Emmanuel Macron jugé « persona non grata en RDC », selon Jérôme Sekana

Journaliste économique, bien connu dans les mieux de la presse congolaise, Jérôme Sekana Pene-Papa se veut aussi patriote. C’est à ce titre qu’il s’insurge contre le président français Emmanuel Macron qui entame une visite de deux jours à Kinshasa, soit les 3 et 4 mars 2023. Selon Sekana, le président français n’est pas le bienvenu à Kinshasa pour sa complicité avérée avec le Rwandais Paul Kagame qui  arme les « terroristes » du M23 pour déstabiliser la partie Est de la République Démocratique du Congo. Tribune.

La France est un pays ami qui a toujours été aux côtés de la RDC en toutes circonstances. Au Conseil de sécurité des Nations Unies où elle est membre permanent, ce pays ami occupe le poste de secrétaire général adjoint en charge du maintien de la paix depuis plus de 40 ans, poste envié aujourd’hui par la Chine.

C’est elle qui rédige, présente et défend les résolutions en faveur de notre pays et de bien d’autres. C’est le pays porte-voix de la démocratie au siège des Nations Unies à New York.

Nous avons en partage la langue française avec le peuple français, ce qui constitue pour nous un atout majeur pour nos échanges.

Comme vous le savez, la langue française, qui n’est pas un cadeau offert au peuple congolais qui était meurtri dans sa chair et dans son esprit pour l’apprendre à travers les collons belges, est la vitrine par excellence de notre culture à l’international. Elle constitue le socle de notre expression en tant que nation, parce qu’elle est notre langue officielle.

Sur les 29 pays francophones que compte le monde aujourd’hui, pays représentant 230 millions des francophones, la RDC notre pays est le 1er pays francophone du monde en termes de locuteurs.

Donc, nous pesons plus que quiconque à la francophonie et notre retrait de cette organisation peut être considérée comme une perte énorme catastrophique qu’aucun autre pays véritablement francophone ne peut souhaiter, la France en premier.

Seulement voilà, le Président Macron, actuel locataire de l’Elysée, sous-estime ce poids lourd que nous sommes. Il nous humilie et nous ridiculise dans une distraction stratégique qui ne dit pas son nom au bénéfice même de nos agresseurs.

Par le passé, la France est déjà intervenue militairement plusieurs fois en RDC.

C’est encore elle qui s’est investie aux Nations Unies pour obtenir en notre faveur, la levée du régime de notification de la fourniture d’armes en RDC.

Nous lui devons aussi la mise sur pied de la chaine de la recette publique qui fait exploser aujourd’hui les recettes publiques dans les trois régies financières de la RDC à savoir, la DGI, la DGDA et la DGRAD, à travers l’Agence Française de Développement, AFD, qui intervient également dans plusieurs secteurs de la vie nationale.

Eu égard à ce qui précède, nous pouvons conclure que la France est un pays ami et son peuple partage avec nous en plus de la langue française, les valeurs démocratiques comme la justice, l’égalité, les libertés de pensée et d’expression, la démocratie, etc. Le peuple français est donc un peuple ami. Donc notre déclaration ne concerne nullement le peuple ami de la France, mais plutôt le Président Macron et son gouvernement.

Mais là où le bât blesse, c’est la politique diplomatique et stratégique développée par Monsieur Emmanuel Macron. Laquelle politique crache tout son venin sur ces valeurs intrinsèques énumérés cihaut et hypothèque à la longue l’avenir des bonnes relations entre nos deux peuples.

Depuis son avènement à la tête de ce pays ami, Monsieur Macron sacrifie les intérêts de la RDC au bénéfice de nos agresseurs comme Paul Kagame du Rwanda dont il est devenu l’avocat au niveau international, parce que les troupes rwandaises protègent les intérêts de Total au Mozambique (2021) et en République Centrafricaine (septembre 2022).

Tout le monde sait combien le régime dictatorial de Kigali a chargé la France comme ayant contribué intellectuellement, ou du moins facilité, l’exécution du génocide rwandais en 1994. Le marketing mensonger de Paul Kagame a tellement gêné la France au point que Paris a décidé de fumer en catimini le calumet de la paix avec Kigali en lui accordant certains avantages indus, lesquels avantages torpillent dangereusement les intérêts de notre pays la RDC. Une façon pour la France de se racheter de l’agressivité communicationnelle du régime de Paul Kagame au niveau international.

