La communauté internationale s’est prononcée : Attention, ne touchez pas à Matata !

Le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni, le 5 octobre 2021 à son siège de New-York (Etats-Unis), pour entendre le rapport général d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, sur la République Démocratique du Congo. C’est un rituel qui intervient chaque année, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies. Mais, pour l’édition 2021, un invité-surprise s’est invité dans le débat : Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre, traqué dans tous les compartiments par la Justice congolaise. C’est par le secrétaire général des Nations Unies que le Conseil de sécurité a été saisi de la forte pression judiciaire exercée sur Matata. En langage diplomatique, l’interpellation du secrétaire général est d’une haute portée. C’est un message qui se résume en un seul mot : attention, ne touchez pas à Matata ! Comprenne qui pourra !

Le cas du sénateur Matata Ponyo, ancien Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC), préoccupe la communauté internationale. Dans un langage limpide, le secrétaire général des Nations Unies a fait une déclaration surprenante que des poursuites contre ce sénateur étaient un moyen de l’éliminer de la course à la présidentielle de 2023. Cet intérêt soudain n’est pas le fruit du hasard. L’homme a laissé des traces et surtout, ceux qui l’ont côtoyé savent de quoi il est capable dans la conduite du pays vers des lendemains meilleurs.

Les compétences et les capacités de l’ancien Premier ministre ont imposé le respect envers la République démocratique du Congo. Matata Ponyo a toujours été adoubé par la communauté internationale.

Les raisons sont simples : Matata était au service de son pays et de son peuple. La communauté internationale veut avoir comme interlocuteur, un homme ou une femme qui se consacre entièrement à son peuple en apportant ce qui est possible dans les limites de ses moyens. Matata sait décoder le langage de la communauté internationale, contrairement à tous ceux qui ont démontré qu’ils étaient au service de la prédation au lieu de se consacrer au bien-être de la population.

Evoluant désormais à découvert, la communauté internationale a opté pour un langage clair: Ne touchez pas à Matata. Ceux qui jouent à ce jeu, expose inutilement le pays à d’autres crises qui n’ont pas de nom.

Lorsque les 15 membres du Conseil de sécurité se permettent d’être attentif sur le cas d’un présidentiable, le message ne fait l’ombre de doute : c’est un soutien certain. Le secrétaire général de Nations Unies est donc en train d’alerter les autorités congolaises sur le danger d’avoir à empêcher un candidat présidentiable de se mouvoir. Ce n’est donc pas une bonne chose que d’ignorer ce message qui s’accompagne toujours d’un rappel d’avoir des élections transparentes, inclusives et apaisées.

Guterres : avocat de Matata devant le Conseil de sécurité

Une chose est vraie : le dossier Matata a été porté en haut lieu par celui-là même qui incarne la voix de la communauté internationale, à savoir Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.

La situation de la République Démocratique du Congo a donc été débattue, le mardi 5 octobre 2021, au Conseil de sécurité en présence de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en RDC et patronne de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo), Mme Bintou Keita.               C’était aussi l’occasion pour Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, de rendre compte, dans son «Rapport général sur la Monusco», de la situation qui prévaut en RDC.

Pour l’essentiel, le rapport, soumis en application du paragraphe 55 de la résolution 2556 (2020) du Conseil de sécurité, «porte sur les principaux faits nouveaux qui se sont produits en République démocratique du Congo du 19 juin au 17 septembre 2021», peut-on lire à son introduction. Et de préciser : «Il rend compte des progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) depuis le rapport précédent, en date du 21 juin 2021 (S/2021/587). Il donne un aperçu de l’évolution de la situation politique et présente la démarche globale poursuivie par la Mission concernant la protection des civils, la stabilisation et le renforcement des institutions étatiques et les principales réformes sur le plan de la gouvernance et de la sécurité. Il accorde une large place à l’élaboration par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo d’un plan de transition, sur la base de la stratégie commune de retrait progressif et échelonné de la MONUSCO (S/2020/1041), comme l’a demandé le Conseil dans sa résolution 2556 (2020) ».

Si le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est plié à son exercice habituel, le rapport général d’Antonio Guterres s’est attardé sur des points importants qui polluent le climat politique en RDC.

La loi sur la «congolité», cette proposition de loi qui cherchait à réserver la fonction présidentielle aux seuls Congolais nés de père et mère, a été portée à la connaissance du Conseil de sécurité. Cerise sur le gâteau, Antonio Guterres a fait part au Conseil de sécurité de non-dits de la pression judicaire exercée sur l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon, interprétée, selon lui, «comme un moyen de neutraliser un éventuel candidat présidentiel ».

Sur ces deux faits majeurs, le SG Antonio Guterres note précisément ce qui suit : «Le 8 juillet, le député Cerveau-Pitshou Nsingi (USN) a déposé au Bureau de l’Assemblée nationale une proposition de loi modifiant et complétant la loi sur la nationalité de 2004, visant à réserver certaines fonctions régaliennes aux Congolais de père et de mère. Des figures politiques et des membres de la société civile ont interprété la proposition de loi comme une menace à la cohésion et à la stabilité nationales, ainsi qu’une tentative d’exclure certaines personnalités politiques de l’élection présidentielle de 2023. De même, les allégations portées contre le sénateur Augustin Matata Ponyo (indépendant) au sujet d’une mauvaise gestion des fonds publics, du temps où il était Premier Ministre, de 2012 à 2016, ont également été interprétées par certains acteurs politiques comme un moyen de neutraliser un éventuel candidat présidentiel».

Autrement dit, le dossier Matata a dépassé les frontières nationales. Il est désormais porté en haut lieu de la politique internationale. Que le Conseil de sécurité en parle, il y a bien des signaux qui ne trompent pas.

Les lignes bougent. C’est évident.

Econews