Hypothèque sur Nairobi III

Coup sur coup, en l’espace d’un week-end, deux visiteurs de marque ont été reçus par le Président Tshisekedi. Le Chef de l’Etat angolais d’abord, arrivé de Kigali où il avait rencontré le président rwandais Paul Kagame. Ensuite, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, désigné médiateur de la communauté de l’Afrique de l’Est dans la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Autant João Lourenço que Uhuru Kenyatta qui n’ont pu fournir à l’opinion congolaise des preuves d’avancées dans leur quête de ramener…
la paix dans cette partie du pays en proie à une agression avérée de la part du Rwanda. Si l’Angolais Lourenço, mandaté par la Communauté internationale des pays des Grands Lacs (CIRGL) semble animé par une réelle volonté de voir son grand voisin recouvrer la stabilité au nom d’une solidarité d’intérêts communs, il n’en est pas de même de l’émissaire de l’EAC.
Alors Président du Kenya, il est l’initiateur de la force régionale appelée à épauler les FARDC dans leur traque des forces d’invasion du M23 venues du Rwanda. En déclarant à l’issue de sa visite à Kinshasa : «Mon mandat n’était pas de venir dicter des solutions aux Congolais, mais plutôt de faciliter les pourparlers entre eux»
Uhuru Kenyatta a plutôt botté en touche. Il n’a pas précisé si les Congolais appelés aux pourparlers de Nairobi III convoqués le 21 novembre dans la capitale du Kenya verront la participation des délégués du M23. Car c’est là l’enjeu majeur du 3ème round des négociations de Nairobi : amener à tout prix les autorités de Kinshasa à mettre de l’eau dans leur vin et à lever le pied – ne serait-ce que momentanément – sur le qualificatif infamant de «terroriste» accolé au M23.
En définitive, Nairobi III finira par accoucher d’une souris si elle ne reçoit que la constellation hétéroclite de Maï-Maï et de chefs de bandes criminelles qui écument l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Il est temps pour le gouvernement de capitaliser l’avantage gagné après les assauts aériens sur les positions ennemies. Et être en mesure d’amener le M23 à désarmer, sur le territoire congolais, et de rejoindre le processus DDRR. Car il est quasiment acquis que leur retraite vers le Rwanda leur sera définitivement coupée par le pouvoir rwandais obstiné à claironner que le M23 est une affaire congolo-congolaise.

Econews