Nous en avons pour preuve quelques faits saillants ci-après :

1. Lorsque le tour de l’Afrique centrale, notamment de la RDC, est arrivé pour désigner sa candidature au poste de secrétaire général de la francophonie, Kagame est allé voir Macron pour lui demander de soutenir contre vents et marées, et en violation flagrante des textes légaux de la francophonie, la candidature de Madame Louise Mushikiwabo, ancienne Ministre des Affaires Etrangères du Rwanda, pays non membre de la francophonie qui a même supprimé dans ses écoles et instituts l’apprentissage de la langue française au profit de l’anglais, langue du Commonwealth dont il fait partie.

Le Président français a pesé de tout son poids diplomatique sur tous les pays francophones pour soutenir la candidature de Mushikiwabo, tout en étouffant toutes les autres candidatures valables qui émergeaient pour occuper ce poste. Il a ainsi navigué à contre-courant des valeurs démocratiques de la francophonie, au vu et au su de tout le monde.

Pour lui, mieux vaut accorder cette faveur indue au Rwanda et se contenter de distraire la RDC avec l’organisation des jeux de la francophonie.

Véritable saupoudrage. Il a donc joué le rôle d’anesthésiste pour étouffer nos intérêts au bénéfice du Rwanda.

2. C’est le Président Macron qui a poussé l’Union européenne à accorder un soutien de 20 millions d’euros à l’armée rwandaise de Kagame qui protège les intérêts de la France (Total Energies qui a refusé d’investir dans l’exploitation pétrolière en RDC au bénéfice de l’Ouganda) au Mozambique comme pour payer la facture de cette expédition punitive très critiquée même en France et une assistance financière qui sonnerait comme une prime aux exactions que cette armée commet en RDC.

3. C’est Monsieur Macron qui a invité dernièrement Paul Kagame au Sommet du G20 à Bali en Indonésie, avec l’intention de plaider sa cause tyrannique contre la RDC auprès des Présidents américain Joe Biden et chinois Xi JinPin. Dieu merci, les deux chefs d’Etat ont refusé de recevoir Paul Kagame parce qu’ils savent très bien que le président rwandais arme et finance les terroristes en Afrique centrale, dont ceux du M23 dans l’Est de notre pays pour faire mains basses sur nos ressources naturelles qu’il vole aux fins de soutenir son économie moribonde qui survit grâce à la rapine qu’il organise dans l’Est de notre pays.

4. La France, cette plume d’or qui rédige des résolutions pour condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie, est aujourd’hui aphone sur la guerre d’agression du Rwanda dans l’Est de notre pays. Elle se limite à énumérer les différents rapports rédigés par les Nations Unies sur cette guerre oubliée, dans sa rédaction elle met sur le même pieds d’égalité l’agresseur et l’agressé, privilégie l’aide humanitaire en lieu et place de condamner le Rwanda avec une gamme de sanctions comme elle le fait contre la Russie.

5. La défiance à l’égard de la France gagnant dangereusement du terrain en Afrique, alors le Président français, dans une opération de séduction expresse, veut se refaire une santé de popularité en Afrique, en se servant de l’Afrique centrale notamment de la RDC, comme béquille pour résister à la montée du sentiment anti français observé en Afrique de l’Ouest, alors que l’Afrique francophone d’aujourd’hui n’est plus le pré-carré de la France sous le socle de sa « France-Afrique » nouvelle formule.

Le Président français oublie que l’intégrité territoriale passe avant l’aide humanitaire qu’il propose pour permettre à ses protégés du M23 d’occuper le terrain, nos mines et même la ville de Goma, dans le but d’obliger Kinshasa à se plier aux velléités expansionnistes et chimériques de Kigali, que lui Macron défend bec et ongle.

Sinon, comment comprendre que le Président français refuse de sortir un seul mot de sa bouche pour condamner le Rwanda, mais offre ses bons offices empoisonnés comme médiateur pour prétendre régler la crise de l’Est de la RDC ?

A la question pertinente de notre confrère Christian LUSAKWENO de Top Congo Fm au sujet de l’agression de la RDC par le Rwanda que la France ne condamne pas, Monsieur Macron n’a pas su répondre correctement lors de sa conférence de presse d’avant tournée africaine à Paris le lundi 27 février 2023.

