CENI : en attendant les avions et hélicoptères « angolais », le casse-tête chinois de Denis Kadima

Plus que dix jours à peine restent à courir avant la tenue supposée des élections générales du 20 décembre 2023 en RD Congo, dont l’emblématique présidentielle à un tour unique. Pendant que la campagne électorale bat son plein, cristallisant les passions autour de deux candidats à la magistrature suprême qui peuvent s’offrir sans difficulté des aéronefs, sillonnant sans relâche les provinces et tenant le même discours qui à la longue finit par lasser une opinion qui n’est pas loin de s’en trouver blasée, la Centrale électorale est au centre d’une controverse qui enfle à mesure que se rapproche la date fatidique.  Nul ne saurait dire avec certitude si la CENI sera en mesure de déployer le matériel électoral dans le court laps de temps qui lui reste. Le gouvernement angolais aurait accepté la demande de Kinshasa de venir à sa rescousse en envoyant des avions de type Antonov et hélicoptères pour assurer la logistique de la CENI. 

Depuis sa demande adressée au président de la République le 5 décembre, dans laquelle le président de la CENI formulait l’urgence pour la Centrale électorale de l’acquisition  de quatre avions (des Antonov 26) et d’une dizaine d’hélicoptères destinés à assurer la logistique des opérations électorales, les choses se sont accélérées. Sautant sur l’occasion, l’opposant et candidat-président de la République Moïse Katumbi a aussitôt offert de mettre à la disposition de la CENI des appareils loués à ses frais auprès d’une société sud-africaine.

Un simple effet d’annonce, sachant que sa mansuétude (intéressée) avait fort peu de chances d’être agréée par le camp présidentiel avec lequel, et c’est peu de le dire, il est loin d’avoir des atomes crochus. Le leader d’Ensemble pour la République a dès lors beau jeu de dénoncer au cours de ses meetings de campagne (comme ce samedi à Kinshasa) la mauvaise foi des membres de l’Exécutif qui lui auraient refusé des autorisations, allant jusqu’à confisquer tous les stocks de kérosène au profit des déplacements du seul candidat Tshisekedi.

LE CASSE-TÊTE LOGISTIQUE 

Malgré tout, un début de solution se dessine petit à petit. Des nouvelles en milieu de la semaine écoulée font état de l’agrément du gouvernement angolais qui viendrait soulager les soucis d’une commission électorale à bout de souffle en dépit de l’optimisme chevillé au corps de Denis Kadima. Luanda serait ainsi disposé à mobiliser son armée de l’air qui viendrait à la rescousse de la CENI dont une parie du matériel de vote traînerait encore auprès du fabricant sud-coréen Miru Systems.

Si à la CENI l’on a poussé un ouf de soulagement à l’arrivée il y a une semaine d’environ 90 tonnes de documents électoraux de… Chine, le Sud-Africain sollicité n’ayant pas donné de suite favorable, l’équation demeure entière. Il s’agit de  les acheminer dans un délai ultra-court aux centres de vote disséminés à travers le pays dont certains dans des sites d’accès difficile en raison du mauvais état des routes sur lesquelles  la nature a repris ses droits sur des dizaines voire des centaines de kilomètres.

L’autre gageure, et non des moindres, est que des avions militaires ne sont jamais déployés  sur un simple claquement des doigts; des préalables sont requis avant que l’armée de l’air angolaise ne dépêche ses appareils en République Démocratique du Congo, dont la mise à disposition d’une confortable réserve de carburant et de l’installation des équipes de mécaniciens spécialisés sur des aéroports et aérodromes dédiés.

L’INÉVITABLE LÉGER REPORT

Le déploiement des appareils angolais sera en fait différent de l’assistance apportée par la MONUSCO jadis, lors des scrutins antérieurs. Mais la mission onusienne est sur le départ et il serait indélicat de solliciter son implication dans un processus électoral mal maîtrisé. Ne serait-ce que pour sauver la face.

Tout ceci réuni débouche sans conteste sur la recherche impérieuse d’un consensus entre toutes les parties prenantes sans parti-pris ni animosité, et convenir d’un léger report de la date des scrutins. Après tout, la présidentielle et les législatives nationale et provinciale de décembre 2018 avaient connu un léger report d’une semaine.

Initialement prévues le 23 décembre, leur tenue effective était intervenue le 30 décembre avec le résultat connu de tous.

M.M.F.