Rareté du carburant à la pompe : le Gouvernement rassure, SEP Congo maintient le suspense

Les Kinois en particulier, et les Congolais, en général, devront encore prendre leur mal en patience, avant le retour au calme sur le marché du carburant. Si le Gouvernement via le ministre des Hydrocarbures a lancé un appel à l’apaisement, les nouvelles en provenance de SEP Congo, experte en logistique pétrolière, ne sont pas de nature à ramener le calme de sitôt. Dans une correspondance qu’elle a adressée, le 5 septembre 2022, au ministre des Hydrocarbures, SEP CONGO fait état d’un assèchement des stocks des produits pétroliers destinés au marché. Si SEP Congo prévoit un retour au calme pour le gasoil et le Jet A1, respectivement à partir du 13 septembre et 12 septembre, l’entreprise ne cache pas ses inquiétudes pour l’essence où les premières livraisons dans le circuit de distribution de Kinshasa « ne pourra intervenir que le 24 septembre 2022 », soit dans deux semaines. On est donc parti pour une longue période d’attente, malgré toutes les assurances du Gouvernement.
A Kinshasa, les automobilistes continuent à vivre le calvaire pour s’approvisionner en produits pétroliers. Dans les stations-services, le spectacle est désolant, marqué par de longues files de véhicules qui attendent d’être approvisionner par un carburant devenu plus que jamais hypothétique.
Si le stock en gasoil peut encore supporter le poids de la demande, la pénurie est plus criante en ce qui concerne l’essence.
Dans un communiqué du 6 septembre 2022, le ministère des Hydrocarbures a tenté de jouer la carte de l’apaisement.
«Il s’observe depuis lundi 5 septembre 2023 à Kinshasa, de longues files d’attente des véhicules pour se ravitailler en carburant dans les stations-services. Au regard de cet état de fait, le ministère des Hydrocarbures, tient à informer la population congolaise en général et kinoise en particulier, que cette situation fait suite à la baisse sensible de stocks en essence. D’ordinaire, la capitale consomme plus ou moins 1.100 m3/jour et à la suite à cette décrue, un plan de contingentement est appliqué pour assurer la ville en essence essentiellement », indiquait le ministre.
Pour contourner cette difficulté, le ministre annonçait que « dans le souci d’éviter la rupture totale, le gouvernement, en concertation avec les entreprises opérant dans le domaine, s’est résolu à appliquer le plan de contingentement, en vue de faire baisser de 1100 m³ à 660 m³/jour la consommation en essence dans la ville rien que pour l’essence ainsi que le Jet » A1, kérosène pour aéronef.
En ce qui concerne le Jet, le ministre fait remarquer que « le navire assurant le ravitaillement est à quai de Banana réceptionné par Socir depuis samedi 3 septembre. La cargaison devra remonter à Ango-Ango, aux environs de Matadi pour son acheminement vers Kinshasa : ce qui devrait prendre une semaine. En revanche, pour l’essence, le bateau est attendu le 14 septembre courant. Pendant ce temps, le gouvernement s’apprête à payer le manque à gagner des sociétés pétrolières pour leur permettre de s’approvisionner ».
Par conséquent, le ministre des Hydrocarbures appelait la population «au calme», tout en la rassurant «du contrôle de la situation pour qu’elle redevienne à la normale ».
Parallèlement, le ministère annonçait avoir actionné un «plan de contingentement » dans les stations-service avec la limitation du volume en litre par véhicule, soit 30 litres de carburant pour les Jeeps et 20 litres pour les voitures, afin de « permettre la gestion transitoire de cette période passagère de la baisse de stock d’essence en attendant bien évidemment le ravitaillement escompté ».

Le pire est devant nous
En recoupant le communiqué du ministère des Hydrocarbures, on se rend bien compte que la décision du Gouvernement a été entièrement motivé par des éléments d’informations contenues dans le correspondance du septembre, reçue de SEP Congo.
En effet, selon SEP Congo, on est encore loin de sortir de la zone de turbulences, au regard des stocks disponibles au 5 septembre et du planning des réceptions des produits pétroliers. Les nouvelles sont plutôt alarmantes en ce qui concerne spécialement l’essence.
Selon les projections de SEP Congo, le premier tanker transportant de l’essence est attendu à Banana le 17 septembre 2022. Selon l’entreprise, la mise en consommation de ce lot à Kinshasa «ne pourra intervenir que le 24 septembre 2022».
C’est sur la filière gasoil que les nouvelles de SEP sont quelque peu rassurantes. Pour le cas spécifique du gasoil, SEP prévoit d’approvisionner déjà le marché de Kinshasa entre les 11 et 12 septembre prochains, alors que la mise en consommation de Jet A1 à Kinshasa HRS N’Djili est programmée le 13 septembre 2022.
Tout compte fait, Kinshasa doit encore subir une semaine de calvaire avant le retour à l’accalmie. Comment en est-on arrivé là ? Au Gouvernement, on explique cette situation de pénurie des produits pétroliers par la guerre en Ukraine qui a sérieusement impacté les circuits d’approvisionnement en produits pétroliers. Une hypothèse que ne partagent pas les professionnels du secteur pétrolier qui pointent du doigt le grand retard qu’accumule le Gouvernement dans le paiement du manque à gagner dû à la réglementation du prix du carburant à la pompe.
Quoi qu’il en soit, à Kinshasa et dans les environs de la capitale congolais, les automobilistes doivent encore supporter une semaine de tortures de tous genres, obligés de faire la queue pour obtenir un carburant plus que jamais hypothétique.

Tighana M.

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