Retrait de la Monusco de la RDC : le Premier ministre belge, Alexander De Croo, appuie sur l’accélérateur

Pour le Premier ministre belge, Alexandre de Croo, la Monusco (Mission des Nations-Unies pour la stabilisation en RDC) a montré ses mlilites et n’a plus de raison de rester active sur le sol congolais. Selon lui, il est temps que la Monusco se retire de la République Démocratique du Congo et qu’elle soit remplacée par «autre chose». C’est la position portée mercredi par la Belgique, ancienne puissance coloniale de la RDC, au secrétaire général des Nations Unis, Antonio Guterres.
«Notre message est clair : la Monusco doit prendre fin et être remplacée par autre chose», a déclaré, le mercredi 21 septembre, Alexander De Croo au siège de l’ONU à New York aux Etats-Unis. Le chef du gouvernement du royaume de Belgique a estimé que la MONUSCO a échoué dans sa mission de protection de la population dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
«Une mission doit protéger le peuple congolais et veiller à ce que les conflits armés cessent et la Monusco n’a pas l’infrastructure et le mandat adéquats pour ce faire», a-t-il martelé. Et d’enrichir : «Nous avons aujourd’hui une mission de l’ONU qui est face à des groupes rebelles mieux équipés. Les casques bleus de l’ONU ont déjà commencé à se retirer du pays l’année dernière. Ce retrait devrait être finalisé d’ici 2024».
L’homme d’Etat belge soutient que les discussions sur la succession de la Monusco pourraient contribuer à améliorer les relations entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. De surcroît, il a rappelé que la Monusco opère en RDC depuis 1999 et est devenue l’opération la plus coûteuse jamais lancée par les Nations Unies, sans pour autant avoir mis fin à la violence dans l’Est du pays.
«Nous avons aujourd’hui une mission de l’ONU qui est face à des groupes rebelles mieux équipés», a ajouté M. De Croo. Par ailleurs, le Premier ministre belge estime que les discussions sur la succession de la Monusco pourraient contribuer à améliorer les relations entre le président congolais Felix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. Mardi 20 septembre à l’Assemblée générale de l’ONU, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a accusé son voisin d’agression» militaire «directe» et d’occupation» dans l’Est de la RDC via le soutien de Kigali à la rébellion armée du M23.

Pourquoi les Congolais ne veulent plus de la Monusco ?
Les Congolais, unis comme un seul homme, exigent le départ des troupes de la MONUSCO de leur pays. Depuis quelques mois, des manifestations hostiles se multiplient, particulièrement dans les grandes villes de l’Est, pour réclamer la fin de la mission onusienne.
«La MONUSCO est une mission des Nations Unies qui prône les droits de l’homme, qui prône le respect des textes légaux mais nous au Congo, notre Constitution parle de la souveraineté et nous sommes le peuple souverain. Et comme le mandat de la Monusco est de sécuriser les civils, nous les civils, nous ne voulons plus de cette protection», indiquait un activiste, interrogé par BBC. «Et voilà pourquoi, à la suite des incidents qui se sont produits à Kasindi, à Goma, à Butembo, on comprend que cette mission est maintenant une mission terroriste. Comment pouvez-vous nous forcer votre paix ? On ne veut pas votre sécurité », grondait-il.
Le Baromètre Sécuritaire du Kivu, une initiative qui suit de près le conflit, estimait, pour sa part, que le nombre de civils tués dans des attaques armées dans ces zones entre mai 2021 et août 2022 a doublé par rapport à l’année dernière, avec un bilan de 2.500 tués.
Le fait que certains de ces sites se retrouvent à proximité des camps des FARDC et de ceux de la Monusco «remettent en cause la capacité des forces de sécurité étatiques et internationales (Monusco) à protéger les populations civiles », alertait déjà le Cluster Protection dans une note de plaidoyer en date de février 2022.
«Les attaques répétées contre les sites entachent aussi la crédibilité et la réputation de tout le système humanitaire et de protection, dans la mesure où cela révèle le manque d’efficacité des mécanismes d’alerte et de plaidoyer, à même de prévenir ce genre d’attaques», indiquait le rapport.
«Les gens se demandent donc pourquoi nous devrions garder ces soldats de la paix de l’ONU ici alors qu’ils ne peuvent pas résoudre les problèmes d’insécurité avec notre armée», rappelait, de son côté, Patrick Muyaya, le porte-parole du Gouvernement congolais.
Pour toute réaction à la campagne de dénigrement dont elle fait l’objet, la Monusco argue que le rôle qu’elle a joué dans l’atténuation des actions des groupes armés en RDC est important.
«Il est important de noter à cet égard qu’il y a plus de 20 ans, quand les Casques bleues ont été déployés en RDC sous l’égide de la Monuc, le pays était en proie à des défis multiformes, y compris la présence d’armées étrangères et de groupes armés qui menaçaient la stabilité et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo », se défend toujours la Mission.

Que pourrait-il se passer maintenant ?
Dans une sortie médiatique, le ministre Patrick Muyaya avait laissé entendre que le Président Félix Tshisekedi avait «demandé au Premier ministre de préparer rapidement une table ronde entre le Gouvernement et la Monusco pour faire une sorte d’évaluation de ce qui a été fait, en particulier en ce qui concerne le plan de retrait, parce qu’il y avait un plan dont le point final serait le retrait des Casques bleus de la RDC».
Pour le porte-parole du Gouvernement, il était de leur devoir de considérer ce que pense le peuple congolais et «ensuite voir avec le personnel de la Monusco ce qui peut être fait pour s’assurer que nous atteignions le point de retrait de la force rapidement». Et de préciser : «Permettez-moi d’être clair sur ce point. Le plan que nous avons avec la Monusco est qu’elle doit se retirer avant la fin de 2024. Après cette réunion technique, nous pourrons voir s’il est possible de retirer la Monusco avant la fin de l’année 2024, mais cela dépendra de nos conversations. C’est le premier point ».
Pour rappel, c’est par un long processus que la MONUC s’est transformée en MONUSCO. Au commencement, la Mission de l’Organisation des Nations-Unies en RDC (MONUC) a été créée par la résolution du Conseil de sécurité 1279 du 30 novembre 1999, afin d’élaborer des plans en vue de l’observation du cessez-le-feu, signé en juillet 1999 à Lusaka entre la RDC et cinq États de la région (Angola, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe), et du désengagement des forces, et de maintenir la liaison avec toutes les parties à l´accord.
Au fil des ans, avec les réalités sur le terrain, le Conseil de sécurité des Nations Unies, par une série de résolutions, étendra le mandat de la Monusco au contrôle de l’application de l’accord de cessez-le-feu et lui attribuera plusieurs autres tâches connexes. Le 18 décembre 2020, avec l’adoption de la résolution 2556, des priorités stratégiques ont été attribuées à la mission.

Econews