Mais après avoir tâtonné, le locataire de l’Elysée s’est contenté d’évoquer l’aide humanitaire, l’inviolabilité de la souveraineté et l’intégrité de notre territoire, un discours vieux comme le monde, pour consolider sa distraction sur le peuple congolais. Alors que ce peuple est devenu aujourd’hui mature et plus qu’éveillé sur le plan politique. Il pense, lui, que tous les congolais sont dupes et ne voient pas la politique d’autruche et de deux poids deux mesures qu’il pratique sur notre pays, la RDC.

6. Le Président Macron ne soutien jamais le leadership de la RDC en tant que pays solution aux enjeux climatiques de la planète bleue.

Nous en avons pour preuve, le soutien au leadership du Gabon sur l’organisation du sommet sur la préservation des forêts tropicales, le « One Forest Summit », laboratoire qui s’ouvre ce mercredi 1er mars 2023 à Libreville au Gabon, pays qui ne dispose que d’un dixième de la biodiversité du bassin du Congo.

Il s’est aussi exprimé sur ce sujet lors de sa dernière conférence de presse d’avant tournée. Heureusement, les Présidents Ignacio Lula Da Silva du Brésil et Félix Antoine Tshisekedi de la RDC, deux pays poids-lourds des forêts tropicales, ne feront pas le déplacement de Libreville pour faire réfléchir Macron sur ses prises de positions qui souvent, irritent la logique des choses.

Eu égard à ce qui précède, il y a lieu de se révolter et de déclarer Monsieur Emmanuel Macron « persona non grata » en RDC. Avec tout cela, la RDC doit quitter la francophonie, « ce machin », comme l’appelait Mzee LaurentDésiré KABILA.

Même Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire Générale de la francophonie, doit être déclarée elle aussi « persona non grata » en RDC, parce qu’elle s’est montrée incapable de condamner son pays le Rwanda, malgré toutes les preuves de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide réunies par les experts des Nations Unies à charge du Rwanda. Elle s’est plutôt contentée de dénoncer avec la dernière énergie « l’agression » de l’Ukraine par la Russie, pays non membres de la francophonie, ce vendredi 24 février 2023 à l’occasion du premier anniversaire de cette guerre de l’Ukraine juste pour plaire aux occidentaux, qui la soutiennent contre les intérêts du peuple congolais.

Il va sans dire que la « macronie » doit arrêter de nous distraire, nous anesthésier, nous affaiblir en faveur de nos agresseurs devenus désormais ennemis du peuple congolais. Le bon sens veut que l’ami de nos amis est notre ami. Par contre, l’ami de nos ennemis est notre ennemi.

Voici les cinq conditions que la France doit remplir avant que le peuple congolais ne puisse le porter encore dans son cœur pour prouver sa neutralité :

1. La France doit initier des résolutions aux Nations Unies qui condamnent en des termes clairs et précis l’agression du Rwanda en RDC. Imposer au Rwanda des sanctions analogues à celles qu’elle a imposées à la Russie et décider illico presto d’envoyer des troupes françaises dans l’est de notre pays pour y déloger les terroristes qui sèment mort et désolation dans cette partie de notre territoire national.

2. La France, de la même manière qu’elle a violé les textes de l’OIF pour imposer l’élection de Louise MUSHIKIWABO, doit faire autant pour permettre à la RDC de revenir dans ses droits de diriger aussi cette organisation internationale dix ans durant.

3. La France doit dénoncer la dictature sanguinaire de Paul Kagame et imposer au nom de la démocratie qu’elle défend dans sa constitution, un dialogue inter-rwandais à Kigali entre les Hutus et les Tutsis pour permettre le retour des exilés politiques que Kagame extermine à petit feu et encourager ainsi l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes au Rwanda.

4. La France doit s’opposer publiquement au contrat que Kigali a signé avec Londres pour accueillir les demandeurs d’asile en Europe, alors que ce petit pays africain, surpeuplé de surcroît, n’a plus d’espaces physiques pour abriter ces demandeurs d’asile qu’il transforme in fine, en djihadistes avant de les envoyer massacrer les congolais en RDC.

