Fonds de lutte contre le réchauffement climatique. Bavon N’Sa Mputu se fixe un défi : « Faire du FONAREDD un véritable instrument financier à la disposition du Gouvernement »

C’est le mercredi 30 novembre 2022 que Bavon N’Sa Mputu Elima a pris ses fonctions de nouveau coordonnateur du Fonds National REDD+ (FONAREDD), cet instrument financier pour la mise en œuvre de la Stratégie Nationale REDD+ (Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts) en RDC. Ancien ministre de l’Environnement, il est aux commandes d’une structure qu’il maîtrise pour l’avoir vue naitre il y a quelques années. Il a des idées et de très bonnes idées pour faire participer activement le FONAREDD à la lutte contre le changement climatique dans le contexte congolais. Dans son approche, il se veut à la fois pragmatique et réaliste. Economiste de formation, il pense mettre à profit ses connaissances en macro-économie pour faire jouer au FONAREDD son rôle véritable de bras financier du Gouvernement dans la mobilisation des ressources financières touchant directement au phénomène mondial de réchauffement climatique.

« L’approche, c’est d’abord celle de mobiliser suffisamment les ressources internationales et nationales pour financer tout ce que nous avons comme effort d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique. L’approche, c’est aussi celle de faire du FONAREDD un véritable instrument financier à la disposition du gouvernement », a-t-il dit, lors de son premier contact avec la presse dans sa casquette de secrétaire exécutif de FONAREDD. Il va plus loin : « L’approche, c’est aussi celle de faire du FONAREDD un instrument intégrateur de différents cadres programmatiques qui existent ».

Mercredi, juste après la cérémonie de remise-reprise, Bavon N’sa Mputu Elima s’est prêté à quelques questions de la presse. Entretien.

Quels sont vos sentiments au moment où vous prenez la direction du Fonaredd

D’emblée, je dirai que c’est un sentiment de responsabilité. Parce que, comme vous le savez, au niveau du Président de la République, il est dit que notre pays, la République Démocratique du Congo, est un pays-solution aux questions climatiques et le FONAREDD, c’est en fait un des instruments financiers à la disposition du Gouvernement pour convertir ses potentialités environnementales, énergétiques, géologiques, hydrologiques en utilités économiques au mieux des intérêts de la population, au mieux de l’amélioration des conditions de vie de nos populations. C’est véritablement beaucoup de responsabilités sur mes épaules et je tiens à vous rassurer de l’effort qui va être déployé pour exaucer ce vœu du Président de la République.

Aujourd’hui, les défis pour le FONAREDD sont immenses. C’est notamment le défi de la mobilisation des fonds ou de financement pour les projets. Est-ce que vous avez déjà un plan par rapport à cela ? Est-ce que vous avez pensé à des réformes pour mobiliser plus de financements?

Oui, exactement. Implémenter une politique d’atténuation et d’adaptation au changement climatique requiert énormément de moyens. Et si vous vous rappelez bien de la documentation économique, il a été dit, dans le rapport du Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement durable et du sommet, obtenu à Addis-Abeba sur le financement du développement durable, que les financements climatiques doivent être d’origine internationale, publique et privée et aussi d’origine interne, publique et privée. Le défi pour nous, c’est de bien identifier ces financements climatiques internationaux au travers de tous les canaux qui les gèrent, bien les identifier. Identifier les financements sous-régionaux, parce qu’au niveau des structures sous-régionales, les financements sont également prévus. Mais aussi les défis pour nous, c’est à l’échelle interne (nationale) à bien identifier ces financements publics et privés pour que l’effort d’implémenter toutes ces politiques d’atténuation et d’adaptation soit suffisamment rehaussé. Et vous êtes censés le savoir que notre pays est partie à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Un cadre institutionnel, un cadre légal et réglementaire qui organise les principaux secteurs porteurs de croissance économique. Au regard de ses potentialités forestières, géographiques, hydrologiques, agricoles, notre pays a mis en œuvre des lois sectorielles pour organiser ces différents secteurs, porteurs de croissance et ces différentes lois sectorielles portent en elles une parafiscalité en vertu du principe de précaution de prudence que nous, FONAREDD, nous sommes censés suffisamment identifier, faire rapport au Comité de pilotage pour que demain, ces potentialités-là soient aussi traînées dans cette portion nationale de lutte contre le changement climatique.

Vous avez été ministre de l’Environnement, vous retrouvez un secteur que vous maîtrisez certainement, avec une structure que vous connaissez ? Quelle sera votre approche pour qu’après vous, on puisse dire il y a quelqu’un qui est passé par ici et qui a apporté un vent de renouveau au FONAREDD ?

L’approche, c’est d’abord celle de mobiliser suffisamment les ressources internationales et nationales pour financer tout ce que nous avons comme effort d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique. L’approche, c’est aussi celle de faire du FONAREDD un véritable instrument financier à la disposition du Gouvernement. C’est en améliorant son ancrage politique et institutionnel, en développant des stratégies sectorielles avec les différentes parties prenantes, les partenaires de développement traditionnels du secteur privé, les ministères sectoriels, les entités administratives décentralisées, les composants de la Société civile, pour que, tous, nous puissions accompagner cet effort, allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie de populations au biais de mesures d’adaptation, au biais de missions d’atténuation ou plutôt faire de l’effort contre le changement climatique une opportunité de promotion économique et sociale de nos populations. L’approche, c’est aussi celle de faire du FONAREDD un instrument intégrateur de différents cadres programmatiques qui existent. Comme vous le savez, nous avons aussi ce que nous avons appelé la stratégie nationale REDD+. A côté du Programme national stratégique de développement, nous avons le Plan d’action du Gouvernement, des plans d’action sectoriels des ministères. Nous avons, dans le cadre de l’initiative pour la forêt de l’Afrique centrale, ce que nous appelons la CAFI, un cadre programmatique qui nous accompagne dans la gestion des secteurs moteurs de la croissance de la déforestation. Je tiens à compléter que, dans le cadre de l’effort de transparence au niveau des Nations Unies, au niveau de la Convention cadre des Nations Unies, chaque pays devait élaborer sa contribution nationale pour aller à cet effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette transformation-là, qui est aussi un autre cadre programmatique dans l’effort du FONAREDD, c’est d’arriver à intégrer ces différents cadres pour que nous puissions demain tirer les intelligences nécessaires afin que le Gouvernement, dans sa communication internationale, puisse avoir un langage cohérent et suffisamment défini.

Econews