Candidat président de la République, Katumbi rompt avec Tshisekedi et met les ministres « Ensemble » dans l’embarras

Entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, la rupture est totale

Entre le Président de la République, Félix Tshisekedi, et Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, les rapports n’étaient plus au beau fixe depuis un temps. Les deux hommes ne se côtoyaient presque plus. Le divorce était donc consommé. Mais, de part et d’autre, l’on continuait à s’observer, en attendant que l’un franchisse enfin le Rubicon. Ce samedi, Katumbi l’a fait. Entre lui et Tshisekedi, la page est définitivement tournée. C’est en adversaire politique que Katumbi se présente désormais face au Président Félix Tshisekedi. Pour l’instant, le Chef de l’Etat peut encore compter sur Jean-Pierre Bemba du MLC qui lui reste encore fidèle.

Enfin, Moïse Katumbi a pris le devant en rompant, le plus officiellement du monde, avec le Président Félix Tshisekedi, le même à qui il avait donné les béquilles fin 2020 pour s’affranchir du FCC de Joseph Kabila.

« Chassez le naturel, il revient au galop », dit-on. C’est le moins que l’on puisse dire avec le nouveau divorce entre Tshisekedi et Katumbi, après le premier acte qui s’est joué en novembre 2019 à Genval, en Suisse.

C’est sur le plateau de France 24 que Katumbi a décidé de prendre samedi ses distances avec Tshisekedi, annonçant, par la même occasion, sa candidature à la présidentielle du 20 décembre 2023.

Le chairman d’Ensemble pour la République motive sa décision en ces termes : « La situation est chaotique je dois sauver un peuple en danger, Je serai Candidat à l’élection présidentielle de 2023. Bye bye à l’Union Sacrée de Félix Tshisekedi ».

L’histoire se répète

Comme en 2015, Moïse Katumbi s’est rabattu sur une stratégie qu’il maitrise bien, mais qui, reconnaissons-le, n’a jamais joué en sa faveur.

On se rappelle qu’en 2015, une année avant les élections initialement prévues en 2016 sous la présidence de Joseph Kabila, Katumbi avait décidé de prendre ses distances avec le PPRD  en faisant recours à cette métaphore de « 3ème faux pénalty ». La suite lui a été fatale, condamnée à l’exil et empêché de se présenter à la présidentielle de décembre 2018. Bref, Katumbi avait perdu sur tous les tableaux. Son soutien politique à Martin Fayulu, candidat unique de l’opposition, n’a pas non plus été payant

Comme si l’histoire devait se rabattre, revoilà Katumbi revenir avec la même stratégie pour se positionner à la prochaine présidentielle de 2023.

Il refait à Tshisekedi ce qu’il avait fait auparavant à Joseph Kabila, c’est-à-dire déclarer le divorce et se déclarer candidat président de la République. A l’époque, Kabila lui a fermé les portes du Palais de la nation en multipliant des procès contre lui, jusqu’à le contraindre à l’exil. Avec Tshisekedi, on risque de revivre le même scenario. D’ores et déjà, Moïse Katumbi est en ballottage défavorable dans le procès qui l’oppose au Français Beveraggi, visiblement soutenu dans ce duel par le pouvoir en place à Kinshasa.

C’est dire que Katumbi doit se préparer à vivre une période troublée où des flèches empoisonnées lui seront lancées pour l’affaiblir davantage. En cette matière, Tshisekedi a une meilleure longueur d’avance.

Le sort des ministres « Ensemble pour la République »

Katumbi parti, on s’interroge maintenant sur le sort des ministres «Ensemble pour la République». Si certains, à l’instar de Christophe Lutundula, VPM des Affaires étrangères, Muhindo Nzangi de l’ESU et Modeste Mutinga des Affaires sociales ont déjà tourné le dos à « l’homme de Kashobwe », il y a des indécis tels que Christian Mwando du Plan et Chérubin Okende des Transports qui lui avouent encore une certaine allégeance. Pour combien de temps encore ? C’est tout le problème.

Le divorce aura certainement des conséquences sur le jeu politique au sein de l’Union sacrée de la nation.

Le plus évident est que Katumbi vient d’allonger la liste des déçus de l’Union sacrée. Il rejoint Jean-Marc Kabund et, peut-être, Vital Kamerhe de l’UNC, de plus en plus aphone depuis un temps.

A une année des élections, on doit s’attendre à des grands bouleversements sur la scène politique congolaise.

Econews