Nasser Bourita : « L’Afrique Atlantique, un espace géostratégique fondé sur une identité commune »

Le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a affirmé, mercredi à Rabat, que l’Afrique Atlantique n’est pas seulement une entité géographique mais bien plus, un espace géostratégique fondé sur une identité commune.

S’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères du Nigéria, Geoffrey Onyeama, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration régionale du Cap Vert, Rui Alberto De Figueiredo Soares ainsi que le ministre des Affaires étrangères, de la coopération, de la francophonie, de l’intégration régionale et des Gabonais à l’étranger, Michaël Moussa-Adamo, à l’issue de la 1ère réunion ministérielle des États Africains Atlantiques, couronnée par la Déclaration de Rabat, M. Bourita a indiqué que l’Afrique Atlantique qui dispose d’immenses potentialités qu’il s’agit de mettre à profit, est confrontée en même temps à des défis majeurs face auxquels il convient de mutualiser les efforts, insistant, à ce propos, sur une nécessaire restructuration de cet espace géostratégique.

Après avoir noté que cette réunion ministérielle se tient conformément aux Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI, inscrites dans le cadre de la vision royale sur la coopération Sud-Sud et aussi dans le cadre de l’intérêt accordé par le Souverain à cet espace atlantique propice à la coopération entre les pays africains, M. Bourita a fait savoir que l’intérêt porté à l’océan atlantique remonte aux années 80 à l’occasion de la tenue d’une conférence des ministres africains de la pêche maritime, outre l’initiative marocaine lancée en 2009 en faveur de la promotion de l’espace Afro-Atlantique qui a longtemps bénéficié d’une forte volonté exprimée par le Souverain et affichée par la diplomatie marocaine.

Il s’est aussi félicité du « succès » de cette 1ère réunion ministérielle des États Africains Atlantiques au vu du nombre et niveau de représentation des pays participants représentés par 15 ministres, soit un tiers des pays de l’Afrique Atlantique, outre l’aboutissement à des résultats concrets, soutenant que le niveau de la participation illustre la pertinence de cette initiative impulsée par SM le Roi Mohammed VI et qui est aussi le fruit de l’intérêt que les pays africains accordent à la coordination et la concertation au sein de cet important espace géostratégique.

Œuvrer ensemble

« Il s’avérait donc nécessaire que les pays africains prennent l’initiative d’œuvrer ensemble à la restructuration de cet espace », a déclaré M. Bourita, et ce, en raison du fait que l’Atlantique Nord est structuré alors que l’Atlantique Sud ne l’est toujours pas.

Évoquant les objectifs de cette réunion, il a fait savoir qu’elle vise principalement à refonder la coopération entre les États Africains Atlantiques et aussi l’élaboration d’une vision commune ainsi que des réponses communes et coordonnées face aux défis posés devant cet espace et en considération des potentialités dont il dispose.

Chiffres à l’appui, il a indiqué que cet espace représente 46 % de la population africaine, 55 % du produit intérieur africain et 57 % du commerce africain, outre le fait qu’il est le théâtre de 90 % des incidents maritimes qui surviennent dans le monde, avant de faire remarquer que l’océan atlantique est confronté à des défis environnementaux comme la montée du niveau de mer estimée à 3,6 millimètres par an, ce qui impacte les activités touristiques, urbanistiques et économique sur le littoral.

Il a annoncé, à ce propos, qu’il a été décidé de mettre sur pied trois groupes de travail concernant la sécurité et la paix, l’économie bleue ainsi que l’environnement et son impact sur les États Africains Atlantiques, outre la réactivation d’un Secrétariat général permanent agissant d’une manière fluide, basé à Rabat et qui sera chargé de coordonner les travaux des réunions ministérielles.

Il a été aussi convenu de créer des points de liaison nationaux en vue de faire de l’océan atlantique un espace d’action pour tous les départements ministériels et les intervenants nationaux, a-t-il fait savoir, avant de préciser que l’action dans la prochaine étape sera menée dans le cadre d’une seule équipe en raison de l’existence d’une identité commune et que « nous sommes tous des Africains Atlantiques ».

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, Geoffrey Onyeama, a souligné que cette réunion ministérielle est une occasion en faveur de l’institutionnalisation des efforts destinés à la promotion de cet espace vital et la préservation de ses potentialités de manière à servir les intérêts des États Africains Atlantiques et leur prospérité, saluant l’initiative marocaine à l’origine de la tenue de cet important conclave.

