Kinshasa : le cardinal Fridolin Ambongo met les prêtres géniteurs devant leur responsabilité

L’Eglise catholique en République démocratique du Congo ne veut apparemment porter le chapeau de certains péchés au sein du clergé. C’est dans cette optique que la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) vient, à l’issue de son assemblée plénière du 4 mars 2022, de sortir au grand jour un comportement gardé longtemps secret : l’hypocrisie générale des prêtres en matière de célibat ou de chasteté cléricale. C’est ainsi que, dans sa correspondance adressée à l’église locale, la CENCO appelle, sans aucune distinction, à la prise de conscience de tous les prêtres congolais qui ont des enfants. A défaut, a-t-elle martelé, les récalcitrants se verront renvoyés de l’Eglise catholique en République démocratique du Congo. L’archevêque métropolitain  de la ville de Kinshasa n’a pas hésité un seul instant d’emboîter le pas à la CENCO.

Le centre catholique Nganda situé dans la commune de Kintambo à Kinshasa a servi de cadre, mardi 5 avril 2022, à une réunion présidée par le cardinal Fridolin Ambongo, à l’attention  des prêtres de son ressort.

Parmi les vrais problèmes de l’église locale prévus à l’ordre du jour de cette rencontre figure la situation des prêtres ayant des enfants, un phénomène ayant pris de plus en plus des allures inquiétantes au sein de l’église catholique en République Démocratique du Congo.

Etant donné que l’église catholique privilégie la paternité,  le cardinal a demandé, à chaque prêtre, dans l’hypothèse où il aurait des enfants, d’aller s’occuper scrupuleusement de sa progéniture.

En effet, a-t-il fait savoir, des rumeurs faisant état des prêtres ayant des enfants se répandent de plus en plus comme une traînée de poudre d’un  coin à l’autre de la RDC. Alors que la consécration à la prêtrise catholique est conditionnée par un vœu de chasteté et du célibat.

A Kinshasa, des jeunes abbés et autres prêtres âgés sont soupçonnés de faire la cour aux femmes dont certaines seraient leurs propres paroissiennes.

Des témoignages anonymes renseignent que ces ministres de Dieu ont effectivement des enfants qu’ils prennent en charge. Ces aventures se passent dans la discrétion et en complicité avec leurs belles familles.

En outre, des anciennes sœurs religieuses ayant logé dans des couvents paroissiaux et autres témoignent de leurs fréquentations sexuelles avec des religieux.

Renvoyées du ministère pour avoir été rendues grosses, certaines d’entre elles sont aujourd’hui épousées par les prêtres auteurs des grossesses ou les laïcs qui les courtisaient pendant qu’elles portaient encore la tenue de femme faisant profession de charité.

Face à cette situation, les évêques veulent faire le ménage au sein de l’église catholique dans un pays comme la RDC où 40% de la population y appartient.

Ainsi la déclaration de la CENCO intitulée «A l’école de Jésus-Christ. Pour une vie sacerdotale authentique», s’adresse aux prêtres catholiques leur rappelant le serment de chasteté sacerdotale fait lors de leur ordination.

Le document de 19 pages signé par les évêques de 47 diocèses de la RDC est donc un appel au respect du droit des enfants et des personnes vulnérables. Car, nombre de ces enfants nés d’une union avec un prêtre sont  marginalisés et indexés comme fruit du péché.

Les évêques ne se sont pas seulement contentés d’interpeller les prêtres contrevenants, mais aussi d’évoquer des sanctions allant à leur renvoi de l’église catholique.

Véron Kongo