« Le peuple d’abord » attendra d’abord

Deputies read a magazine bearing a portrait of the Democratic Republic of Congo President with the headline "Consolidate Peace for a stronger Congo" on December 15, 2012 at the Parliament in Kinshasa's People Palace. Kabila on December 15 vowed that defence would be a top priority for his government after the recent brief rebel takeover of a key city in the country's volatile east. AFP PHOTO / JUNIOR D.KANNAH

S’il est encore tôt pour faire une évaluation responsable des dégâts occasionnés par le brûlot largué le 31 août 2022 par l’opposant Martin Fayulu, une chose est sûre : le tsunami soulevé par sa divulgation de la rémunération des députés nationaux à hauteur de 21.000 dollars US mensuels laissera des traces, et pour longtemps.
Le coup de pied du leader de Lamuka dans la fourmilière de la Fatshisphère (selon l’heureuse trouvaille de l’éditorialiste de Forum des As) aura des répercussions durables dans une opinion qui, de Kinshasa à Lubumbashi, …
en passant par Bunagana, Kwamouth, Ariwara, Oicha et autres Bongandanga, est outrée par le train de vie à la limite de la décence de ses représentants au parlement qui matin, midi et soir prétendent parler au nom du peuple.
Sur les réseaux sociaux et la constellation de chaînes télé ou Youtube, la guerre est ouverte. Un affrontement sans quartier entre les «communicateurs» de Lamuka et les irréductibles tshisekedistes. Et pour ajouter à la confusion générale, le «Caucus des députés des 26 provinces» y est allé de sa musique, portant démenti sans rien démentir. Pour la simple raison qu’il n’a pas apporté la vraie information que le peuple attend : celle de savoir en définitive le montant réel de la rémunération d’un député national!
Au fil des jours, des chiffres à donner le vertige défilent tel un kaléidoscope endiablé. Non, soutiennent les plus honnêtes des députés nationaux : leur salaire ne dépasserait pas les 16.000 dollars US mensuels. Mais si l’on y ajoute « les invisibles», les primes et pour peu que l’élu du peuple ait une grande gueule et s’illustre dans l’art de caresser le chef dans le sens du poil, il pourrait aisément approcher les…30.000 dollars US , voire plus !
Le peuple n’a pas attendu la sortie de Martin Fayulu pour s’intéresser au train de vie des animateurs des institutions. Il a (le peuple) de quoi passer les longues soirées de disette, épiloguant sans fin sur les libéralités sur fond de grosses cylindrées Palisade, des séjours princiers sur les plages dorées des îles ibériques, des missions farfelues à l’étranger ou au Lualaba, des images de leur progéniture brûlant à la flamme d’une bougie des liasses entières de billets verts…
Au commencement était « Le Peuple d’abord ». Quatre ans plus tard, le slogan est tombé en désuétude pour faire place à cet autre, plus approprié  : « Le Peuple attendra… encore » !

Econews