5. La France doit peser de tout son poids diplomatique stratégique au niveau international pour exiger aux multinationales anglo-saxonnes qui ont construit des fours pour le raffinage des minerais pillés en RDC à Kampala et Kigali de les démanteler pour venir les implanter en RDC, parce que là-bas, ces multinationales soutiennent la fraude, le pillage et le blanchiment des capitaux que la France condamne en tant que pays vitrine de la bonne gouvernance, de la démocratie et du bon voisinage au monde.

N.B. : Si la France n’exécute pas ces cinq recommandations, elle aura ainsi choisi son camp, c’est-à-dire le camp du Rwanda. Donc, elle n’a plus de place ici en RDC qui n’aura, de ce fait, qu’un seul choix à faire, celui de quitter la francophonie.

Nous soutenons toutes les ONGD comme Lucha, Filimbi et tous les autres compatriotes qui appellent à boycotter le séjour de Monsieur Macron chez nous, mais sans casse, ni violences, ni injures, dans le respect des lois de la République Démocratique du Congo.

Nos dirigeants ne doivent pas se laisser distraire ou rouler dans la farine par le Président Macron qui, toujours en verve et dans un langage mielleux, cherchera à les pousser à négocier avec Kigali et leurs marionnettes terroristes du M23, alors que la RDC a déjà levé l’option, à travers son Parlement, de ne plus jamais négocier avec les terroristes et plus jamais d’intégration des soi-disant rebelles dans les forces armées de la RDC, parce que ces infiltrés finissent toujours par servir les intérêts de l’ennemi en lieu et place des intérêts du peuple congolais.

Des milliers de nos vaillants soldats ainsi que d’autres compatriotes civils innocents sont morts à cause de cette infiltration qui se fait au grand jour.

Naviguer à contre-courant de cette volonté populaire est un acte de traitrise et de haute trahison, puni par la Constitution, en ses articles 56 et 57 qui stipulent :

Article 56 : Tout acte, tout accord, toute convention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence de priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie de leurs propres moyens d’existence tirés de leurs ressources ou de leurs richesses naturelles, sans préjudice des dispositions internationales sur les crimes économiques, est érigé en infraction de pillage punie par la loi.

Article 57 : Les actes visés à l’article précédent ainsi que leur tentative, quelles qu’en soient les modalités, s’ils sont le fait d’une personne investie d’autorité publique, sont punis comme infraction de haute trahison, fin de citation.

Comme vous venez de le constater, la France de Macron joue au sapeur-pompier alors que c’est bien elle la vraie pyromane qui a allumé le feu. Qu’il pleuve, qu’il neige, la victoire finale sera celle du peuple congolais.

Les agresseurs rwandais, les terroristes du M23, les ADF NALU et tous ceux qui les soutiennent de quelque manière que ce soit, seront tous maîtrisés, corrigés et remis à leur place par l’histoire et la justice y compris divine.

Car c’est Dieu le souverain universel, maitre de temps et de circonstance qui avait établi le peuple congolais dans ce territoire de 2.345.410 Km2 en le dotant des fabuleuses richesses qu’envient aujourd’hui nos voisins rwandais et ougandais avec leurs complices des multinationales sanguinaires. Personne ne peut se moquer d’un peuple indéfiniment et en toute impunité, sans en payer le prix.

Devant l’inertie complice de la communauté internationale, le peuple congolais finira un jour, et ça ne va plus tarder, par se prendre en charge en corrigeant ses agresseurs de la plus belle manière pour la postérité.

Mais que cette fois-là, la communauté internationale ne vienne pas faire l’avocat du diable, en changeant d’attitude parce que c’est la RDC qui exerce son droit de légitime défense, en poursuivant ses ennemis jusqu’à leur dernier retranchement.

Elle devra toujours observer son statu quo complice de ce jour. Sinon, il est grand temps que cette communauté internationale puisse se ressaisir, revenir au bon sens et au bon droit en défendant haut et fort les intérêts de la RDC en tant que pays solution tout en condamnant et sanctionnant vigoureusement tous ceux qui torpillent ses intérêts.

Comprenne qui pourra !

Que vive la République Démocratique du Congo, notre beau et grand pays qui demeurera un et indivisible !

Que vive le veillant Peuple congolais toujours imprévisible lorsqu’on le provoque.

Je vous remercie !

Kinshasa, le 1er mars 2023

Jérôme SEKANA PENE-PAPA

Journaliste économique et patriote