Un mauvais timing. À moins d’une semaine de l’ouverture de la COP29 à Bakou, Donald Trump a remporté son billet retour pour la Maison Blanche.
Lors de la conférence de l’ONU pour le climat qui ouvre ce lundi 11 novembre en Azerbaïdjan, quelque 198 pays – dont les États-Unis – doivent s’accorder sur des engagements permettant de limiter le réchauffement climatique. Mais pour Donald Trump, ces discussions n’ont guère d’importance : pour le milliardaire, le «canular» du changement climatique est «l’une des plus grandes escroqueries de tous les temps».
En conséquence, dès son retour au pouvoir, Donald Trump souhaite de sortir de l’Accord de Paris, texte clé qui vise à limiter le réchauffement en dessous de 1,5 °C et qu’il avait déjà quitté lors de son premier mandat. Mais ce n’est pas tout : l’ex-président a également évoqué la sortie de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ce qui permettrait aux États-Unis, deuxième plus grand pollueur mondial, d’échapper aux négociations climatiques.
Dans ce contexte, les discussions de la COP29 s’annoncent plus tendues que prévu, alors que les pays doivent déjà aborder un sujet très sensible : le financement de la transition écologique. Le retrait américain de la diplomatie climatique risque d’encourager d’autres grands pollueurs, comme la Chine et l’Inde, à revoir à la baisse leurs propres engagements. Une perspective préoccupante, qui ne constitue pourtant que la première conséquence de la réélection de Donald Trump.
4 MILLIARDS DE TONNES DE GAZ A EFFET DE SERRE
Selon les calculs du site spécialisé Carbon Brief, le retour de Donald Trump à pourrait entraîner 4 milliards de tonnes supplémentaires d’émissions américaines d’ici 2030 par rapport à la tendance actuelle, sous le mandat de Joe Biden. Cela équivaut aux émissions combinées de l’Europe et du Japon, ou encore à celles de 140 pays à faible revenu réunis.
Concrètement, si les politiques annoncées par le candidat républicain sont appliquées, les États-Unis risquent de ne réduire leurs émissions que de 28 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Cet objectif serait bien en dessous de la réduction de 50 à 52 % que le pays s’est engagé à atteindre dans l’Accord de Paris. Et encore, cette estimation ne prend pas en compte la promesse de « forer, bébé, forer », martelée par Donald Trump tout au long de sa campagne.
UN BON DANS L’EXPLOITATION DES ENERGIES FOSSILES
C’est une idée fixe chez Donald Trump : pour se développer, les États-Unis doivent exploiter les énergies fossiles autant que possible, peu importent les conséquences sur le réchauffement global de la planète. «Nous avons plus d’or liquide que n’importe quel pays dans le monde. Plus que l’Arabie saoudite ou la Russie», a-t-il encore rappelé dans son discours de victoire.
Le milliardaire climatos-ceptique souhaite également lever le moratoire sur la construction de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) et abroger les récentes réglementations sur les émissions des véhicules, mises en place pour accélérer la transition vers l’électrique. Par ailleurs, d’autres normes récentes, telles que celles limitant les émissions de CO2 des centrales à charbon, pourraient être annulées sans avoir besoin de l’aval du Congrès américain.
DETRICOTER LA POLITIQUE CLIMATIQUE DES ÉTATS-UNIS
Donald Trump souhaite également faire marche arrière sur l’Inflation Reduction Act (IRA), loi climatique historique promulguée en août 2022 sous Joe Biden. Le vote de ce texte a permis de mobiliser 369 milliards de dollars pour soutenir l’industrie verte sur les dix prochaines années. Cet argent doit servir à créer des emplois dans les secteurs de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne et de la fabrication de batteries.
Mais le président réélu est en total désaccord avec cette loi. Il souhaite par exemple freiner le développement des éoliennes dès son «premier jour » en fonction, pour s’assurer qu’elles ne tueront pas les oiseaux et les baleines.
Cette envie de détricoter la politique climatique du pays n’est pas sans rappeler son premier mandat. Entre 2017 et 2021, Donald Trump avait ainsi abrogé plus d’une centaine de réglementations de la politique climatique des États-Unis. Cette fois-ci, il souhaite également supprimer l’Agence de protection de l’environnement (EPA) et l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), une institution essentielle dans l’étude du climat et de ses évolutions à l’échelle mondiale.
Face à toutes ces promesses, l’avenir climatique des États-Unis et du globe est désormais suspendu à ce que Donald Trump mettra réellement en œuvre lors de son mandat. «Personne ne sait ce qui va se passer», a déclaré à Politico Glen Peters, chercheur au Centre international de recherche sur le climat, basé à Oslo. «Et c’est peut-être ce qui est le plus inquiétant.»
Avec HUFFPOST
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