Gouvernement Suminwa : l’épineuse équation des autorités morales

Lentement mais sûrement, l’échéance de la formation du Gouvernement Judith Suminwa pointe lentement à l’horizon. Si tous les chefs des partis et regroupements politiques s’accordent à la sortie de leur « consultation » auprès de la Première ministre sur la réduction du train de vie des institutions, les avis divergent cependant sur la taille du Gouvernement. Une gageure à laquelle la cheffe du gouvernement doit faire face et qui déterminera sa marche à suivre dans la conduite des affaires gouvernementales. Sa seule voie de sortie restant un compromis honnête avec le Chef de l’Etat. Ou Félix Tshisekedi apporte un soutien sans faille à sa Première ministre et lui laisse les mains libres ; ou il cherche à « remercier » les uns et les autres pour « services rendus » et condamne la première femme nommée à la Primature à tourner les pouces dans un cabinet dont les fils conducteurs lui échappent. Comment gérer les chefs des partis et regroupements politiques membres de la majorité parlementaire ? C’est la grande inconnue qui se présente à Mme la Première ministre.

La Première ministre Judith Suminwa Tuluka poursuit les consultations des forces politiques débutées le 12 avril dernier. Annoncées pour durer une semaine (jusqu’au 19 avril), elles connaissent une forte affluence qui s’explique par la multitude d’ambitions affichées principalement par les partis et regroupements politiques de l’Union sacrée de la Nation après l’identification de la majorité parlementaire-présidentielle à l’Assemblée nationale.

Déjà, Judith Suminwa a annoncé les couleurs et décliné les cinq axes sur lesquels elle compte s’appuyer pour former une équipe qui se démarquerait des gouvernements antérieurs. Son gouvernement comprendrait 45 membres, Première ministre comprise.

Elle ne souhaite pas la présence au sein de l’Exécutif d’ « Autorités morales » de partis et de regroupements politiques. Les partis doivent présenter 3 candidatures par poste, les candidatures féminines étant fortement encouragées. Ils (les partis) doivent également privilégier l’émergence de «jeunes compétents».

Enfin, la répartition des postes se fera selon «le poids politique et les profils des candidatures présentées ».

VISIONS DIVERGENTES

Parmi les premiers à être reçus par Judith Suminwa à l’Hôtel du gouvernement, Modeste Bahati et Vital Kamerhe. Le premier, président sortant du Sénat et le second, proche allié du chef de l’Etat et député élu après avoir été Vice-premier ministre chargé de l’Economie, ont des visions manifestement divergentes.

Selon Bahati, « Il faut réduire la taille du Gouvernement car on doit réduire le train de vie des institutions ». Ce à quoi Kamerhe estime qu’«il faut un gouvernement à la taille du pays ». Deux approches caractéristiques du casse-tête insoluble qui attend l’ancienne ministre du Plan.

Elle sera en effet appelée à slalomer entre d’une part, ses convictions personnelles dictées peut-être par une volonté affirmée de faire autrement les choses et de l’autre, batailler contre les appétits non dissimulés de l’UDPS qui, quoique déjà assurée de dix portefeuilles ministériels, ne sera pleinement satisfaite que par la distribution de postes à ses alliés qui ne se recrutent pas nécessairement parmi les formations proches des « Autorités morales » se réclamant de leur proximité avec le Chef de l’Etat.

LA GRANDE INCONNUE

La refonte de quelque 900 partis politiques fédérés en «regroupements politiques » à la veille des élections générales de décembre 2023 a vu l’apparition dune bonne soixantaine d’«Autorités morales » se recrutant parmi les «présidents-fondateurs» des partis dominants. Les seuls capables de financer les campagnes électorales de leurs alliés, et ce faisant, seuls habilités à engager leur plateforme et par ricochet, à présenter les ambitions de tous.

La gestion des chefs des partis et regroupements politiques membres de la majorité parlementaire est une priorité pour Mme la Première ministre. Face à cette grande inconnue, la Première ministre a décidé de consulter les forces politiques de la majorité parlementaire jusqu’au vendredi 19 avril 2024.

Cette démarche vise à renforcer l’unité gouvernementale et à consolider les liens entre les différents acteurs politiques qui soutiennent le gouvernement en place. En effet, la cohésion au sein de la majorité parlementaire est essentielle pour assurer la stabilité politique et mener à bien les réformes et initiatives gouvernementales.

Au terme de ces consultations, il est attendu que des orientations claires et des mesures concrètes soient prises pour consolider l’unité et l’efficacité de la majorité parlementaire. La capacité de Mme la Première ministre à gérer les chefs des partis et regroupements politiques membres de la majorité parlementaire sera déterminante pour la réussite de son mandat et la mise en œuvre de son programme politique.

Pour avoir été elle-même membre du gouvernement, Judith Suminwa est consciente d’avoir siégé au Conseil des ministres avec une ribambelle d’ «Autorités morales» dont il a pu mesurer les compétences managériales des uns, mais aussi les capacités de nuisance des autres.

En prenant la résolution de s’entourer d’une équipe exempte d’«Autorités morales», la Première ministre lance un message sans ambigüité au chef de l’Etat. Au mieux, ce dernier accède à son choix et elle peut espérer asseoir avec assurance son autorité. Au pire, si Félix Tshisekedi cède aux chants des sirènes des vieux requins ex-kabilistes après avoir servi le Maréchal-Dictateur, Judith Suminwa n’en serait plus réduite qu’à jouer le rôle de son prédécesseur, recevant des caucus des députés vindicatifs, suivis d’interminables séances photos ou, à l’occasion, représenter la «Haute Hiérarchie» dans des sommets sans intérêt à l’étranger.

Econews

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*