Assemblée provinciale de Kinshasa : le ticket USN l’emporte au bureau définitif

Après plusieurs reports, l’Assemblée provinciale de Kinshasa a pu élire son bureau définitif. Un enfantement dans la douleur, dans la mesure où le président du bureau provisoire ne l’entendait pas ainsi, arguant d’un manque de fonds nécessaires à l’organisation du vote. Avec ses homologues de l’ACP, parti politique du gouverneur sortant Gentiny Ngobila, il a cru bon de boycotter la plénière présidée par le premier secrétaire de l’APK. Une erreur sans doute, car au cas où le président Mbokoso et les élus ACP auraient pris part au vote, les résultats auraient revêtu un autre aspect. Il n’empêche que les regards restent à présent tournés vers l’élection du gouverneur et du vice-gouverneur de la ville de Kinshasa le 29 avril prochain, à laquelle sont alignés une bonne dizaine de candidats venus de divers horizons. 

L’Assemblée provincial de Kinshasa dispose désormais depuis le samedi 20 avril de son bureau définitif. Les cinq membres ont été élus au terme d’une séance plénière à rebondissements, marquée notamment par la bouderie du président du bureau provisoire Mbokoso Amous Kempay. Ce dernier en effet avait annoncé la veille l’impossibilité de tenir le scrutin, arguant de « manque de moyens financiers ».

Une frange importante des députés s’était opposée à la proposition du report, accusant le président Mbokoso de chercher à se maintenir à tout prix au pouvoir afin de protéger la mauvaise gestion de son leader, le gouverneur sortant de la ville, Gentiny Ngobila. Très remonté, l’un d’eux a déclaré : «Ils veulent tout faire pour imposer à la présidence de l’APK leur candidat, l’actuel président du bureau provisoire, pour combler les trous. Celui qui est président fut ministre des Transports, du Budget et ils savent que ce qu’ils ont fait pour tuer la ville de Kinshasa…. Comme ils ont tué la ville, ils veulent nous amener le désordre de leur parti politique ici».

Passant outre, les députés se sont finalement réunis en séance plénière élective sous la direction du premier secrétaire de l’Assemblée provinciale Daniel Iyeli. Le résultat sorti des urnes a fait la part belle au «ticket» de l’Union sacrée. Lévi Mbuta (4AC), Germaine Tshiniama Mpemba (ANB), André Nkongolo (AFDC), Clovis Samaba (MLC) et Socrates Mubengaie (UDPS) ont été respectivement élus président, vice-présidente, rapporteur, rapporteur adjoint et questeur.

L’élection des candidats USN à l’Assemblée provinciale de Kinshasa laisse dans une certaine mesure augurer du même scénario qui pourrait se répéter lors du choix du gouverneur de la ville de Kinshasa le 29 avril prochain. Cependant, à considérer que les élus du parti de Gentiny Ngobila, par solidarité avec le président du bureau provisoire ayant boycotté la séance, et le score réalisé par le candidat indépendant Jésus-Noêl Sheke (20 voix sur 43 votants), le jeu reste ouvert et une surprise n’est pas à écarter.

LA JURISPRUDENCE KIMBUTA

Dans une assemblée majoritairement dévolue à la force politique au pouvoir, les voix récoltées par le député Sheke est interpellateur. Il est le signal de l’existence d’opinions dissonantes au sein même de la majorité. Une réalité qui va de soi au regard de la configuration des regroupements politiques aux idéologies pas nécessairement concordantes. Bien plus, il y a lieu d’affirmer ici que le «mot d’ordre» affiché par le présidium de l’USN n’a pas été intégralement suivi.

Dans cette optique, l’enjeu de l’élection du gouverneur et du vice-gouverneur de la ville de Kinshasa le 29 avril n’est pas à l’abri des surprises. Les tenants de cette thèse avancent volontiers la jurisprudence André Kimbuta. En effet, l’élection en 2007 au suffrage indirect de ce membre du PPRD par une assemblée majoritairement acquise à l’opposition avait créé la plus grande des surprises.

Certains y virent alors la manifestation d’une corruption à grande échelle, les députés provinciaux étant accusés à tort ou à raison de monnayer au prix fort leurs voix. Pourtant, il se trouve parmi eux des personnalités intègres dont le vote est en mesure de se libérer des diktats des « autorités morales» et de suivre leur propre conscience.

Ils en veulent pour preuve le cas du Kasaï Central, où le «ticket» de l’UDPS a ét é rejeté par les députés provinciaux. Le parti présidentiel est sanctionné par les élus locaux pour la non tenue de multiples promesses par leur leadership, plongeant la ville de Kananga en particulier et la province en général dans un indicible état de sous-développement.

LE SPECTRE OMNIPRESENT DE LA CORRUPTION 

La mise en place des institutions provinciales devant culminer avec l’élection des gouverneurs de province soulève des appels à lutter contre la corruption des élus. Des organisations de la société civile et des mouvements citoyens ont lancé samedi une campagne pour interpeller la conscience des députés-électeurs.

Une initiative dénommée «Lobela député» vise à appeler ces derniers à un vote utile et responsable. Les congolais doivent exercer des pressions sur leurs élus pour qu’ils votent selon la volonté populaire et pour une gouvernance de qualité.

«C’est pour interpeller les députés à prendre conscience du fait que le gouverneur qu’ils vont voter n’est pas leur gouverneur, mais c’est le gouverneur de la population, à qui il doit rendre service et de qui nous attendons des services et des comptes par rapport au mandat que nous lui donnons, via les députés provinciaux», indique l’un de ses initiateurs.

MWIN M. F.

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