Cap sur les scrutins du 20 décembre 2023 : la CENI revendique plus de 45 millions d’enrôlés, mais…

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de boucler, le lundi 24 avril 2023, les opérations d’enrôlement des électeurs dans la dernière et troisième aire opérationnelle de l’Est. Ce qui suppose que la Centrale électorale a mis fin à l’enrôlement des électeurs sur l’ensemble de la République Démocratique du Congo. Lancées le 24 décembre 2022, la CENI aura donc pris, tout calcul fait, cinq mois pour enrôler les électeurs aux scrutins du 20 décembre 2023. Motif de satisfaction pour son président, Denis Kadima, qui n’a caché sa joie d’avoir dépassé la barre de 45 millions d’électeurs, en recevant lundi à Kinshasa les chefs de missions diplomatiques et les représentants des organismes internationaux, partenaires de cette institution d’appui à la démocratie, lors d’une conférence de presse organisée à Kinshasa. Avec le bouclage des opérations d’enrôlement, Denis Kadima promet de mettre le cap sur l’échéance du 20 décembre 2023 qui reste, selon lui, incontournable. Mais, dans les faits, ses méthodes ne font pas l’unanimité. A la CASE (Commission africaine pour la supervision des élections), on craint le pire, estimant que « ce cycle électoral, piloté par Denis Kadima Kazadi, est le plus dangereux de trois premières expériences » de 2006, 2011 et 2018.
Lancées le 24 décembre 2022, les opérations d’enrôlement des électeurs ont pris fin, le 24 avril 2023, sur la dernière et troisième aire opérationnelle qui regroupe essentiellement les provinces instables de l’Est de la République. Pari gagné donc pour Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui n’a pas caché sa joie lundi en recevant les chefs de missions diplomatiques et les représentants des organismes internationaux accrédités en République Démocratique du Congo.
Pour le président de la CENI, ce sont plus de 45 millions d’électeurs qui ont répondu à l’appel de la Centrale électorale. Certes, le délai des opérations a été rallongé de deux mois, contrairement aux trois mois prévus initialement, mais Denis Kadima ne croit pas que ce léger glissement va influer négativement sur le chronogramme que la CENI s’est fixée dans sa Feuille de route
A la CENI, on reste convaincu que l’échéance du 20 décembre 2023, date fixée pour les élections présidentielle, couplées aux législatives nationales et provinciales ainsi que les élections municipales, sera respectée.
Pour Denis Kadima, ces chiffres témoignent de fait de la capacité de la CENI à respecter son calendrier et à réaliser des performances exceptionnelles dans des délais très courts. Il a également noté que cette réussite contredit les prévisions de certains observateurs qui craignaient un glissement du processus électoral.
En clôturant les opérations d’enrôlement, Denis Kadima note qu’un pas important a été franchi. «Ceci démontre une avancée significative dans le processus électoral en RDC ainsi qu’un signal fort envoyé par les autorités congolaises quant à leur engagement dans la conduite d’élections », a fait comprendre le président de la CENI, réitérant sa détermination à organiser les élections dans le délai prévu.
Si certains remettent en cause ses méthodes, craignant des scrutins entachés d’irrégularités, Denis Kadima rassure de conduire toutes les parties prenantes à un processus électoral «crédible et transparent ».
Selon les statistiques rendues publiques par la CENI 22.227 centres d’inscription, déployés sur les trois aires opérationnelles, ont enregistré 46.857.697 enrôlés, soit 95,09% de réalisation par rapport aux prévisions. Sur ce chiffre, la CENI compte 23.696.424 femmes (50,57%) contre 23.161.273 des hommes (49,43%). Sur les cinq pays de la diaspora, retenus dans les opérations d’enrôlement, la France arrive en tête avec 5.787 d’enrôlés, a fait part la CENI.

La CASE doute de la bonne foi de la CENI
Si Denis Kadima pense mener le processus électoral à bon port, ce n’est pas pour la Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) qui craint déjà le pire, avec un risque élevé de glissement du cycle électoral.
Dans une lettre adressée au Président de la République, la CASE rappelle, sur la base des indices probants, que la décision de glissement du calendrier électoral comportera des implications de mobilisation de toutes les forces vives de la nation pour rassurer la population et les parties prenantes quant à l’amélioration du processus électoral en corrigeant les écueils rencontrés.
Interpellant le Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions, la CASE lui rappelle qu’ «il est urgent de renouveler le système de gouvernance électorale en dissolvant et démissionnant l’actuelle équipe dirigeante de la CENI pour la remplacer par une institution totalement indépendante et loyale à la Constitution et aux lois de la République». A cet effet, Simaro Ngongo Mbayo, président de la CASE, invite le Président Félix Tshisekedi à« ordonner un audit externe afin d’évaluer le système de gestion de la CENI (administration, logistique et finances) ».
La CASE se dit convaincu d’une chose : «L’actuel cycle électoral congolais (le quatrième de notre démocratie pluraliste) est le plus désordonné, obscur et entortillé ». Et d’ajouter : « Ce cycle électoral, piloté par Denis Kadima Kazadi, est le plus dangereux de trois premières expériences et ne rassure personne, même pas les gestionnaires de l’actuelle CENI (Voir correspondance de madame Nseya à Denis Kadima en décembre 2022) ».
Pour la CASE, seul le Président Tshisekedi peut sauver le chaos électoral et épargner le pays d’un désordre généralisé à la suite d’un processus qui paraît d’ores et déjà compromis.
Quoi qu’il en soit, à la CENI, Denis Kadima reste focaliser sur l’échéance du 20 décembre 2023.

Econews

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