Emmanuel Macron préside un conseil de défense consacré au coup d’État au Niger

Le président français Emmanuel Macron doit ouvrir dans l’après-midi de samedi un Conseil de défense et de sécurité nationale spécial consacré à la situation au Niger, où le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle à l’origine de la chute du président élu Mohamed Bazoum, s’est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays. Dimanche, « un sommet spécial » de la Cédéao, à laquelle appartient le Niger, se tiendra à Abuja pour évaluer la situation.

Après le coup d’État qui a vu le chef de la garde présidentielle prendre le pouvoir au Niger, le président Emmanuel Macron va présider, samedi 29 juillet à 15 h, un Conseil de défense et de sécurité nationale consacré à ce pays, a annoncé l’Élysée vendredi 28 juillet.

Le dirigeant français, qui doit rentrer d’Océanie dans la nuit de vendredi à samedi, a déjà condamné « avec la plus grande fermeté » le coup d’État qui a renversé mercredi Mohamed Bazoum.

« Ce coup d’État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région », a souligné Emmanuel Macron. « C’est pourquoi nous appelons à la libération du président Bazoum et à la restauration de l’ordre constitutionnel », a-t-il déclaré de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le ministère des Affaires étrangères français a pour sa part affirmé que la France « ne reconnaît pas les autorités » issues du putsch mené par le général Abdourahamane Tiani.

Un coup d’État justifié par « la dégradation de la situation sécuritaire », selon le général Tiani

Le général Tiani s’est présenté vendredi à la télévision publique comme « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie », après un coup d’État qu’il a justifié par « la dégradation de la situation sécuritaire » dans le pays.

Ce haut gradé discret commande la garde présidentielle depuis sa nomination en 2011 par Issoufou Mahamadou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.

Sa prise de parole est intervenue au troisième jour de la séquestration du président déchu dans sa résidence privée située à l’intérieur du camp militaire de la Garde présidentielle, dont les commandants figurent parmi les putschistes.

Condamnations internationales

Après Paris, Washington a réagi dans la nuit de vendredi à samedi par la voix de son chef de la diplomatie, Antony Blinken, qui a assuré le président nigérien Mohamed Bazoum de « l’indéfectible soutien » des États-Unis lors d’un appel téléphonique, selon son porte-parole Matthew Sullivan.

Antony Blinken a souligné que le coup d’État mettait en péril « des centaines de millions de dollars d’aide », mais que les États-Unis continueraient d’œuvrer à la « pleine restauration de l’ordre constitutionnel et de la gouvernance démocratique au Niger ».

Quelles sont les forces occidentales présentes au Niger ?

Dimanche, « un sommet spécial » de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se tiendra à Abuja, au Nigeria, pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

Plusieurs pays africains et l’ONU ont également demandé la libération de Mohamed Bazoum. À Nairobi, le président kényan William Ruto a estimé qu’avec ce coup d’État, « l’Afrique a subi un sérieux revers dans ses avancées démocratiques ».

L’Union Africaine, pour sa part, a exigé le « retour immédiat » des militaires nigériens dans leurs casernes et le « rétablissement de l’autorité constitutionnelle» sous 15 jours, dans un communiqué publié après une réunion vendredi du Conseil de paix et de sécurité.

Le Conseil de l’UA « se déclare profondément préoccupé par la résurgence inquiétante des coups d’État militaires » sur le continent et condamne « avec la plus grande fermeté » la prise de pouvoir des militaires à Niamey contre un président « démocratiquement élu », dont elle réclame la « libération immédiate ».

L’organisation panafricaine se dit prête à prendre « toutes les mesures nécessaires, y compris des sanctions punitives, à l’encontre des auteurs, au cas où les droits des détenus politiques ne seraient pas respectés ».

L’Union européenne (UE), par la voix du chef de sa diplomatie, Josep Borrell, a affirmé samedi qu’elle « ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch » au Niger, et suspend immédiatement « toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire » avec le pays du Sahel.

Le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’État militaire, « a été démocratiquement élu, il est et demeure donc le seul président légitime du Niger. Sa libération doit intervenir sans condition et sans délai », a indiqué Josep Borell Borrell dans un communiqué. Outre la suspension de tout aide budgétaire, « toutes les actions de coopération dans le domaine sécuritaire sont suspendues sine die avec effet immédiat », a-t-il ajouté.

Avec AFP