Le Cardinal Ambongo tacle la «loi Tshiani» : «Un projet de loi sur la congolité, à la veille des élections, nous divise davantage plus qu’il nous unit…»

La proposition de loi, dite Tshiani, qui cherche à réserver la fonction présidentielle aux seuls Congolais nés de père et de mère d’origine, s’est invitée dans le massage de Pâques du l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo. A l’instar d’une frange importante de la population qui craint que cette proposition de loi ne brise l’élan de l’unité nationale et fragilise le vivre ensemble dans un pays déjà en proie à une instabilité permanente dans sa partie Est, le cardinal Ambongo a exprimé les mêmes réserves. Il est temps, rappelle le prélat, de se concentrer plus sur ce qui nous unit que ce qui pourrait nous divise : « En ce moment singulier de l’histoire de notre pays, nous avons un urgent besoin des gestes et des lois qui rapprochent, plus que des actes et des dispositions qui nous dressent les uns contre les autres (…) Dans un tel contexte, un projet de loi sur la congolité, à la veille des élections, nous divise davantage plus qu’il nous unit». Avant d’appeler à une prise de conscience collective : «Au lieu de nous focaliser sur l’examen d’une telle loi qui nous divise, nous ferions plutôt mieux de nous resserrer les coudes pour déceler le jeu funeste des ennemis de notre patrie avec leurs velléités de balkanisation de notre pays ». Message de Pâques de Fridolin Cardinal Ambongo.
Vous cherchez Jésus le crucifié ? Il est ressuscité. Il n’est pas ici, il est ressuscité (Cf. Mt 28, 5-6) 
Message de Pâques 2023
Mes chers Diocésaines et Diocésains, Chers Frères et Sœurs dans le Christ,

      1. Le Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité alléluia, alléluia, alléluia ! Telle est la Bonne nouvelle qui retentit au matin de Pâques. Oui, Jésus est sorti vainqueur du tombeau. Il a brisé la mort. Désormais, il vit à jamais. Des femmes inquiètes et angoissées, venues de bon matin chercher Jésus au tombeau, sont rassurées par les paroles de l’Ange « Soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il avait dit » (Mt 28, 5-6). Et nous voilà vivants avec lui. Dans la joie, rendons grâce à Dieu qui, en son Fils ressuscité, nous fait passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.

      1. Mais que peut bien signifier la Pâques du Seigneur dans le contexte crucial de l’histoire de notre pays et de notre peuple, pris aujourd’hui en étau entre conflits armés et violences interminables surtout dans sa partie orientale et dans le territoire de Kwamouth ? Que peut bien signifier la Pâques du Seigneur pour un peuple secoué par des incertitudes et des agitations sur le plan socio-politique ? Trois perspectives s’ouvrent à nous :
        a) La Pâques du Seigneur fait éclore de nouveau notre espérance à la vie pleine et épanouie, dans un Congo meilleur ou les populations jouissent de la liberté, la justice et la paix. En effet, notre pays possède d’énormes potentialités pour faire de nous des hommes et des femmes respectables et respectés au niveau mondial, si ses richesses sont gérées au profit de tous. La bonne gouvernance dont le pays a besoin pour que les Congolais vivent dignes pour la gloire de Dieu dépend aussi pour beaucoup de notre sens de responsabilité au moment de choisir nos dirigeants. En cette année électorale, j’invite chacun de vous à se préparer pour un vote responsable qui contribuera à l’avènement d’un Congo plus beau qu’avant.
        b) La Pâques du Seigneur nous réveille et nous retire aussi de nos tombeaux : Tombeaux de haine, de jalousie, de mensonge, de violences, de divisions, d’injures gratuites et de tribalisme dans lesquels nos cœurs s’enferment souvent. Ce qui se passe dans le territoire de Kwamouth depuis plus d’une année, et qui ressemble de plus en plus à un massacre des Teke, m’indigne profondément. Dans cet élan, j’exprime ma sollicitude pastorale à toutes les victimes de ces violences, aux fidèles chrétiens ainsi qu’aux communautés religieuses et sacerdotales du Doyenné Saint Eugène dans le Plateau des Bateke.
        c) La Pâques du Seigneur nous convie enfin à l’unité, à la communion fraternelle et à la réconciliation les uns avec les autres. En effet, c’est pour rassembler tous les enfants de Dieu en un seul troupeau que le Seigneur est mort et ressuscité. En conséquence, toute velléité et tout esprit de division, de stigmatisation et d’exclusion au sein de notre peuple sont à bannir.

      1. En ce moment singulier de l’histoire de notre pays, nous avons un urgent besoin des gestes et des lois qui rapprochent, plus que des actes et des dispositions qui nous dressent les uns contre les autres. Voilà pourquoi j’interpelle la conscience et la responsabilité de tout un chacun pour que notre agir et nos décisions ne nous fragilisent pas de l’intérieur, ni ne nous affaiblissent au profit de l’ennemi. Dans un tel contexte, un projet de loi sur la congolité, à la veille des élections, nous divise davantage plus qu’il nous unit. Au lieu de nous focaliser sur l’examen d’une telle loi qui nous divise, nous ferions plutôt mieux de nous resserrer les coudes pour déceler le jeu funeste des ennemis de notre patrie avec leurs velléités de balkanisation de notre pays. Aussi, il est temps que nous travaillions à réconcilier les cœurs des Fils et des Filles de notre pays, suivant le message du Saint-Père François lors de son mémorable voyage apostolique en RD Congo :Tous réconciliés en Jésus Christ.

