Productivité des travailleurs, rendement des écoliers… : à Kinshasa, les embouteillages virent au cauchemar

Circuler dans la ville de Kinshasa est devenu un véritable casse-tête, dont le coût devient inestimable autant pour les travailleurs que les écoliers. Quel est l’impact des embouteillages sur le rendement des enfants à l’école et la productivité des travailleurs, tout secteur confondu ? A Kinshasa, face à la passivité de l’Etat, démissionnaire sur toute la ligne, les embouteillages virent au cauchemar, occasionnant un énorme manque à gagner pour les entreprises et une source de démotivation pour les écoliers.

Se déplacer dans la ville de Kinshasa relève de l’exploit. Chaque jour, des milliers de travailleurs et d’écoliers se retrouvent piégés dans des embouteillages interminables qui paralysent la capitale congolaise. La circulation est devenue un véritable casse-tête, et les répercussions sur la productivité des travailleurs ainsi que le rendement scolaire des enfants sont préoccupantes.

UN IMPACT DIRECT SUR LE RENDEMENT SCOLAIRE DES ENFANTS

Visiblement dépassé par l’ampleur du phénomène, un parent s’interroge : «Je suis curieux de connaître l’impact des embouteillages sur le rendement des enfants à l’école. Sont-ils optimistes ou déjà défaits le matin avant même d’arriver à l’école? Comment abordent-ils la journée à l’école? Se révoltent-ils en route en voyant les bouchons ou ils sont gagnés par la fatalité et se sont résignés à subir la situation comme nous, les parents? À quel état psychologique se trouvent les enfants de 11 à 14 ans qu’on réveille à 4 heures du matin pour une école qui ouvre à 7h30 et qui est à 10 minutes de la maison? Comment est-ce que nos enfants évaluent la distance aujourd’hui? Comment leur expliquer que c’est ok d’arriver à la maison à 15 heures alors que l’école est finie depuis 12h30? Comment un enfant va avoir de l’ambition quand, par l’attitude des adultes, les embouteillages sont un fait normal et on s’en accommode alors qu’ils représentent la faillite de la gestion de la ville et du pays? »

Pour les écoliers de Kinshasa, le quotidien est un combat contre le temps. Des heures passées dans des véhicules bondés ou des motos-taxis encombrés affectent leur ponctualité et leur concentration en classe. Selon certains enseignants interrogés, la fatigue accumulée par les trajets est telle que bon nombre d’enfants arrivent en retard, épuisés et démotivés. Ces conditions rendent difficile l’apprentissage et diminuent la capacité de rétention des élèves. «C’est impossible de s’attendre à de bons résultats scolaires quand nos enfants arrivent exténués à l’école », déplore un parent d’élève.

La situation entraîne également des absences répétées. En période de forte pluie ou de manifestations, des quartiers entiers se retrouvent coupés du reste de la ville, et certains enfants manquent plusieurs jours d’école. Le manque de régularité devient un obstacle majeur au suivi des cours et à la progression académique.

LA PRODUCTIVITE DES TRAVAILLEURS EN BERNE

Les travailleurs de Kinshasa, qu’ils soient dans le secteur privé ou public, subissent eux aussi les effets de cette congestion. Arriver à l’heure au travail devient un défi quotidien, et pour beaucoup, cela engendre des tensions avec les employeurs. La productivité en prend un coup, les retards fréquents ayant des répercussions sur les performances globales des entreprises. D’après plusieurs entreprises locales, les embouteillages sont à l’origine de pertes financières conséquentes, car chaque minute passée dans les bouchons est du temps non productif.

Les travailleurs du secteur informel ne sont pas épargnés non plus. En raison des retards et de l’instabilité des horaires, nombre d’entre eux constatent une baisse de leurs revenus quotidiens. Par ailleurs, le stress lié aux conditions de déplacement a des impacts sur la santé physique et mentale, influant à long terme sur leur performance au travail.

UNE PASSIVITE DE L’ÉTAT QUI EXASPERE

La gestion du trafic à Kinshasa est, selon de nombreux habitants, marquée par la passivité des autorités. Les infrastructures routières, vieillissantes et inadaptées, ne répondent plus aux besoins d’une ville en pleine croissance démographique. À cela s’ajoutent des actions sporadiques et un manque de vision stratégique pour résoudre ce problème devenu chronique. Beaucoup de Kinois estiment que l’État a démissionné et les a laissés sans solutions viables face à la crise de mobilité.

Pensant résoudre le problème des embouteillages avec la circulation alternée, les dernières mesures ont plutôt empiré la situation, condamnant les Kinois à une marche à pied forcée.

Plusieurs propositions ont été avancées par des experts pour améliorer la situation : réhabilitation des routes, création de voies prioritaires pour les transports en commun, ou encore mise en place de transports en commun modernes et sûrs. Mais sans volonté politique claire, les perspectives de changement demeurent limitées.

Au-delà des conséquences sur les individus, les embouteillages à Kinshasa ont un coût économique non négligeable. Le manque de productivité et les pertes de temps entraînent un manque à gagner pour de nombreuses entreprises, affaiblissant ainsi l’économie locale. Les coûts indirects, tels que l’usure prématurée des véhicules et la consommation excessive de carburant, pèsent également lourdement sur les finances des familles et des entreprises.

Tout compte fait, les embouteillages de Kinshasa ne sont pas seulement une nuisance pour les habitants; ils constituent une entrave sérieuse au développement de la capitale. Une action urgente et soutenue de la part des autorités est nécessaire pour offrir aux Kinois des conditions de mobilité décentes, favorisant ainsi l’épanouissement scolaire des enfants et une meilleure productivité des travailleurs.

En attendant, la population continue de subir les conséquences d’une inaction étatique face à un problème qui devient chaque jour un peu plus intolérable.

Hugo Tamusa

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