«Plus de 45» jeunes massacrés à Kilobelobe : «Le Katanga est sous le choc et sous haute tension sociale», alerte Mgr Fulgence Muteba

Dans le Haut-Katanga, les révélations s’enchaînent autour du massacre de Kilobelobe, un quartier périphérique de la ville de Lubumbashi.

Si le gouvernorat a fait état de huit morts, l’archevêché de Lubumbashi, avec Mgr Fulgence Muteba en tête, a présenté un bilan, avec des noms des victimes en appui, sensiblement en hausse. Si l’archevêque de Lubumbashi s’est refusé de s’engager dans une bataille des chiffres, il a fait part néanmoins d’au moins 45 jeunes, présentés comme militants de l’UNAFEC, tués dans des conditions non encore élucidées.

«Ce qui s’est passé à Kilobelobe n’est pas à minimiser, encore moins à masquer. On aurait tort de le banaliser, comme si la vie des jeunes trépassés ne comptait pas. Des vies humaines…», a alerté Mgr Fulgence Muteba, dans son homélie, vendredi à Lubumbashi, à la messe des morts de la JUNAFEC (Jeunesse de l’UNAFEC).

L’archevêque de Lubumbashi ne cache pas ses inquiétudes au regard des tensions crées dans la province, après ce massacre des jeunes : «Assurément, comme une marmite au feu qui bout, le Katanga est sous le choc et sous haute tension sociale. La tension est vive. Il faut être aveugle pour ne pas s’en rendre compte ».

PROTÉGER L’HONORABLE PABLO NGWEJ

Premier à lancer l’alerte de ce massacre des jeunes dans la périphérie de Lubumbashi, le député provincial du Haut-Katanga, Pablo Ngwej, est traqué de toutes parts, indique un communiqué de l’ONG JUSTICIA ASBL qui appelle les autorités provinciales à garantir la sécurité de l’élu provincial.

«JUSTICIA Asbl, une organisation de promotion et de protection des droits humains, du droit humanitaire et développement basée en République Démocratique du Congo, suit avec une attention soutenue la dégradation de la situation sécuritaire dans cette partie du pays et plus spécialement les attaques des domiciles dont le député provincial du Haut-Katanga, Pablo Ngwej, est parmi les victimes », dit l’ONG dans un communiqué daté du 15 avril 2023.

JUSTICIA Asbl relate les faits portés à sa connaissance en ces termes : «En effet, selon des éléments audio publiés sur les réseaux sociaux et les témoignages de ses voisins, la résidence du député provincial, l’Honorable Pablo Ngwej, ancien Vice-président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga de 2019 à 2022, a été l’objet d’une attaque armée des personnes portant des armes et des insignes militaires, pour la première fois dans la nuit du vendredi à samedi 9 avril 2023 aux alentours de 21 h 00 en faisant des va-et-vient devant sa parcelle. Il n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des éléments de la patrouille. La seconde attaque est intervenue le 13/04/2023 vers 15 h00, heure à laquelle d’autres personnes identifiées comme portant des casquettes militaires et des armes, auraient tiré deux coups de feu en l’air et tabassé copieusement une voisine dont le frère aurait été amené par les mêmes personnes quelques heures avant l’arrivée d’un renfort sollicité par l’honorable Pablo Ngwej ».

Et d’enchaîner : «Pour rappel, lors de la prise de parole devant l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, l’Honorable Pablo Ngwej avait dénoncé les assassinats du 28 mars 2020 au 27 avril 2021, des massacres des civils par des hommes en uniforme, de 2021 à ce jour, une situation d’insécurité caractérisée par des vols avec effraction des résidences, des enlèvements des personnes retrouvées ligotées, tuées et mises dans les sacs et jetées dans différentes rivières de la ville de Lubumbashi, des kidnapping des femmes et enfants, les massacres du 23 mars 2023 des jeunes de l’UNAFEC,… Selon l’Honorable Ngwej, lui-même, les attaques de sa résidence seraient consécutives à ses prises de position sur ces différents cas d’insécurité ».

JUSTICIA Asbl relève, pour sa part, que « la répétition de ces attaques armées à la résidence d’un député provincial constitue un élément de plus qui démontre non seulement de la recrudescence de l’insécurité dans la ville, mais également un signe que les services de sécurité chargés de la protection des personnes et de leurs biens, peinent à mettre en place des politiques qui garantiraient la paix et la sécurité aux paisibles citoyens ».

Eu égard à ce qui précède, JUSTICIA Asbl recommande : «Au président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, de mettre urgemment en place une commission parlementaire chargée d’apporter une clarification sur ces incidents sécuritaires qui risquent de porter atteinte à la vie de l’Honorable Pablo Ngwej, aux membres de sa famille ainsi qu’à ses voisins; au Gouvernement provincial du Haut-Katanga, de tout mettre en œuvre pour éradiquer l’insécurité dans la ville de Lubumbashi et ses environs, de veiller à la protection de l’Honorable Pablo Ngwej en renforçant sa sécurité pour qu’aucune situation désagréable ne lui arrive; à l’auditorat militaire garnison de Lubumbashi, d’ouvrir une enquête judiciaire pour mettre la main sur les personnes armées qui insécurisent la résidence de l’Honorable Pablo Ngwej ainsi que ses voisins ».

FRANCIS N.