      1. Par ailleurs, la Résurrection du Seigneur est un évènement heureux. Dans cette joie pascale, je vous annonce la bonne nouvelle de la reprise du projet de construction d’une Basilique sur notre site de Sendwe. Confiant en la grâce de la résurrection, j’invite tous les fidèles chrétiens ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté à porter ce projet dans la prière et à s’impliquer généreusement pour faire de ce rêve une réalité. Une commission ad hoc est déjà à l’ouvrage pour l’examen des aspects techniques préliminaires à la matérialisation dudit projet. Elle nous présentera le moment venu ses conclusions.

      1. Puisse l’éclat du Seigneur ressuscité illuminer les ténèbres de nos vies et éclairer le chemin du peuple congolais en quête de vraie liberté. De grand cœur, je vous accorde ma bénédiction apostolique.
        Joyeuses Pâques !
        Fridolin Cardinal Ambongo
        Archevêque métropolitain de Kinshasa

    Vœux de Pâques 2023 de la CENCO

    Chers frères et sœurs dans le Christ,

    Alléluia ! Réjouissons-nous, célébrons, rendons grâce à Dieu en ce jour de Pâques car le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité.

    L’extrait de l’évangile que l’Eglise nous a proposé aujourd’hui nous révèle que la fête de la Résurrection du Christ est pour nous chrétiens, une invitation à la course vers la plénitude de la vie.

    La course  vers le tombeau initié par Marie Madeleine, le grand  matin de Pâques, à la recherche de Jésus crucifié et enterré, s’est soldée par le mystère de la Résurrection. Cette course passionnée a été contagieuse. Elle a affecté Pierre et Jean, deux colonnes de l’Eglise. L’Eglise officielle a été ainsi mise en branle par cette femme de foi que la tradition chrétienne a nommé « le treizième Apôtre ». Au bout de la course c’est la vie qu’ils ont trouvée. La pierre qui retenait la vie a été roulée de côté. La vie qui était captive de la mort a été libérée de ses entraves. Le Maître de la vie qui était mort est maintenant  vivant et son règne n’aura pas de fin.  Alléluia !

    Chers frères et sœurs, la résurrection du Seigneur nous concerne dans la mesure où elle ouvre l’espérance en notre propre résurrection. Malheureusement, chez nous en RDC, cette espérance est mise à l’épreuve par la situation tragique dans laquelle se trouve  notre pays où le spectre de la mort s’installe de façon durable depuis quelques décennies. Considérant le fait que la résurrection de Jésus est la réalisation d’une promesse longtemps attendue, d’aucuns se demandent si Dieu a oublié sa fidélité envers la RDC.

    Loin de là ! La Pâques est effectivement semence de vie, la résurrection du Seigneur renferme la promesse d’un monde nouveau. Cependant cette promesse ne doit pas nous faire oublier combien est exigeante notre foi au Christ. Dans nos peurs, nos doutes, dans les souffrances et les tracasseries qui nous immergent, le Christ vient nous joindre en ce jour de Pâques pour nous dire qu’il est là, vivant. Celui qui croit en Lui, même s’il meurt vivra. 

    A nous de jouer notre partition. C’est à chacun de nous  de mourir dans le péché et de se laisser couvrir par la grâce de la résurrection. A l’instar de Marie Madeleine, de Pierre et de Jean, aujourd’hui nos tombeaux peuvent devenir des lieux de la rencontre avec le Christ ressuscité si nous nous ouvrons à Lui.

    C’est notre tour de courir c’est-à-dire de nous affermir dans la foi, l’espérance et la charité. Devenons des hommes nouveaux et le Christ Ressuscité habitera en nous. 

    La RDC, ce pays abondamment servi par le créateur  pour que ses filles et fils vivent dignement, sortira de son état grabataire actuel si et seulement si ceux qui le gouvernent le font dans la crainte de Dieu en ne visant que le bien de tous et non les intérêts personnels. 

    En cette année électorale, la responsabilité de chacun de nous est engagée pour faire des choix judicieux, objectifs, des personnes capables de former des coalitions non pas des prédateurs, mais des hommes prêts à se sacrifier pour servir Dieu en servant le prochain. 

    Que la lumière du Christ ressuscité éclaire chacun de nous, gouvernants et gouvernés pour que nous courions tous dans la bonne direction, celle de la vie en abondance avec le Christ ressuscité.

    Joyeuses Pâques.

    Kinshasa, le 9 avril 2023

    Mgr Donatien NSHOLE

    Secrétaire Général de la CENCO