Il a également estimé que « le dialogue politique et la sécurité » sont les fondamentaux de la prospérité du continent africain dans sa totalité, indiquant que « l’espace africain atlantique regorge d’immenses ressources mais reste malheureusement fragile au vu des multiples défis sécuritaires posés ».

Consolider la coopération Sud-Sud

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération, de la francophonie, de l’intégration régionale et des Gabonais à l’étranger, Michaël Moussa-Adamo a affirmé que cette première réunion ministérielle des États Africains Atlantiques représente une occasion pour souligner l’urgence de consolider la coopération Sud-Sud, saluant l’engagement de SM le Roi Mohammed VI en faveur de la réactivation de cet espace géostratégique.

Évoquant le dossier de l’environnement et de l’énergie, le chef de la diplomatie gabonaise a plaidé pour la réactivation des mécanismes africains dans le domaine des énergies renouvelables dans la région, condition sine qua non, à ses yeux, pour promouvoir l’autosuffisance énergétique et diversifier les sources d’énergie, saluant les initiatives et les efforts qui ont prouvé leur efficience sur le registre de la préservation de l’environnement.

L’occasion pour lui de plaider pour des solutions novatrices et des actions communes en faveur de la consolidation des initiatives dédiées à la transition énergétique au vu des ressources énergétiques dont disposent les États Africains Atlantiques, tout en soulignant l’importance de l’élaboration de solutions dans le domaine des énergies renouvelables issues de l’hydraulique.

Les travaux de la première réunion ministérielle des États Africains Atlantiques ont été sanctionnés par l’adoption de la « Déclaration de Rabat ».

Dans cette Déclaration, les ministres des États Africains Atlantiques ont salué la Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour faire de l’espace africain atlantique, un cadre de coopération interafricaine pragmatique et opportune, ainsi que l’engagement du Souverain pour réactiver ce cadre géostratégique de concertation entre les pays africains atlantiques.

Ils ont aussi décidé d’établir trois groupes thématiques, chargés du dialogue politique et de sécurité, de l’économie bleue, de la connectivité maritime et de l’énergie, et du développement durable et de l’environnement, mettant l’accent sur l’importance d’optimiser l’espace africain atlantique pour une gestion davantage concertée et coordonnée de la gouvernance migratoire.

Tenue à l’invitation du Maroc avec la participation de 21 pays de la façade atlantique, dont une quinzaine représentés au niveau ministériel, la 1ère réunion ministérielle des États Africains Atlantiques a été une occasion de concevoir une vision africaine commune sur cet espace vital, de promouvoir une identité atlantique africaine et de défendre d’une même voix les intérêts stratégiques du continent.

Le soutien de l’Espagne à l’autonomie du Sahara procède d’une « vision d’Etat pour apporter la stabilité à la région »

Le soutien du gouvernement espagnol à l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara s’inscrit dans une « vision d’Etat pour apporter la stabilité à l’ensemble de la région » et répond à une dynamique internationale en faveur de l’approche adoptée par le Maroc, a affirmé, mercredi, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.

« L’Espagne doit avoir une vision d’État et apporter la stabilité à la région. (…) la position prise par le gouvernement est la meilleure pour enclencher le dialogue et régler ce conflit de longue date », a relevé M. Sanchez devant les députés du Congrès.

« La position de l’Espagne est conforme à celle de nos partenaires européens et de nombreux autres pays », a fait observer le chef de l’exécutif espagnol, rappelant que « la France soutient la proposition du Maroc depuis des années, et d’autres pays importants comme l’Allemagne, les États-Unis et les Pays-Bas s’y rallient ».

La Commission européenne (CE) et le chef de la politique étrangère de l’UE ont également exprimé leur soutien à la proposition marocaine, a-t-il assuré.

« Après tant de décennies de conflit, de nombreux pays reconnaissent que l’autonomie est la proposition la plus réaliste », a fait valoir M. Sanchez, précisant que l’Espagne ne veut pas être un « simple spectateur » vis-à-vis du conflit du Sahara.

« L’Espagne a un intérêt particulier dans la solution de ce conflit qui ne peut plus être l’objet d’un attentisme sans fin, surtout dans le contexte géopolitique actuel », a insisté le président du gouvernement espagnol, mettant l’accent sur l’impératif de résoudre ce différend dans le cadre de l’ONU.

« Nous devons comprendre après 46 ans qu’il est nécessaire de faire évoluer nos positions et de privilégier un cadre de dialogue pour une solution concertée », a-t-il conclu.