
Même si les communiqués officiels se contentent d’évoquer «des indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale», l’affaire Beya est loin d’être terminée, qu’il s’agisse de ses conséquences sur le plan intérieur et de la discrète inquiétude qui se manifeste dans les capitales étrangères.
En effet, celui que le président de la République appelait son «Spécial» et que l’opinion qualifiait de «Fantômas» faisait jusqu’à présent le lien entre le président sortant Joseph Kabila et son successeur Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir à la suite d’un «arrangement» dont Beya était l’un des seuls à connaître les modalités, commentait Colette Braeckman sur son blog.
Cet homme de l’ombre, vivant simplement, dérangeait sans doute le pouvoir actuel qui le soupçonnait d’avoir gardé le contact avec Joseph Kabila.
Colette Braeckman va plus loin en révélant que «l’une des causes visibles de la défaveur de Beya est le fait qu’il aurait utilisé ses prérogatives pour contrer Fortunat Biselele, dit Bifort», ce proche collaborateur de Félix Tshisekedi qui lui parle pratiquement au creux de son oreille
Ayant été empêché de quitter le pays par François Beya, «Bifort» s’était momentanément replié à Goma, mais il ne tarda pas à reparaître dans l’entourage du Président, protégé par l’épouse de ce dernier Denise Nyakeru, rappelait la journaliste belge
François Beya ayant navigué durant plus de trois décennies entre la diplomatie et le renseignement, facilité l’octroi de centaines de visas alors qu’il dirigeait la DGM (Direction générale de migration), fréquenté – toujours discrètement- diplomates et chefs d’Etat de la région et multiplié les missions de confiance, son sort ne laisse pas indifférents les pays voisins.
Venus du Gabon, du Togo, du Congo Brazzaville, de Luanda, d’Afrique du Sud, des messages arrivent à Kinshasa, des membres de loges maçonniques se mobilisent. En outre, les évènements qui secouent le Sahel sont suivis avec attention à Kinshasa et les contacts réguliers que François Beya entretenait avec le président de Centrafrique Faustin Archange Touadera, ont donné matière à réflexion : depuis Bangui, des Russes contribuent avec succès à la lutte contre les groupes armés…
En l’absence d’indices plus précis, la Justice peine à établir la culpabilité de François Beya. Son procès tourne finalement à un scénario mal écrit.

Econews