Après les propos désobligeants du président burundais

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye

Depuis lundi, l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique) a ouvert le 3ème round des pourparlers de Nairobi, destinés à ramener la paix dans la partie Est de la RDC. La plupart de Chefs d’Etat de la région, dont Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, n’ont pas fait le déplacement de la capitale kenyane. C’était prévisible. S’ils n’étaient pas là, ils ont néanmoins intervenu par vidéoconférence, à l’instar de Félix Tshisekedi, Paul Kagame du Rwanda et Yoweri Museveni de l’Ouganda. Chacun déclinant ses attentes de ce énième forum.
A Nairobi, c’est plutôt le président du Burundi, également président en exercice de l’EAC, qui a été la grande vedette. A Kinshasa, comme dans d’autres villes de la République Démocratique du Congo, son intervention n’est pas passée inaperçue. Bien au contraire, elle a été décryptée dans tous les sens. Partout ailleurs sur le sol congolais, l’opinion publique caché sa désapprobation aux propos désobligeants tenus par le chef de l’Etat burundais qui, sans le dire ouvertement, semblait plutôt affirmer qu’il n’existe pas d’Etat en RDC. Vu de Bujumbura, la RDC serait, selon lui, un no man’s land où tout est à refaire, essentiellement l’armée et la police, pour sécuriser la population et défendre l’intégrité nationale.
A ceux qui ont pris les armes pour «l’autodéfense », le chef de l’Etat burundais a tenu à les rassurer que « la force régionale (Ndlr : de l’EAC) restera avec vous pour assurer votre sécurité jusqu’à ce que le Gouvernement de la RDC se constitue une armée et une police qui seront protecteurs de tout le monde».
Qu’est-ce à dire ? N’est-ce pas une belle manière de prouver que l’EAC se croît être dotée d’un pouvoir supranational pour se substituer aux forces de défense de la RDC. Au pire des cas, le président burundais considère que la force régionale de l’EAC restera le plus longtemps possible sur le sol congolais parce que la RDC ne sait pas sécuriser son peuple. Quelle honte pour tout un pays !
Dans la province du Nord-Kivu, les déclarations du président burundais ont suscité un tollé général. La Société civile du Nord Kivu a jugé «humiliants et injurieux les propos du président burundais», appelant, par la même occasion, Kinshasa à reconsidérer sa position au sein de l’EAC.
Ci-dessous, le point sur l’ouverture lundi de la rencontre de Nairobi.
Econews

Dialogue inter-congolais dans le cadre du processus de Nairobi mené par l’EAC
Le Président du sommet des Chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et Président de la République du Burundi, S.E. Evariste Ndayishimiye; le Président Dr. William Ruto de la République du Kenya, le Président Félix-Antoine Tshisekedi de la République Démocratique du Congo (RDC); le Président Paul Kagame de la République du Rwanda; le Président Yoweri Museveni de la République d’Ouganda et S.E. Uhuru Kenyatta, le facilitateur du processus de Nairobi mené par l’EAC, ont rehaussé de leur présence la séance d’ouverture du troisième dialogue inter-congolais sous l’égide du processus de Nairobi mené par l’EAC. Le message de S.E. Sumia Suluhu Hassan, Présidente de la République Unie de Tanzanie, a été prononcé par le Dr. Stergomena Tax, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, tandis que S.E. Huang Xi, envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands lacs, a transmis le message de bonne volonté de S.E. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.

  1. les dirigeants :
    i. Ont félicité S.E. Uhuru Kenyatta pour son leadership dans la conduite du processus de Nairobi dirigé par l’EAC et lui ont renouvelé leur engagement et leur soutien dans l’accomplissement du mandat de rétablissement de la paix et de la sécurité dans l’Est de la RDC.
    ii. Ont réaffirmé la nécessité de la complémentarité des interventions politiques et militaires pour garantir une paix durable dans l’Est de la RDC, en mettant l’accent sur le processus politique, qui constitue la voie la plus sûre vers une paix et une sécurité durables.
    iii. Ont rappelé les décisions du 22ème sommet ordinaire des Chefs d’Etat de l’EAC tenu en date du 22 juillet 2022, de la réunion consultative de haut niveau du sommet des Chefs d’Etat de l’EAC tenue à Sharm el-sheikh, en Egypte, en date du 7 novembre 2022, et du mini-sommet sur la paix et la sécurité dans l’Est de la République Démocratique du Congo tenu à Luanda, en Angola, en date du 23 novembre 2022, qui a unifié le processus de Nairobi et le processus de Luanda en exigeant leur respect intégral;
    iv. Ont rappelé tous les groupes armés locaux de l’Est de la RDC à participer aux consultations, à déposer les armes et à rejoindre le processus politique. Les dirigeants ont par ailleurs souligné l’urgence d’un désarmement inconditionnel et du départ des groupes armés étrangers du territoire de la RDC.
    v. Ont apprécié la présence de la délégation de la RDC, avec plusieurs délégués présents, et l’a félicité d’avoir accepté l’invitation à participer au troisième cycle du dialogue inter-congolais, dans le cadre du processus de Nairobi mené par l’EAC, qui se déroule du 28 novembre au 3 décembre 2022, à Nairobi, au Kenya.
    vi. Ont noté avec inquiétude la situation désespérée des réfugiés et des personnes déplacées internes dans leur propre pays à l’Est de la RDC et dans la région, et ont réaffirmé la nécessité urgente de rétablir la paix afin de permettre le retour et l’installation volontaires des réfugiés.
    vii. Ont souligné la nécessité pour les états partenaires de l’EAC et la communauté internationale d’investir dans le succès du processus, en honorant leurs engagements envers le processus de Nairobi et en accélérant la mise en œuvre des livrables convenus.
    viii. Ont réitéré le total respect de l’intégrité territoriale de la RDC et ont réaffirmé leur engagement à utiliser les cadres régionaux et internationaux existants afin de résoudre les malentendus.
    ix. Ont félicité le Président Félix Tshisekedi pour son engagement en faveur du rétablissement de la paix dans l’Est de la RDC et a encouragé les groupes congolais en présence de saisir l’opportunité à eux offerte par le dialogue pour accélérer la voie vers la paix.
  2. Les dirigeants ont remercié S.E. Dr William Samoei Ruto, Président de la République du Kenya, ainsi que le gouvernement et le peuple kenyans pour l’accueil chaleureux réservé aux délégations, et pour son dévouement à la quête de la paix et sa valeur inhérente dans la libération des opportunités de développement et opportunités économiques en RDC et dans la région, en général.
    Fait à Nairobi, République du Kenya, ce 28ème jour de novembre 2022